Love & Books dans les Highlands

Duncan

J'ai passé la semaine à mener mon enquête. Rien. Aucune piste concernant mon géniteur. Apparemment, il se faisait discret ici. Personne ne le connaissait vraiment. C'est un vrai mystère. Je suis un peu déçu. Je pensais trouver des informations qui m'auraient permis de mieux le connaître.

Je suis dans la bibliothèque, posté devant le tableau d'un de mes aïeux. Je l'ai décroché pour voir s'il y avait un nom ou une date au dos. Même là, je fais chou blanc.
Je vois ça comme un signe. Je me résigne et décide de laisser tomber mes recherches. Je m'effondre sur le canapé et regarde autour de moi. Annabelle me manque. Cette bibliothèque n'est rien sans elle. Je la revois devant les étagères, un livre à la main, concentrée sur son expertise. Et si elle ne revenait pas ? Et si elle repartait ? Et si elle repartait avec son ex ? Je divague mais je ne peux m'empêcher d'élaborer tous les scénarios possibles. Et si elle revenait ?

Pourquoi ai-je du mal à penser positivement ? Je suis sorti de mes interrogations par la sonnerie de mon téléphone. Je le prend machinalement. Un SMS d'Annabelle. Je m'empresse de l'ouvrir.
"Bonjour Duncan. Je suis prête à reprendre le travail lundi si tu n'en vois pas d'inconvénients. Bon weekend. Annabelle."

Elle a décidé de revenir. Mon cœur bondit de joie. Je souris largement. Puis je relis son message. Il est un peu impersonnel et même distant.
Je me lève du canapé et me positionne face à la fenêtre. Je me frotte le menton et me dis que je me suis réjouis un peu trop vite. Je commence à rédiger une réponse. J'hésite. Comment lui répondre ? Sur le même ton ? Je ne me torture pas d'avantage et décide d'écouter mon instinct. "Bonjour Annabelle. Ravie de te retrouver lundi. Bon weekend. Duncan". Envoyé. Je suis soudainement pris d'un regret. Mince. J'aurai dû m'excuser, non ?

Je soupire longuement et me demande comment faire pour rester de marbre face à elle lundi. Impossible. Il va falloir qu'on discute. On ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé. Bon, je verrai bien lundi. Je décide d'appeler ma mère, il y a encore des questions qui me trottent dans la tête. Je sais que je la mets mal à l'aise mais maintenant je ne lui laisse plus le choix, elle doit me répondre. Je m'assois dans le canapé et l'appelle.
— Bonjour Maman.
— Bonjour mon fils. Comment vas-tu ?
— Comme d'habitude, des hauts et des bas et toi, dis-moi ?
— Je t'avoue que depuis que tu es en Ecosse, je pense beaucoup au passé. Ça me tient parfois éveillée la nuit, tu sais.

Je suis songeur face à la révélation de ma mère. Je ne pensais pas que ça l'atteindrait encore. Je n'ai pensé qu'à moi ces derniers temps. J'hésite à lui parler à nouveau du passé. Je vois ça comme un autre signe. Ma mère mérite la paix.
— Je suis désolée maman de t'avoir entraîné là-dedans.
— Oh Duncan, ne culpabilise pas, c'est légitime. C'est juste que depuis sa mort, beaucoup de choses refont surface. C'est normal.
Je soupire et décide de changer de sujet.
— Oui c'est vrai que ce n'est pas facile pour toi. Mais j'ai décidé d'arrêter de me poser des questions auxquelles je n'aurai pas de réponses.
Je poursuis :
— Maman, j'aurai besoin de tes conseils en tant que femme.
— Ah je savais bien que ça arriverait un moment ou un autre !
Je l'entends sourire à l'autre bout du téléphone et j'esquisse un rictus malgré mon cœur qui se serre.