Duncan

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Je suis réveillé par la sonnerie de mon téléphone. Je mets un temps avant d'émerger et de décrocher. C'est l'hôpital, Annabelle est réveillée. C'est le plus beau jour de ma vie. Je ressens une telle joie que j'ai envie de rire et de pleurer en même temps. Je me hâte vers la salle de bain, je prends une douche chaude et courte. Plus de temps à perdre ! Je choisis avec soin mes habits. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de me présenter sous mon meilleur jour. Je me surprends à siffloter. Je fronce les sourcils et secoue la tête. C'est bien la première fois que je fais ça. Je me regarde quelques secondes dans le miroir. J'ai l'impression de voir une nouvelle personne. Je ne suis plus le même. Je ne suis plus le même depuis que j'ai rencontré Annabelle. C'est indéniable.

J'attrape ma veste, prends mes clés et me mets presque à courir pour sortir de l'hôtel. Je monte dans ma voiture. J'ai décidé de m'arrêter en ville pour acheter un bouquet de fleurs à Annabelle et son muffin préféré. C'est le moins que je puisse faire.
Arrivé sur le parking de l'hôpital, je me gare sur la première place que j'aperçois. Je marche à grandes enjambées vers l'entrée puis je me dirige sur le même rythme vers l'accueil.
Une fois le numéro de chambre récupéré, je prends l'ascenseur le cœur battant à tout rompre. Je suis tellement pressé de la voir et de la serrer dans mes bras.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur un hall avec plusieurs couloirs de part et d'autre. Je repère la direction de sa chambre et me dirige vers cette dernière tout en prenant de grandes inspirations. Je dois garder mon calme. La porte de la chambre d'Annabelle est ouverte. Je passe lentement ma tête puis entre dans la pièce. J'avance doucement. Elle dort. Elle a le visage légèrement tuméfié. Le pansement qui lui bande la tête la rend encore plus vulnérable. J'ai mal pour elle. Voilà ce que je ressens. Sa douleur.

Je m'approche un peu plus et pose le bouquet ainsi que le muffin — aux trois chocolats et pépites de chocolat, son préféré — sur la petite table. Je m'assois ensuite sur la chaise près du lit. J'observe sa respiration lente et profonde. Si elle n'avait pas toutes ces blessures, on pourrait penser qu'elle dort paisiblement. Je pose ma main sur la sienne malgré l'intraveineuse. Je la regarde et je ressens alors une multitude d'émotions : de la tristesse, de la joie, de la peur aussi. Surtout de la peur. J'ai faillit perdre la femme que j'aime, la personne que je préfère sur cette terre. Je ne retiens pas les quelques larmes qui coulent sur mes joues lorsqu'Annabelle ouvre les yeux et me sourit.
— Salut toi, je bredouille en essuyant du revers de la main mes larmes. Je me lève et l'embrasse sur le front. Tu sais, tu m'as fait une sacré peur.
— J'ai eu peur moi aussi, articule-t-elle difficilement.
Je vois qu'elle essaie de se redresser.
— Attends, laisse-moi t'aider.
Je prends un oreiller dans l'armoire et le cale derrière elle.
— Merci, tu ferais un très bon soignant, me dit-elle en me taquinant.
Ça me réchauffe le cœur de revoir son magnifique sourire.
— Comment te sens-tu ? Et pas de mensonge avec moi, je m'empresse d'ajouter tout en m'asseyant sur le lit pour être plus proche d'elle.
Elle soupire et je vois qu'elle hésite à me parler.
— Tu peux tout me dire, Annabelle, tu le sais j'espère ?
Elle hoche timidement la tête.
— Ce que je m'apprête à te dire n'est pas facile donc s'il te plaît, ne m'interromps pas, c'est d'accord ?

J'ai un mauvais pressentiment sur ce qui va suivre mais je promets de l'écouter. C'est ainsi qu'Annabelle me raconte d'une traite toute cette histoire avec son ex Simon. Pendant sa révélation qui, je le vois, n'est pas facile pour elle, je lui prends la main et lui montre mon soutien même si au fond de moi j'ai des envies de meurtre.
— Tu ne m'en veux pas de ne t'avoir rien dit ? me demande-t-elle anxieuse.
— Bien sûr que non !  Je suis tellement heureux et soulagé que tu sois vivante, que ça n'a pas d'importance ! Je t'avoue que j'ai failli partir en courant pour lui régler son compte mais quand tu m'as dit qu'il était en prison, j'ai ressenti une petite satisfaction. J'espère qu'il sera condamné.
— Je l'espère aussi, me dit-elle fermement.
Que j'aime cette femme ! Je la regarde dans les yeux sans rien dire. Elle me regarde aussi intensément et me sourit.
Et soudain, mes barrières lâchent et  je craque. Je pleure et je m'effondre sous le regard stupéfait d'Annabelle. Je ne peux plus m'arrêter, je lâche prise.
— J'ai tellement eu peur de te perdre, lui dis-je entre deux sanglots, j'ai besoin de toi Annabelle, sans toi je suffoque. Depuis que tu es entrée dans ma vie, tout prend sens, tu es une évidence Annabelle, tu es mon évidence.

Elle se redresse et me prend dans ses bras, je m'abandonne à son étreinte. Que c'est bon de la sentir vivante ! Je reprends mon souffle et la regarde dans les yeux, elle pleure à son tour.
— Oh Annabelle ! Je ne voulais pas te faire pleurer, ce n'était pas mon intention.
Je me sens soudain un peu bête mais elle me sourit et efface mes larmes du bout des doigts.
— Evite de me faire de telles déclarations à l'avenir si tu veux que je reste de marbre !
On se met à rire puis j'appuie mon front contre le sien.
— Je t'aime Annabelle.
— Je t'aime Duncan.

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