Love & Books dans les Highlands

Duncan

Le vent commence à se lever et le froid s'invite avec lui, je le sens dans les doigts de mes mains que je commence à ne plus sentir.

Je ne saurai dire combien de temps je suis là, planté devant cette immense demeure qui m'est inconnue et dont j'ai hérité. Je ne sais pas ce que je dois ressentir. Je ne sais pas ce que je ressens : colère, tristesse, doute, rage, désespoir. Tellement de sentiments négatifs et contradictoires que j'en ai le tournis.

Il va bien falloir que j'y rentre dans ce manoir que mon père que je ne connais pas m'a légué à sa mort récente. Tellement de choses à encaisser, je ne sais pas ce que je suis censé faire. Je suis une personne qui ne se laisse pas surprendre, j'ai toujours un voir deux coups d'avance pour être préparé. Mais pour la première fois depuis longtemps, je ne sais plus, je n'arrive pas à prendre du recul. Je me sens perdu.

Je regarde la paume de ma main où se tient dans le creux, le Graal, la clé pour entrer. J'inspire longuement et bruyamment, je sers la paume avec confiance et m'avance avec détermination vers la porte d'entrée.

J'enfonce la clé dans la serrure qui résiste légèrement, je force un peu et la lourde porte s'ouvre dans un grincement assourdissant. L'odeur de renfermé me prend au nez. Je ne sais pas combien de temps personne n'est venu ici. Depuis sa mort sans doute. Je chasse ce sentiment de tristesse qui me parcourt furtivement et avance dans l'habitacle dont les légers rayons du soleil pénètrent difficilement à travers les hautes fenêtres poussiéreuses.

Je reste planter là, ce qui me semble être un long instant, dans ce grand grand hall aux larges fenêtres. Je lève la tête vers un plafond vertigineux où se trouve fixé en son centre un lustre magistral en cristal sans doutes. Un escalier en bois usé se tient face à la porte d'entrée. De part et d'autre du hall, deux longs couloirs obscurs. J'hésite. Je ne sais pas ce que je suis censé faire de cette demeure. La vendre. Mon côté rationnel revient à la charge. Vider ce manoir et le vendre. Et je pourrais tourner cette page qui me rappelle sans cesse ce dont j'ai perdu et ne retrouverais jamais.