Plus que détails à régler et Annita sera enfin courtisane. Je n'en reviens toujours pas d'être en mesure d'élever une domestique à un statut aussi élevé. Lorsqu'on est prince, on peut tout faire en quelques minutes ; il m'a suffi de trouver quelques nobles qui me devaient un service et des haut-placés impressionnés par mon statut. Désormais, Annita aura accès aux meilleures robes, aux meilleurs couturiers, et à tous les services qu'elle désire. Plus jamais on ne la prendra de haut, plus jamais on ne la touchera sans son consentement. J'en fais mon serment.
Alors que je marche en direction de la salle du trône, je suis arrêté par Hector, que je n'avais pas aperçu. Parti pendant quelques jours je ne sais où, c'est la première fois que je le croise depuis son retour. L'homme aux cheveux grisonnants jusqu'aux épaules et au sourire brillant est toujours de bonne humeur. Je me suis souvent demandé comment un militaire en charge de l'armée peut avoir une attitude aussi avenante et, pourtant, il est certainement le plus efficace ici. Je l'ai vu tuer plus d'ennemis que personne, sans qu'il ne soit dépossédé de son humanité. Il a sauvé des femmes, hommes, enfants, motivé avant tout par l'amour de son peuple.
— Hector ! le salué-je, ravi de le revoir.
Il me fait une accolade comme un père à son fils. Voilà longtemps qu'il n'y a plus de hiérarchie entre nous.
— Wellan, comment vas-tu ?
— Je vais bien.
Toutefois, Hector ne gobe pas ma demi-vérité. Il sait mieux que quiconque quand je lui cache quelque chose, mais surtout, il a des oreilles partout. C'est l'homme de confiance du palais, celui à qui tout le monde se confie sans crainte.
— J'ai entendu dire que tu avais été dur avec le Conseil... laisse-t-il échapper, un petit sourire aux lèvres.
Je me passe une main sur la nuque. Même si parler avec lui me permet souvent de m'échapper de ma réalité, je n'ai pas particulièrement envie de parler de ce sujet aujourd'hui.
— C'est le moins qu'on puisse dire. Hector, les Mélènes nous ont attaqués ouvertement depuis la première fois depuis des années. Ils se sont infiltrés dans le port, ont fait diversion et ont tenté de m'assassiner ! On ne peut pas rester des journées entières à discuter de choses sans importance au Conseil, il faut agir !
Hector ne laisse rien paraitre sur son visage, comme toujours. Présent depuis une éternité à la cour, il a appris à cacher ses véritables émotions, afin de mieux servir la Couronne.
— Autant je suis d'accord avec toi, Wellan, autant on ne peut rien faire en ce moment. Comme tu l'as souligné l'autre jour, on ne peut pas les attaquer en retour ; on ne ferait que relancer le conflit qui dure depuis des siècles. On doit changer de tactique.
Un soupir m'échappe.
— Je sais, on doit briser la roue... mais on ne peut pas demander un sommet sur la paix, ils risquent d'en profiter pour nous assassiner. Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On reste là, bien cachés dans notre forteresse, sans agir, pendant que notre peuple se fait massacrer ? Je ne peux pas laisser ça passer, Hector. Les habitants d'Astha ont trop souffert.
Il pose une main qui se veut réconfortante sur mon épaule. L'homme qui est presque un père pour moi a toujours su me rassurer, mais ces temps-ci sont si troublés que personne ne se trouve en mesure de m'aider à retrouver mon calme.
— Je sais que tu ne resteras jamais enfermé dans le palais alors que des innocents meurent à l'extérieur, mais rassure-toi, pour le moment, il n'y a pas de menace imminente. Cette semaine, le roi m'a envoyé près de la frontière pour y placer une ligne renforcée de soldats. Une troupe entière a été attribuée à la défense des endroits les plus vulnérables d'Astha pour éviter une nouvelle attaque.
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La Tueuse de Princes
FantasyAnnita est une tueuse de l'Ombre, un ordre d'assassins aussi sombre qu'ancien. Lorsqu'on lui demande d'éliminer le prince du royaume de Polaris, adoré par son peuple, elle déménage au palais et se fait passer pour une domestique. Mais la jeune femme...