J'aimerais dire que je suis désolé, que je n'aurais pas dû le faire, mais je me sens si bien en ce moment que je me demande ce qui m'a pris de le rejeter au premier abord. Voulais-je vraiment la protéger ou me protéger, moi ?
Même si les derniers jours n'ont pas été de tout repos pour nous deux, hier soir nous nous sommes retrouvés d'une façon spectaculaire, et je ne le regrette pour rien au monde. Oui, Annita m'a raconté des demi-vérités et, s'il y a toujours un petit doute dans mon esprit, je suis prêt à lui accorder ma confiance. Parce que je sais lire les gens
Et qu'elle m'a toujours inspiré confiance.
Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve – ni même le futur très proche – , mais je sais que j'ai eu tort : cette vie ne lui fera pas peur. Elle a affronté beaucoup plus difficile. Peut-être qu'elle ne voudra pas le vivre, et c'est correct, nous verrons ensemble. Toutefois, au fond de moi, c'est clair : je veux essayer.
Lorsque je la regarde, allongée à côté de moi, toujours endormie, je me dis que j'ai peut-être enfin trouvé ma personne, qu'à deux nous pourrions tout faire. Aucune autre femme ne m'a fait sentir aussi bien en aussi peu de temps. Même si elle m'a caché des trucs, elle ne pouvait tout simplement pas me révéler sa véritable identité. Je suis mal placé pour la juger alors que moi-même je traine des secrets que je n'ai révélés à personne.
Alors qu'elle bouge dans son sommeil, je souris. Même endormie, elle ne semble pas fragile, vulnérable. Elle est forte, déterminée, et avec elle à mes côtés je me sens capable d'aller faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que le conflit effectue un tournant et prenne fin le plus vite possible.
J'ai tout oublié l'espace d'une nuit. Désormais, il est temps de se remettre au travail. Avec un soupir qui me fend l'âme, je saisis mes vêtements du jour et m'habille, le regard toujours fixé sur elle. En ce moment, je n'au tout sauf envie de parler au général responsable du campement, qui m'a semblé plus bête que ses pieds, mais il est le plus haut gradé en ces lieux et donc celui qui aura les informations les plus importantes à me transmettre.
Et en plus, j'ai promis à Hector d'agir de façon civilisée aujourd'hui. C'est donc en me redressant et en gardant le dos bien droit que je sors de la tente. Je me suis vêtu avec mes habits de soldat. Je veux montrer aux combattants que je ne suis pas ici en tant que membre de la royauté, mais en tant qu'homme qui s'engage dans le conflit. Je suis comme eux. Mon épée pend à ma ceinture et c'est avec elle que je veux libérer le peuple d'Astha, pas avec des ordres lancés depuis mon trône bien confortable, en sécurité.
À l'extérieur, le soleil vient à peine de se lever, et la pénombre persiste un peu encore, ne voulant pas céder la place à la journée. Si hier il faisait une chaleur d'enfer, en ce matin, le vent est froid et mordant. Je regrette un instant la température de ma tente et de la femme à mes côtés.
Hector m'attend d'ailleurs devant l'ouverture. Un sourire coquin s'élève sur ses lèvres lorsqu'il me fait un petit signe de la tête.
— Je serais bien entré pour te réveiller, mais j'ai entendu dire que tu avais de la compagnie féminine.
Je hoche la tête et me passe une main gênée derrière la nuque. Hector est mon confident, celui avec qui je parle de tout, mais je ne sais pas ce que je dois partager avec lui ou pas. Pourrait-il apporter certaines informations à mon père ? Je ne veux surtout pas briser la confiance d'Annita, surtout après les derniers jours mouvementés que nous avons vécus.
— Ne m'en dis pas plus, Wellan, m'assure-t-il avec un petit rire et une tape amicale sur l'épaule. J'ai été jeune moi aussi. Promets-moi seulement que tu sais ce que tu fais et que tu ne mets pas le royaume en péril. C'est tout ce qui compte.
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La Tueuse de Princes
FantasyAnnita est une tueuse de l'Ombre, un ordre d'assassins aussi sombre qu'ancien. Lorsqu'on lui demande d'éliminer le prince du royaume de Polaris, adoré par son peuple, elle déménage au palais et se fait passer pour une domestique. Mais la jeune femme...