24. Wellan

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Je relâche tout ce que j'ai retenu depuis des jours et des jours, tout ce que j'ai voulu taire.

Je l'embrasse.

Je l'embrasse parce que j'en ai envie depuis toujours. Parce que dès que je l'ai vue pour la première fois dans ce palais froid, j'ai eu envie de faire. Elle est magnifique, une étoile dans un monde de laideur. Et peu m'importe qu'elle ne soit pas la plus féminine. Pour moi, elle est la plus belle.

Je ne veux pas d'une autre courtisane, je la veux, elle. Et c'est pourquoi j'ai fait d'elle une noble.

J'enfouis mes mains dans ses longs cheveux blonds, approfondis le baiser, tandis qu'elle s'accroche à moi comme si elle avait besoin de moi pour respirer. Je la tiens près de moi, sens son corps contre le mien

Pendant des jours et des jours, j'ai essayé de penser à elle comme à une simple domestique, mais je n'ai pas reçu à le faire. J'ai repoussé la vision d'elle à maintes reprises, persuadé que je finirais par l'oublier. Chaque matin, en ouvrant les yeux, j'avais son image imprimée sur la rétine.

Tout ce que je veux, c'est être avec elle. Tout le temps.

Je l'ai nommée courtisane alors que je la connais à peine, putain.

Et pourtant, je ne regrette rien

Je respire à peine parce que je veux la respirer elle, je veux goûter à ses lèvres rosées. Et elle répond avec ardeur, tout en posant ses fortes mains sur mon torse.

Ayant du mal à contrôler ma faim d'elle, je la pousse avec douceur contre le mur le plus près, puis la lève pour qu'on soit à la même hauteur. Nos lèvres ne tardent pas à se retrouver. Je l'embrasse comme un marin retrouvant sa bien-aimée après des mois de voyage. Je l'embrasse comme si j'avais peur de la perdre.

Après une éternité, elle se recule un peu pour reprendre son souffle, les yeux bleus étincelant, la bouche gonflée de passion. Elle ne fuit pas, ne se recroqueville, et je vois là la véritable Annita. Une femme forte, qui prend ce qu'elle veut et ne craint pas les conséquences.

Son sourire me donne envie de lui arracher ses vêtements.

— On dirait que tu attendais ça depuis longtemps, murmure-t-elle contre mes lèvres.

— Pas toi ?

Je souris.

Ça me fait mal. Tout ce que je désire, c'est sa bouche à nouveau sur la mienne, le contact de sa peau contre la mienne. Son corps collé contre moi me fait de l'effet. J'ai envie d'elle. Comme si le baiser avait ouvert une voie qu'on ne peut plus ignorer.

— Oui, avoue-t-elle d'une petite voix.

Et elle s'approche de nouveau. Nous entrelaçons nos langues dans un concert d'harmonie et de passion. Je l'embrasse, la goûte, explore ses moindres recoins à l'aide de mes mains curieuses.

Des frissons le long de ma colonne vertébrale, la peau couverte de chair de poule, le corps en ébullition.

Et surtout, l'âme euphorique.

Mes dieux, que je suis heureux.

Je n'avais pas prévu de céder aussi rapidement – ou même de céder tout simplement –, mais alors que je l'ai dans mes bras, alors que nous fusionnions, je me maudits de ne pas l'avoir fait plus tôt. Elle goûte les fleurs au printemps, son corps se moule à la perfection au mien, et je n'ai plus qu'une envie : la faire mienne.

Cependant, je suis le prince héritier, et j'ai des responsabilités.

À contrecœur, le cœur brisé, je me détache d'elle.

La Tueuse de PrincesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant