L'Alpha

Chapitre 8: La dernière de sa race

La secrétaire de la directrice Ayling regardait Dylan par-dessus ses lunettes. Elle était assise sur l'un des sièges en coussin fuchsia et faisait trembler sa jambe de nervosité. Mille et une question et répliques tournaient dans son esprit. Elle devait trouver un moyen de détourner le sujet du vestiaire sur autre chose, si c'était ce pourquoi elle était convoquée.

La porte en bois massif du bureau s'ouvrit. La directrice, dans son beau tailleur rose apparut sur le pas de la porte, le sourire éblouissant.

- Mademoiselle Charley ! Venez, entrez !

Dylan se lève et suivit le vampire dans son bureau. Les murs étaient recouverts d'une peinture noire aux reflets rouge. Des appliques sur chaque mur éclairaient la pièce ainsi qu'un grand feu dans une cheminée en marbre noir. Le bureau était gigantesque, il pouvait accueillir une dizaine de personnes comme la directrice Ayling qui s'était installée derrière, assise sur un grand fauteuil noir.

- Assaillez vous ma chère.

Elle obéit. Le vampire plongea ses yeux rouges dans le vert de Dylan qui ne baissa pas le regard. Ils étaient hypnotisant et tellement anciens qu'il était impossible de s'y détacher. Des rumeurs disaient qu'elle était aussi vieille que son ancêtre, d'autre disait qu'elle était l'une de ses femmes.

- Mademoiselle Charley, je suis honoré de faire votre connaissance ! Je suis désolée de vous avoir interrompu lors d'un cours aussi intéressant que son professeur, mais je ne pouvais pas attendre ! Votre présence ici est de mon fait, voyez vous ? Quand j'ai reçu votre candidature, j'ai cru que c'était une boutade, mais vous êtes bien réelle.

- Je ne comprends pas, Madame.

- Vous êtes ce que l'on appelle une espèce rare. Il reste très de peu de métamorphe comme vous, vous faites partie des semis prédateurs. Les petits ont tous disparut, il ne reste plus que des félins et vous.

- Je ne pense pas être la dernière.

- Oh que si très chère. Vous êtes la dernière, les renards ont été éradiqués, il y a deux cents ans seuls, quelques-uns ont survécu. Tout, c'est terminé avec votre père. Mais j'imagine que ça, vous le saviez ?

- Mon père est mort lors d'une rixe entre des métamorphes et des lycans.

- Mes condoléances ma chère enfant. Tout cela pour vous dire que si quoi que ce soit vous importune, ma porte sera toujours ouverte. Vous importune t-on mademoiselle Charley ?

- Non madame. Mentit Dylan.

Le vampire ne dit rien. Elle observait la métamorphe comme si elle pouvait voir à travers elle. Mais quelque chose clochait. Dylan sentait qu'elle n'avait pas tout dit et lui cachait quelque chose de très important et que sa mère a sûrement omis de lui dire. Pourquoi était-elle la dernière renarde sachant que sa mère lui a assuré que le reste de sa famille était éparpillée dans le monde ?

- Il y a des choses qui doivent rester secret chère enfant. Cela vaut mieux pour vous, tant que vous resterez auprès de vos amis, vous serez en sécurité. Vous pouvez retourner en cours.

Dylan se lève et lui tourne le dos. Quand elle ouvre la porte, la directrice l'interpelle afin de lui donner un dernier conseil :

- Vous devriez éviter monsieur Parker, il est beaucoup trop dangereux pour un petit être aussi adorable que vous.

Dylan était perplexe. Elle suivit son prochain cours avec Margot et Andreas dans un mutisme inébranlable. La directrice ne lui avait pas tout dit, elle en était persuadée. Pourquoi serait-elle en danger au sein d'une université ? C'était une forteresse très bien gardée, outre les commentaires haineux de ses camarades, elle ne pense pas que quelqu'un voudrait s'en prendre à elle.

Et puis elle avait parlé de Hugo. Elle a dû sentir l'odeur de l'alpha qui planait encore sur elle. Il fallait qu'elle s'en débarrasse avant que tout le monde se doute de quelque chose. Et puis il n'y avait rien eu entre eux, mis à part le trouble qu'elle avait ressenti en sa présence. Elle se souvient de son regard noir, il n'y avait plus aucune âme. Il était comme absent, comme si le loup qui était en lui avait pris le pas sur l'homme.

Elle ne lui avait adressé la parole que quelques secondes, ce qui était très peu dans une vie. Elle l'oublierait facilement et lui l'avait sûrement déjà oublié. Elle devait oublier son comportement dans les vestiaires et ce qu'elle avait ressenti par-delà la peur. Il était le premier homme qui l'avait vu nue, le premier qui s'était approché d'aussi près et qui l'avait effleurée. Elle aurait voulu qu'il en soit autrement. Elle n'avait jamais eu de petit copain et voulait trouver le bon. Un métamorphe de préférence. 

Le soir, elle attendit encore une fois que tout le monde soit passé à la douche pour prendre la sienne. Margot l'accompagna par sécurité. Elle avait été témoins du harcèlement que subissait son amie et s'était décidé à l'accompagner partout où elle allait.

- Tu n'es pas obligé de me suivre partout, même aux toilettes. Je sais me défendre ! Lui dit Dylan.

- Mon cousin m'a raconté ce qu'il s'était passé ce matin. Tu les as humiliés, rien de pire pour des femelles metamorphes que d'être humiliées.

- Par un petit prédateur, tu veux dire.

- Non ! Je ne fais pas référence à ta nature, elles en ferait baver à n'importe quel espèce juste pour regonfler leur égo.

- Tu es trop gentille.

- Et toi, trop dure avec toi-même. Je ne sais pas comment tu fais pour supporter tout ça.

- Je crois que c'est l'habitude. Mes parents savaient que ma vie ne serait pas facile, alors ils m'ont armée pour survivre. Mon beau-père m'emmenait tous les jours courir et le week-end, nous faisions des activités telle que l'escalade.

- Tu l'aimes beaucoup.

- Il est mon père. Même si nous n'avons pas le même sang, il ne m'a jamais mise à part. Il a tout fait pour m'aider, c'est le meilleur père que je n'ai jamais eu.

Et il lui manquait atrocement.