Mes paupières papillonnent, mon cerveau surchauffe, mes yeux regardent l'homme qui me tient dans ses bras. Wellan. Si près de lui, je me sens bien. Malgré le fait que j'aie de la difficulté à émerger du brouillard, je ne voudrais être nulle part ailleurs.
Tout me revient d'un coup. La mission, les cloches, la révélation, les combats près de ses appartements, la blessure, le manque d'air, puis le noir complet. Mais pourquoi me trouvé-je ici et non à l'infirmerie ou dans mon dortoir ?
Mes pensées se bousculent, je ne parviens pas à déterminer la plus importante. Je me tais brusquement, de peur de donner des informations compromettantes à Wellan. Je me contente de tenter de faire le ménage dans mon esprit confus, et ça ne s'annonce pas gagnant. J'ai la tête en surchauffe.
Mais il me regarde comme s'il attendait que je lui réponde. Alors je change de sujet, mes yeux observant la pièce dans laquelle nous nous trouvons.
— Pourquoi une chambre juste à moi ?
Même si je ne le vois pas totalement, puisqu'il se situe à mon côté droit, je sais qu'il ac fameux petit sourire que je déteste j'adore aux lèvres. Cette fois, je n'ai pas envie de l'effacer.
— Tu m'as protégé, tu mérites bien un endroit juste à toi.
C'est ce qu'il me fallait pour émerger totalement du brouillard dans lequel je flottais. Je fronce les sourcils.
— Tu n'étais même pas là, comment peux-tu le savoir ? Et je n'ai rien fait de particulier...
Toutefois, Wellan ne l'entend pas de la même oreille.
— Tu aurais pu fuir devant le danger, me chuchote-t-il de sa voix grave et réconfortante. Tu aurais pu reculer et aller te réfugier comme les autres, pourtant lorsque tu as vu ces intrus, tu as décidé d'agir sans te préoccuper du reste. Et pour cela, tu as ma plus grande gratitude.
Il sait que je les ai tués. Il sait probablement que plusieurs armes se trouvent sur moi...
Soudain prise de panique, je descends les yeux sur ma tunique – qui a été changée. Sans me préoccuper du prince à mes côtés, je palpe mes cachettes et constate qu'affectivement je n'ai plus mes couteaux sur moi. L'inquiétude monte en flèche dans mon esprit déjà éprouvé par les dernières heures.
Wellan, lui, rit.
— Ah oui, ça. C'est très dangereux de se promener dans un palais avec des poignards cachés un peu partout sous tes vêtements, mademoiselle Annita...
Je frissonne. J'ai peur. Je ne sais pas quoi faire. J'ai encore la tête en vrac et ma gorge me fait souffrir. Comment ai-je pu laisser ce mécréant me dominer ?
— Ne t'inquiète pas, je les ai placés juste là, tente de me rassurer Wellan, un sourire dans la voix.
Et il indique une armoire en bois, plus loin dans la chambre. Cette vision n'apaise pas mon cœur paniqué.
— Je les ai mis là, en sécurité, mais surtout loin de moi, parce que je ne veux pas être poignardé pendant qu'on discute.
Je plisse les yeux.
— Fais un peu plus attention, Annita. Je ne pense pas que les autres soient ravis que tu te...
Je me défais à contrecœur de son étreinte, ne comprenant pas ce qui se passe. Le prince a compris que j'ai tué de sang-froid trois hommes plus grands et forts que moi et que je me promène avec un arsenal de tueuse et... il ne fait rien ? Il ne soupçonne pas que, moi aussi, je suis destinée à l'assassiner ? Et il m'offre encore son foutu sourire ? C'est lui qui va me tuer.
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La Tueuse de Princes
FantasyAnnita est une tueuse de l'Ombre, un ordre d'assassins aussi sombre qu'ancien. Lorsqu'on lui demande d'éliminer le prince du royaume de Polaris, adoré par son peuple, elle déménage au palais et se fait passer pour une domestique. Mais la jeune femme...