Je me sens comme un enfant dans un magasin de confiseries. Je vais partager une chambre avec elle. Ce n'était pas prévu, bien sûr, mais j'ai pris l'occasion au vol. À la cour du palais, trainer autant avec une lady aurait pu emmener des commérages qui auraient altéré notre condition de vie, alors qu'ici ça passera complètement inaperçu. Les soldats se moquent que je passe une journée seule avec elle, ils ont des choses bien plus importantes à se préoccuper. Et ils ne sont pas fans des rumeurs comme le sont les nobles.
Bref, je serais idiot de ne pas profiter de cette occasion en or pour me rapprocher d'Annita.
Avant d'entrer dans la chambre de la tour principale de la forteresse, Hector m'a lancé un regard d'avertissement, auquel j'ai répondu par un simple haussement d'épaules. Mais lui comme moi savons qu'il ne m'interdira jamais de faire quoi que ce soit avec elle. Il tient simplement à me rappeler la raison pour laquelle je me trouve ici. Impossible que je l'oublie.
La chambre est simple ; il ne fallait pas s'attendre au grand luxe, malgré mon statut. Il y a un lit qui nous contient à peine elle et moi, deux tables de chevet, une armoire et une petite salle attenante pour se nettoyer. C'est peu, mais suffisant. Personne ne dort ici pour prendre des vacances bien méritées. Au contraire.
Annita, elle, est immobile au milieu de la pièce et se tient debout, semblant se demander quelle est la prochaine étape. Avec un sourire, je pose mes affaires sur le sol avant de la prendre dans mes bras. Je la serre si fort que je lui coupe la respiration – et je n'ai aucun remords. Il ne suffit que de quelques secondes pour que je me sente bien.
— Lâche, lâche-moi, dit-elle après quelques instants en essayant de me repousser gentiment.
— Pourquoi je le ferais ? réponds-je avec un ricanement.
Elle lâche un autre rire et se détend, se laissant aller à l'étreinte. Je dépose mon menton sur sa tête et nous restons quelques minutées ainsi, dans un silence qui me fait du bien. Après une éternité, je lâche un faible :
— Je suis désolé.
— Pour quoi ? marmonne-t-elle contre ma chemise, ce qui se résume en quelques syllabes étouffées que je parviens difficilement à décrypter.
— Pour ce que je t'ai dit, le jour avant mon départ. Je ne le pensais pas.
Elle ne répond rien, comme si elle sentait que j'avais d'autres choses à dire. En effet, j'ai beaucoup de réflexions que j'aimerais lui partager. Il faut qu'elle comprenne comment je me sens, comment je regrette toutes les paroles odieuses que je lui ai lancées à la figure.
— Je n'ai jamais ressenti de telles choses pour quelqu'un, et encore moins aussi vite, ça m'a fait peur. Je me suis vite attaché à toi et l'idée que je te fasse vivre quelques aspects de ma vie m'a terrifié. Parce que ce n'est pas la meilleure des vies. Mais j'aurais dû comprendre que tu es terriblement forte et que si tu as été capable de passer au travers de toutes les épreuves, tu es capable de faire le choix par toi-même.
Elle recule un peu la tête, juste assez pour que nos regards se croisent. Une étincelle y brille.
— Je ne te mentirai pas : ça m'a fait mal, répond-elle, la voix rauque. C'était la première fois que mes rapprochements avec un homme n'étaient pas forcés...
L'inquiétude monte vite en moi, brûlant ma politesse et mon sourire. Mon cœur s'emballe.
— Comment ça, forcés ?
Elle se rend compte des mots qu'elle a prononcés et devient tout à coup peu à l'aise. Elle détourne le regard.
— Eh bien, pour des missions, j'ai dû...
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La Tueuse de Princes
FantasyAnnita est une tueuse de l'Ombre, un ordre d'assassins aussi sombre qu'ancien. Lorsqu'on lui demande d'éliminer le prince du royaume de Polaris, adoré par son peuple, elle déménage au palais et se fait passer pour une domestique. Mais la jeune femme...