La Tueuse de Princes

39. Annita

Bordel que j'ai mal. Tout mon corps brûle, rejette l'eau que je viens de boire. Ma vision se brouille. Mon cœur bat à tout rompre, j'ai du mal à reprendre mon souffle. Tout ce que je sais, c'est que j'ai putain de mal. Puis j'aperçois du rouge et je comprends.

On m'a empoisonnée.

Mais alors que la porte s'ouvre et que quelqu'un entre dans la chambre, j'ai la tête en vrac, je ne parviens pas à réfléchir correctement. Mes pensées ont disparu. Mon instinct de survie prend le pas sur la raison.

Je tente de survivre, pourtant je n'arrive pas à trouver cet air qui me manque, me fuit cruellement.

Une voix me parle, on m'incite à vomir. Je ne fais rien, je laisse mon corps rejeter par lui-même l'intrus. Mes yeux brûlent, ma gorge est en feu, des larmes coulent sur mes joues. Puis la fontaine de bile rougeâtre s'arrête. Mais pas la douleur.

Je suis toujours pliée en deux, tentant de reprendre le contrôle sur mon corps. Mais il semble m'échapper. Il ne veut pas de moi.

J'ai mal, j'ai mal, j'ai mal.

Je ne veux pas mourir.

Et l'obscurité s'empare de moi.

Ils m'ont retrouvée.

C'est la première pensée qui me vient à l'esprit lorsque je me réveille, la tête toujours en vrac, mais les idées bien claires. Je reconnais aussitôt la douleur qui s'est emparée de moi, cette sensation de se vider de ses entrailles.

La communauté des Tueurs de l'Ombre m'a finalement retrouvée et a essayé de m'éliminer.

Avec un simple verre d'eau.

Avec un grognement, je tente de me redresser, mais des bras m'en empêchent. Wellan. Il se tient près de moi, inquiet, et m'incite à me recoucher pour me reposer et prendre des forces. Toutefois, je n'ai pas envie de m'abandonner à cette douleur qui me compresse le corps, elle est moins présente mais toujours là.

Je dois agir. Les Tueurs de l'Ombre m'ont trouvée. Si l'un d'eux est encore sur le site, il se cache probablement en attendant d'avoir la confirmation que je suis morte. Je ne peux rester là.

— Annita, insiste Wellan d'une voix plus sévère, tu dois reprendre des forces. Tu es considérablement affaiblie et tu n'arriverais à rien dans cet état.

Je me mords la lèvre et secoue la tête. Je ne suis pas faible. Je ne l'ai jamais été.

— Non... je dois...

Je me redresse de nouveau avec difficulté, pour être arrêtée une second fois par Wellan. Son expression se fait plus sévère.

— Annita, je suis sérieux, tu dois rester au lit. C'est dangereux pour toi.

Je ferme les yeux, exaspérée. Ne comprend-il pas que lui aussi est en danger ? Que ces assassins n'arrêteront pas avant que nous soyons tous les deux enterrés six pieds sous terre ?

Non, bien sûr, il ne sait pas qu'il a été visé par un contrat, que les Tueurs de l'Ombre vont le tuer parce que tu n'as pas pu le faire, Annita. Tout ça, c'est à cause de toi et personne d'autre.

Je ne compte pas l'abandonner.

— Ils vont... revenir, insisté-je en tentant de reprendre mes forces.

Wellan fronce les sourcils. Sa curiosité a été piquée.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? Qui va revenir ?

Mon souffle me revient peu à peu. C'est lorsque je me sens mieux que je lâche :

— C'est ma communauté... ils sont venus me tuer... ils vont recommencer.