Holidays

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                                              Irène



Tous assis en rond l'un à côté de l'autre, cela fait environ une quinzaine de minutes que Cabron est enfin arrivé. Je ne sais pourquoi, mais sa présence ici avec celle de mon frère me procure un sentiment de protection, comme si aucun mal ne pouvait me toucher. Je savoure donc ce moment au maximum.
En rentrant dans la chambre, Cabron a été surpris en voyant le visage défiguré de mon frère. Il savait déjà que cette sorte de réunion n'était pas de bonne augure. Comme je l'ai fait avec Éros tout à l'heure, je lui raconte ce que l'asshole m'a fait subir. Tout au long de mon monologue, il reste silencieux, son regard fixant un point imaginaire, son expression stoïque.

Je finis les yeux larmoyants à chaque fois que je reparle de cette expérience fraîchement traumatisante. Après avoir prononcé ma dernière phrase, un silence glaçant envahit la pièce. Je ne sais où ni comment me positionner. Comment va-t-il réagir, étant donné qu'il est le meilleur ami de l'asshole, celui qui le connaît depuis je ne sais pas combien d'années, mais beaucoup en tout cas ? Va-t-il prendre sa défense malgré la gravité de la situation ? Va-t-il m'aider ?

Je stresse rien qu'à l'idée de son commentaire. Il se redresse puis vient frotter ses mains entre elles. Je suis tous ses faits et gestes, attendant une quelconque réponse, mais je remarque un élément inhabituel chez lui : son regard n'est pas le même, ses traits se raidissent, regardant partout sauf dans mes yeux. Il est en train de fuir mon regard, ou je rêve ? Je lui fais pitié à ce point-là ?
- Dis-le si ça te démange à ce point que je te fais pitié plus qu'autre chose, lui dis-je d'un ton colérique.

Il pivote instantanément ses iris vers les miennes, fronçant les sourcils, se décidant enfin à prendre la parole.

- Pitié, tu dis ? Comment pourrais-je avoir pitié d'une personne qui a souffert pendant tout ce temps, ignorée par nous tous ? Je m'en veux à moi-même de ne pas avoir été là et de ne pas avoir été attentif à tout, me dit-il d'un ton désolé.

Il est énervé contre lui-même de ne pas avoir agit ou compris, tout comme Éros. Mais il faut qu'ils sachent que ce n'est pas de leur faute, car je l'ai voulu ainsi. Je ne voulais que personne ne sache tout ce qui se passait par peur d'être jugée, d'avoir de la pitié à mon égard, chose qui est ma hantise. Depuis mon jeune âge, ce sont les seuls traitements que j'ai reçus. Le fait qu'il me comprenne sans que je ne fasse d'effort et que je puisse me justifier me soulage véritablement.

- Ce ne sont pas ses habitudes de s'attaquer ou de toucher les femmes. Il est du genre très loyal. Je ne comprends pas pourquoi il ferait tout l'opposé avec toi, me dit-il, troublé par la situation.
Tout l'opposé avec moi ? Dites-moi que je rêve. Lui, loyal avec les femmes ? Après tout ce qu'il leur fait vivre sans se soucier d'elles, en me faisant revivre mes plus gros traumatismes. Je lui pose tout de même la question, car tout cela me semble illogique.
- Comment peux-tu dire qu'il est loyal alors qu'il trompe, tue, joue avec les femmes comme si elles étaient des marionnettes ? lui crachai-je avec subtilité.

Je le vois soupirer. Ma question lui paraît évidente, sauf que ce n'est pas le cas pour moi.

- C'est simple, Irène. La personne qui est venue te raconter tout cela avait de mauvaises intentions, en te racontant des mensonges purs, ignorant complètement qui est réellement Severino, me dit-il d'un ton rassurant et calme.
Il essaye de me faire comprendre doucement les réelles intentions de cette personne, mais je ne comprends pas. Cela n'est toujours pas clair, car il y a tout de même des preuves qui viennent soutenir la parole de cette personne.

MilzaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant