Épilogue

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Duncan

Les premières fleurs de printemps sont apparues il y a quelques jours. La nature autour du domaine se colore progressivement. Il est encore trop tôt pour voir la callune fleurir dans la lande mais l'hiver est à présent loin. Cela fait maintenant un an qu'Annabelle et moi avons emménagé au manoir. Elle était très excitée quand je lui ai dit que, finalement, je ne vendais pas l'héritage de mon paternel et qu'en plus, je voulais qu'on vive ici, ensemble. Elle a sauté de joie et s'est empressé d'élaborer un projet de décoration et d'aménagement du manoir. J'aime toujours son enthousiasme à toute épreuve.
Avec le recul, j'ai enfin pardonné à mon père. Un poids s'est enlevé de ma poitrine et depuis, je respire à nouveau. Il faut dire qu'Annabelle y est pour beaucoup. Elle est ma bouffée d'air frais, mon oxygène, elle est mon tout. C'est en quelque sorte grâce à mon père que je l'ai rencontré. Ce manoir— enfin surtout la bibliothèque — nous a rapprochés. Vivre ici est symbolique.
Je me trouve dans la cuisine qui est à présent équipée. Je fais chauffer de l'eau pour le thé. C'est devenu un rituel. Je dispose deux tasses sur un grand plateau fleuri qu'Annabelle a déniché dans une brocante puis je pose la théière au centre. Je dispose la boule à thé à l'intérieur et verse l'eau frémissante dessus. J'ouvre le placard au-dessus de l'évier et attrape les petits gâteaux préférés d'Annabelle. Je souris tout en les disposant dans une petite assiette. Je suis tellement heureux que ça en est presque inquiétant.
J'ouvre l'un des placards du bas et farfouille au fin fond pour en sortir une boîte. Je l'ouvre et prend l'écrin qu'elle contient. Je le caresse affectueusement puis je le remets précieusement dans la boîte loin des regards indiscrets. Loin d'Annabelle. Pour le moment.

Je prends le plateau et me dirige vers l'escalier. Je passe par le hall qui est à présent chaleureux grâce aux tableaux, rideaux et meubles qui le comblent. Je monte les marches à la volée tout en essayant de ne pas renverser le plateau. Je me dirige vers la bibliothèque. La porte est ouverte et je m'arrête un instant et observe la femme que j'aime, un livre à la main, comme d'habitude. Je ne me lasserai jamais de la voir ainsi, toujours passionnée. Je souris et je m'empresse de poser le plateau sur la table basse. Ici, rien n' à changé. Annabelle n'a pas voulu qu'on touche à cette pièce. Elle m'a dit qu'elle était parfaite telle quelle. Je soupçonne qu'une des raisons est qu'il s'est passé beaucoup de choses entre nous ici et qu'elle veut que ces souvenirs persistent. Je suis totalement d'accord avec elle ! Une fois le plateau posé, je me dirige vers ma belle qui remet l'ouvrage en rayon avant de mettre ses bras autour de mon cou. Je l'enserre à la taille et l'embrasse tendrement. On se regarde sans rien dire quelques secondes puis nous nous asseyons dans le canapé pour prendre le thé.

Annabelle

Cela fait maintenant un an que je vis au manoir avec Duncan. Je suis dans ma pièce préférée : la bibliothèque. Il me reste encore des livres à analyser mais depuis la découverte du précieux ouvrage — et de trois autres un peu moins précieux mais plutôt rares — la ville est tout en émoi et je suis devenue un peu une star locale. J'ai d'ailleurs eu d'autres propositions de propriétaires de bibliothèque privée qui aimeraient avoir mon expertise sur leurs collections. Je ne sais plus où donner de la tête. C'est impensable ! Je n'aurai jamais imaginé que ma vie prendrait un tel tournant lorsque je suis arrivée ici. Je suis enfin épanouie dans mon travail et dans ma vie en générale.
J'ai des idées plein la tête, j'aimerai faire des expositions de livres pour les bibliophiles et les amateurs de la région. Duncan m'encourage et me soutient, il m'a même donné l'idée de trouver des partenariats à Londres. Je m'y suis rendue dernièrement avec lui lorsqu'il a dû y retourner pour le travail. Londres est une ville merveilleuse mais quand je reviens ici, en Ecosse, sur ce domaine, dans ce manoir, je ressens une telle sérénité que je sais que ma place est ici.

Je sors de ma contemplation et me concentre sur un nouveau livre quand Duncan arrive et pose le plateau de thé sur la table basse. Je ne me lasse jamais de le regarder. Ses yeux océans me transpercent le cœur et j'ai toujours le souffle coupé lorsqu'il s'approche de moi. Quand il pose ses lèvres sur les miennes, je m'enflamme instantanément. J'espère que ce sentiment ne s'envolera jamais. Nous nous asseyons sur le canapé, comme chaque après-midi, pour notre rituel du thé.
Une fois terminé, Duncan me sert dans ses bras quelques instants avant de m'embrasser tendrement sur le front. On se sourit puis il repart travailler dans son bureau qu'on a aménagé à l'étage. Je reste quelques instants sans bouger et un sentiment de plénitude m'envahit. Que je l'aime ! Je regarde autour de moi comme pour me rendre compte que je ne rêve pas. J'ai enfin la vie dont je désirais tant !
Je m'approche du bureau et parcourt des yeux les livres qui l'y jonchent. Je vois alors le précieux livre de Duncan, Peter Pan. Je le prend et le serre affectueusement contre moi puis je le remets sur l'étagère des livres qui me serviront plus tard. Je souris et me caresse le ventre délicatement. Je me dis que j'ai enfin trouvé le cadeau parfait pour Duncan.

FIN

Love & Books dans les HighlandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant