Duncan

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Je suis assis sur le canapé de la bibliothèque depuis un petit moment maintenant. Je suis déstabilisé par mon comportement et mes émotions qui partent dans tous les sens. Depuis que j'ai rencontré Annabelle, je me suis autorisé à ouvrir une porte que j'avais verrouillé depuis bien longtemps. Je ne le regrette pas, comment pourrais-je ?

Cette relation soudaine et intense m'a fait renaître, je me sens tellement vivant ! Mais je me sens aussi vulnérable et je ne veux pas m'auto-saboter. Je dois faire confiance à Annabelle et surtout lui donner une chance de me raconter sa version. Mon passé, avec qui je pensais être en paix, revient soudain me hanter. Et si l'histoire se répétait ? Non, je ne dois pas penser ainsi. Annabelle est différente, je le sens, je ne peux pas me tromper ainsi.

J'entend la sonnette de la porte retentir, j'ai le cœur qui bat à une folle allure, j'ai l'impression que je frôle l'infarctus. Je prends trois longues inspirations et expirations et je descends pour l'accueillir.

Elle se tient sur le perron, le regard pétillant et je fond. Elle s'empresse d'entrer et m'embrasse brièvement avant de se débarrasser de son manteau et de son bonnet.
Je me ressaisis pour avoir les idées claires et pour la lancer sur le sujet. Je ne sais pas comment aborder les choses. Je vois qu'elle me regarde perplexe.
— Ça va Duncan ? me demande-t-elle tout en revenant près de moi.
— Non, pas vraiment, je lui réponds un peu agacé.

Je me masse nerveusement la nuque. Un silence s'installe entre nous. Annabelle fronce les sourcils et je la sens gênée. J'ai l'impression qu'elle se sent coupable. Je décide de crever l'abcès.
— Tu as peut-être quelque chose à me dire ? je lui balance sur un ton accusateur.
Je sens mon estomac se tordre. J'ai peur de sa réponse. Je vois qu'elle rougit et qu'elle ne sait que répondre.
— Euh, je ne sais pas de quoi tu parles, Duncan ?
Elle est perdue et ça m'énerve. Je sens que je fulmine à nouveau et je m'emporte malgré moi.
— Pour commencer, tu peux me dire qui est l'homme avec qui je t'ai vu par deux fois ?

Je m'entends prononcer cette accusation d'un ton froid et limite méprisant. Je sens déjà que je m'en veux d'avoir lâché cette bombe. Mais trop tard. Annabelle est surprise et je sens que sa colère ne va pas tarder à surgir.
— De quoi tu m'accuses au juste Duncan ? Hein ?
Elle a haussé le ton, c'est la première fois que je la vois furieuse, elle qui d'habitude est souriante et joviale.
— Je ne sais pas Annabelle, à toi de me le dire. Apparemment l'honnêteté n'est pas ton fort. Tu avais l'air plutôt proche de cet homme et je pensais que nous deux c'était sérieux.
— C'est mon ex-copain Duncan ! Si je ne t'en ai pas parlé c'est parce que d'une, ça ne te regarde pas et que de deux, j'ai tourné la page et qu'il ne signifie plus rien pour moi ! Et je n'ai qu'une envie c'est qu'il s'en aille ! 

Annabelle tremble et s'emporte, je sens que j'ai touché une corde sensible et que j'aurai mieux fait de m'abstenir car j'ai la sensation que j'ai mal interprété la situation. Des larmes se mettent à couler sur les joues rosies d'Annabelle qui poursuit :
— Tu me parles d'honnêteté alors que tu aurais pu très bien venir m'en parler la première fois que tu m'as vu avec cet homme et tu n'as rien dit ! Tu as interprété la situation comme ça t'arrangeait ! Si tu as des problèmes de confiance c'est toi que ça regarde, je n'ai rien à me reprocher.

Je suis scotché et ne sais quoi dire. Annabelle essuie ses larmes d'un revers de la main et plante son regard dans le mien :
— Je ne te tromperai jamais Duncan. Je ne sais que trop bien ce que ça fait.
Elle soupire avant de poursuivre :
— Je ne regrette pas de ne pas t'en avoir parlé car quand je vois ta réaction de mâle jaloux, je me dis qu'au final, tu n'es pas si exceptionnel que ça.

Elle ne me laisse pas le temps de répliquer. Je vois que les larmes coulent à nouveau sur ses joues, elle prend son manteau et sort précipitamment du manoir. Je me sens vraiment con et me demande comment la situation a pu prendre un tournant aussi merdique.

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