Annabelle

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Je vois que Duncan a trouvé la photo. Quelque chose m'émeus. Je ne sais pas si c’est dans sa façon de se tenir, un peu recroquevillé sur lui-même ou alors la tristesse dans son regard lorsqu’il se tourne vers moi. 

— Vous l’avez trouvé dans un livre? me demande-t-il fébrilement. 

— Oui, lui dis-je tout en prenant l’ouvrage que j’avais laissé sur le côté. 

Je le lui tends. C’est un ascenseur émotionnel que je suis en train de vivre. Il y a quelques instants, j’étais dans une position pas très convenable avec mon patron et maintenant, je fais fasse à ses blessures d'enfance. Je décide de me concentrer sur Duncan. J’aurai bien le temps de revenir plus tard, bien plus tard sur mes propres émotions.  

Il me prend le livre des mains, le regarde rapidement et le repose sur le bureau. Il s’appuie sur ce dernier et regarde pensivement le cliché qu’il tient dans ses mains. Je reste silencieuse face à ce troublant personnage qui se révèle un peu plus chaque jour à moi. J’ai le cœur qui bat la chamade. À cet instant, je comprends que je suis en train de tomber amoureuse de Duncan Hay. Je suis soudainement prise d’une bouffée de chaleur et je dois avoir sans aucun doute le rouge aux joues. Je me ressaisis quand Duncan sort de ses pensées et me regarde à nouveau.

— C'est une photo de moi lorsque j’étais bébé, se confie-t-il avec une certaine douceur dans la voix. Je ne pensais pas que mon géniteur en possédait une. Je ne sais que très peu de choses sur lui. Il nous a abandonné ma mère et moi lorsque j’avais à peine quelques semaines. Cela a toujours été un sujet très sensible pour ma mère. J’ai de ce fait toujours évité de lui en parler et ça ne m’a pas empêché d’avancer dans la vie. Jusqu’à aujourd’hui où j’ai vraiment l’impression que cette blessure que je pensais cicatrisée est finalement à vif. 

Je ne sais quoi dire face à cette confession de mon patron. J’ai alors un geste spontané. Je m’approche de lui et l’étreint. Il se raidit au début face à ce rapprochement inattendu, puis s’autorise à se détendre et resserre franchement ses bras autour de moi. Nous restons quelques instants ainsi. Puis je m’éloigne de lui, à contre-coeur, pour éviter de nous mettre de nouveau dans une situation embarrassante. 

— Vous n'avez jamais cherché à le revoir ? je me risque à lui demander

— Si bien sûr. J’étais un adolescent rebelle et j’avais en tête une confrontation avec lui. Je voulais lui demander pourquoi il avait abandonné sa famille. Pourquoi il m'avait abandonné. Mais je ne suis pas allé au bout de ma décision. J'étais surtout, à l'époque, très en colère contre le monde entier.

— Ah l'adolescence ! lui dis-je simplement.

Je me tourne vers le fameux portrait. Duncan suit mon regard. Je reprends.

— C'est quelqu'un de la famille de votre père ? 

— C'est fort possible, me répondit-il en plissant légèrement les yeux. Mais je ne saurai dire. Mon grand-père, peut-être. 

Nous regardons le tableau encore quelques secondes. Puis je sens que le regard pénétrant de Duncan s'est tourné vers moi. Je n'ose pas le regarder mais je tourne tout de même la tête. Il me sourit simplement. Je lui rends son sourire.

— Merci Annabelle d'être toujours à l'écoute. Je suis désolé de vous embarquer dans mes problèmes personnels. Je ne sais pas pourquoi mais il est très facile de discuter et de se confier à vous. 

Je rougis de plus belle face à ce compliment. 

— Vous savez que si vous avez besoin à votre tour de vous épancher, je vous prête volontiers mon épaule.

Sur cette remarque, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Duncan Hay me fait vraiment vivre un ascenseur émotionnel. 

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