— Je me moque que tu sois ma mère, la reine ou une déesse, grondé-je, la main sur mon épée. Si tu touches à un seul cheveu d'Annita, je te tranche la main
J'avance vers ma mère d'un pas franc, ne m'arrêtant pas à la vision qui se déroule devant mes yeux. Lorsque je vois la reine, la personne qui m'a donné la vie et pourtant m'a tout enlevé, se positionner au-dessus d'Annita, je panique. La colère monte en moi. Des images d'un passé que j'aimerais tant oublier surgissent dans mon esprit confus. Je revois toutes ces fois où ses amis ont posé la main sur moi, ont siphonné une partie de mon âme.
— Wellan !
Elle est surprise de me voir.
Bien sûr, elle ne s'attendait pas à ce que je découvre le pot aux roses. Mais la reine n'a jamais été douée pour apprendre à connaitre ses fils, pour savoir qui ils sont.
Elle aurait dû savoir que je m'inquiéterais pour Annita, que j'irais la voir, que je constaterais qu'elle n'est plus là.
— Tu ne devrais pas te mettre dans de tels états pour cette vermine, reprend-elle, une fois la surprise passée. C'est une tueuse, qui a été envoyée pour te tuer.
— C'était une tueuse, la corrigé-je.
Lorsque je les atteins, je me place entre les deux femmes, empêchant la reine de détruire Annita comme elle l'a fait avec moi.
Elle se contente de rire, comme si je lui avais raconté la plus grande plaisanterie du siècle.
— Ces gens-là n'arrêtent jamais de tuer, Wellan.
Le sourire qu'elle arbore ne me plait pas. Elle me fait penser à un serpent sur le point d'étouffer sa proie.
Et elle a un don, maintenant. Mon pouvoir. Elle connait tous mes secrets sans même me toucher. Les mots ont toujours été son arme de prédilection.
Je dois l'empêcher de continuer à parler.
— Je ne te laisserai plus dicter ma vie. Je ne laisserai plus la peur guider mes gestes.
— La peur ? répéte-t-elle avec un petit rire. Tu ne connais rien de la peur.
Et sur ce, elle fait un petit signe aux gardes présents dans la salle du trône, qui sortent de la pénombre.
Il y a toujours eu des soldats qui lui étaient fidèles au palais, mais je n'ai jamais compris pourquoi. Maintenant que j'ai entendu les affreuses révélations qu'a prononcées la reine, tout me semble plus clair. Ils lui sont loyaux parce qu'ils sont Mélènes.
Avec un déglutissement, je jette un coup d'œil à Annita. Elle est loin d'être une femme sans défense – son pouvoir est puissant, elle a des poignards cachés sous sa robe –, pourtant je ne suis pas dupe : nous sommes en infériorité numérique.
Avec un sourire, presque étrange dans un tel contexte, Annita hoche la tête. Puis un air féroce s'affiche sur son visage. Elle utilisera son don : elle n'a pas l'intention de laisser la reine en vie.
Et sur le moment, cette perspective ne m'effraie aucunement.
Je tire mon épée de son fourreau et, en un éclair, mes ennemis sont sur moi.
— Wellan, je ne te veux aucun mal, susurre la reine de sa voix de sorcière. Je ne veux que te protéger.
Je l'ignore, comme j'ai appris à le faire.
Trois soldats se jettent sur moi en même temps, peu effrayés par la perspective de se battre avec un homme qui leur est supérieur au niveau du maniement de l'épée. Je désarme facilement le premier avant de rentrer mon épée dans son ventre mal protégé, égorge le deuxième. Le troisième me donne davantage de fil à retordre. Il se combat mieux que ses confrères, mais son jeu d'épée reste hésitant, comme s'il ne désirait pas m'affronter.
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La Tueuse de Princes
FantasyAnnita est une tueuse de l'Ombre, un ordre d'assassins aussi sombre qu'ancien. Lorsqu'on lui demande d'éliminer le prince du royaume de Polaris, adoré par son peuple, elle déménage au palais et se fait passer pour une domestique. Mais la jeune femme...