Milza

Jour J

Irène

Je sors de la salle de bain et les deux filles me reluquent de haut en bas durant de longues secondes et disent en même temps : « Une déesse ».

Je sens le rouge me monter aux joues, je ne suis pas habituée à recevoir de tels compliments, les éloges ont toujours un mérite dans la vie et moi, quel est le mien ? Je ne fais rien d'autres que d'assister à mon mariage, qui est l'événement que j'attendais le moins voire pas du tout dans ma vie, mais je dois faire avec je n'y peux rien, je dois aujourd'hui faire honneur à mon père, à ma mère, à mon frère, qui lui serait sûrement entrain de stresser plus que moi, sachant que je suis son unique sœur il se serait opposé à l'idée de me donner à un inconnu, il est très protecteur et a peur pour moi, du moins « avait », maintenant cela fait neuf ans qu'il m'a laissé seule face à mes démons intérieurs ou extérieurs, il n'a jamais cherché à savoir comment je me sentirai, comment sa disparition m'a bouleversé et m'a anéanti il était mon pilier dans cette vie j'ai beau en vouloir de tout mon cœur à la vie que je mène mais je ne peux qu'être reconnaissante d'avoir eu un héros comme grand frère qui m'a chéri et m'a donné tout son amour.

Un large sourire dessine mes lèvres, et une larme vient couler le long de ma joue, pour une fois ce n'est pas une larme de tristesse ou de douleur, mais une larme de joie de nostalgie, je te promets que je te retrouverai, au même moment la porte de ma chambre s'ouvrit d'un coup, moi et les deux filles tournons nos têtes en synchronisant nos mouvements, nous observâmes Amanda vêtue d'une robe violette, longue qui détient des paillettes en argent sur le rebord de la couture, les fines bretelles laissent le le haut de son corps dévoilé, je découvre ses tâches de rousseurs qui habillent sa peau pâle, j'ai beau dire ce que je veux mais cette fille est incroyablement ravissante, ses cheveux sont lâchés elle les a laissé à leur nature frisée son maquillage est lui chargé elle m'est littéralement méconnaissable, ça lui donne une allure plus femme je dirais, en la voyant je ne me dirai pas que c'est la fille douce et mignonne comme un petit renard, ici j'ai face à moi une tout autre personne ses lèvres sont d'un rouge vif que cela attire le regard.

Elle referme doucement la porte, et s'avance vers moi et me dit :

- Irène que se passe-t-il ? Pourquoi tu pleures, il t'es arrivé quelque chose ? Me questionne-t-elle l'air vraiment inquiète.

- Non, ne t'inquiète pas Amanda, ce sont des larmes de bonheur, des flash-back de moi petite me revenait et cela m'a ému. Lui dis-je en toute sincérité sans trop même entrer dans le sujet.

- Oh, je comprends, malgré tout aujourd'hui est ton jour de mariage je te promets que malgré tout tu passeras un bon moment. Me dit-elle en prenant mes mains et les serre contre les siennes.

Je sais qu'elle veut bien faire mais toute cette attention envers moi me repousse plus que tout, je n'aime pas être le centre de l'attention, ce moment sera pour moi une souffrance intérieure, si seulement quelqu'un pouvait entrer dans mon cœur et voir à ma place ce qu'il endure, qu'il voit juste ses saignements abondants qui ne cessent et ne cesseront d'arrêter, la souffrance est à la fois un sentiment mental tel que physique, la physique laisse des blessures, des cicatrices, des marques, qui sont indolores avec le temps, tandis que l'intérieur fait le plus mal, elle te tue elle te consume jusqu'à ce que ta conscience ne s'éteigne et pour la camoufler, nous usant de nos forces pour aller souffrir d'une autre manière, afin d'oublier un court instant ce que l'on endure.

Amanda lâche mes mains, et recule d'un pas puis deux et s'arrête, elle me reluque de haut en bas elle me regarde d'un regard émerveillé ? Elle met sa main devant sa bouche, mais je ne comprends pas ce qu'elle voit, non me dites pas que j'ai une tâche.