Duncan

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Message reçu cinq sur cinq Annabelle. Elle a grimpé les marches comme si sa vie en dépendait. Je reste planté dans le hall un long moment. J'étais décidé à lui parler mais j'ai bien l'impression que ce n'est pas le bon moment. Je ne baisse pas les bras. Je lui prépare une tasse de thé avec quelques petits gâteaux qu'elle aime tant. J'avoue que j'espère l'amadouer avec de la nourriture. Je souris quand je repense aux nombreuses fois où j'ai fait fondre son cœur en passant par son estomac ! Je sais, je ne joue pas réglo.

Satisfait, je prends le petit plateau et monte jusqu'à la bibliothèque. La porte est fermée. Elle ne ferme jamais la porte. J'hésite puis je me résous et redescends.  Ce n'est pas encore le moment. Je m'assois en cuisine et mange mécaniquement un gâteau. Il a un goût fade dans ma bouche. Je le repose et bois quelques gorgées de thé. La matinée est bien entamée et toujours aucun signe d'Annabelle. Je continue à travailler sur mon PC. Je suis seul dans la cuisine alors que ça serait tellement plus agréable d'être là-haut avec elle.  Peut-être que ça n'arrivera plus.  Il est peut-être trop tard pour nous deux. 
Non. Je ne m'avoue pas vaincue. Je referme mon PC, prends mon manteau et gagne ma voiture. Elle devra bien sortir à un moment ou un autre.

Je roule jusqu'en ville et me gare devant le pub. Je ne suis pas revenu depuis ma soirée avec Annabelle, la nuit où tout à basculé. Ce n'est pas Max derrière le bar mais un autre gars un peu plus âgé et trapu. Je commande des burgers avec des frites et patiente assis au bar. Je me perds dans mes souvenirs de cette soirée en regardant la table où on était assis. C'était il y a une éternité. J'ai vraiment été con et je ne sais pas si elle va me pardonner. J'ai eu des paroles dures envers elle. J'ai été tout ce que je déteste.
Le gars trapu me sort de ma rêverie et me tend les burgers. Je le remercie et me remets en route vers le manoir.

Je gare la voiture et attends quelques secondes à l'intérieur. Quand je l'ai revu ce matin, mon cœur a manqué un battement. J'ai vu qu'elle n'était pas indifférente malgré ce qu'elle essaie de me faire croire. Elle est entrée et à éviter mon regard. Je commence à la connaître. Si je suis patient, j'arriverai à lui parler. J'espère qu'elle acceptera au moins de déjeuner avec moi.
Je me décide à sortir du véhicule et me dirige à grandes enjambées vers le manoir. J'entre et je suis surprise de trouver Annabelle qui sort de la cuisine. J'ai un étrange pressentiment. Les émotions d'Annabelle se lisent sur son visage et ce que je vois n'augure rien de bon.
— Ça va Annabelle ? l'interroge-je en me dirigeant vers elle.
Elle fait un léger pas en arrière et me bégaie un oui mal assuré. Puis elle se ressaisit.
— Euh oui oui, tout va bien, j'étais perdu dans mes pensées.

Je la regarde suspicieux. Je n'en crois pas un mot. Un silence un peu gênant s'installe entre nous. Je décide de ne pas insister.
— J'ai pensé que tu aurais faim. Je suis allé chercher des burgers au pub.
Je lui montre le sac et je vois que son visage s'illumine.
— Oui j'ai une faim de loup ! Je n'ai pas vu la matinée passée. Ce n'est pas de refus.
Je me dirige vers le bar de la cuisine et m'installe. Annabelle s'assoit à mes côtés. Je sors un burger pour elle et lui tend le cornet de frites. Je fais de même pour moi. Je la regarde du coin de l'œil et j'aperçois alors l'Annabelle que j'aime tant. Je mords dans mon burger et déguste quelques frites. Déjeuner avec elle m'ouvre l'appétit.
— Merci Duncan de t'être déplacé jusqu'au pub.
Elle me sourit. L'iceberg commence à fondre lentement.
— Je t'en prie, ça me fait plaisir.
Nous reprenons notre déjeuner en silence. Mais ce n'est pas un silence gênant, elle semble s'être détendue. Je continue à dévorer mon burger. Je me demande si je dois tenter de lui parler. C'est peut-être le bon moment. Je jette un œil vers elle et je l'aperçois de profil. Elle a l'air perdu dans ses pensées et elle fronce les sourcils. Quelque chose ne va pas et je ne sais pas pourquoi mais je sens que ça n'a rien à voir avec moi.

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