Annabelle

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Je suis au pied du manoir. La brume épaisse le rend lugubre et déprimant. Ça reflète mon humeur de ce lundi matin. J'ai passé la nuit éveillée à me demander comment je devais me comporter avec Duncan. On ne s'est pas revu depuis la dispute. Je suis plutôt têtue comme personne et j'ai décidé que ce n'était pas à moi de faire le premier pas. Je sais, ce n'est pas très mâture comme comportement.

J'inspire profondément et marche d'un pas décidé jusqu'à la porte. J'ai le cœur qui bat tellement fort et vite que je l'entend résonner dans mes tempes. Il faut que je me calme si je veux survivre à cette journée. Je prends quelques respirations façon cohérence cardiaque  — je savais que ça me servirait un jour ou l'autre — et fais retentir la sonnette. Après de longues secondes interminables, la porte s'ouvre. Et là, je me dis que la journée va être une vraie torture. Duncan apparaît et me regarde intensément. Je me noierais volontiers dans son regard couleur océan.
— Bonjour Annabelle. Entre.
— Bonjour Duncan. Merci.
Je sens que je rougis et je suis énervée d'être un livre ouvert. Je n'ai jamais réussi à cacher mes émotions. J'essaie de me ressaisir. J'enlève mon bonnet et mon manteau, défais mon écharpe et accroche le tout au porte-manteau. Ça me laisse un peu de temps avant de faire face à Duncan.

Je décide de ne pas laisser un malaise s'installer entre nous.
— Voilà je suis prête à me mettre au travail. J'ai encore beaucoup de livres à examiner,  je vais m'y mettre de suite.
Et sans attendre sa réponse, je me mets presque à courir vers les escaliers. Je sais, c'est lâche. J'entre rapidement dans la bibliothèque et referme la porte derrière moi. Je m'adosse quelques instants derrière celle-ci et observe la pièce. Cette bibliothèque m'a manqué. L'odeur du vieux papier, cette hauteur sous plafond, ces murs tapissés de livres, ce canapé. Et voilà, mes pensées divaguent. Cette bibliothèque renferme également pleins de beaux moments passés avec Duncan. Je ne laisse pas ma nostalgie me submerger et me mets rapidement au travail. Après quelques minutes,  j'arrive à être totalement absorbée par les livres. C'est magique.

Je me rends compte du temps qui passe lorsque mon estomac se manifeste. Je regarde ma montre, déjà midi passé. Duncan. Je n'ai pas vu Duncan de la matinée. Je suis prise soudainement d'un sentiment de tristesse. Je sors de la bibliothèque et descends dans le hall. Personne. Je me dirige vers la cuisine. Je suis seule dans le manoir. Je m'approche alors de la fenêtre pour regarder si la voiture de Duncan est toujours garée devant. Elle n'est plus là. J'aperçois alors une silhouette un peu plus loin. Surprise, je plisse les yeux pour mieux scruter l'extérieur. Je suis prise d'un frisson qui me glace l'échine. Simon. C'est bien lui qui épie le manoir. Je me retire brusquement de la fenêtre et me plaque contre le mur de la cuisine. Je n'en reviens pas qu'il m'ait suivi jusqu'ici. Ça devient inquiétant.

Après un moment qui me parait une éternité,  j'entends une voiture qui se gare. Je me risque à regarder par la fenêtre et aperçois la voiture de Duncan. Je suis rassurée qu'il soit revenu. Ça me met en colère de ressentir ça,  depuis quand Simon me fait peur ? Pourquoi je le laisse m'atteindre comme ça ? Je décide de prendre mon courage à deux mains et d'aller lui parler en rentrant ce soir. Je refuse de me sentir ainsi à cause de lui.

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