Durant cette période froide et glacée, l'inspecteur Javert obtint de monsieur le maire le droit d'aller enfin enquêter en personne à Montfermeil.
La mort de Bamatabois l'aîné lui semblait suspecte et Javert voulait se faire une idée de la situation à Montfermeil.
Il eut droit à six jours.
Javert se promit d'en faire bon usage.
Monté sur un Gymont, caracolant de plaisir dans la neige et encensant avec vigueur, l'inspecteur salua avec déférence monsieur le maire.
Avant de claquer la croupe de son cheval et de le faire partir au galop.
Le maire leva les yeux au ciel.
Cabotin !
Mais ces six jours lui semblaient déjà trop longs.
Et par Dieu ! Ils le furent !
Le voyage fut harassant, tant pour le cavalier que pour sa monture. L'hiver, la neige, la boue...
Gymont prouva qu'il aurait mérité sa place dans la cavalerie de l'Empereur.
Infatigable, sérieux et sobre. Javert comprenait encore moins Magnier et ses hommes.
Bande d'incapables !
A Montfermeil, les rues étaient recouvertes par la neige. Il faisait froid et les passants étaient rares. C'était un petit bourg, comptant quelques 700 habitants. Mal desservi et mal agencé, la commune périclitait.
L'église était neuve, ayant été vendue comme bien national pendant la Révolution et en partie démolie, elle avait été rendue aux habitants sous l'Empire.
Le manque de moyens chroniques de la commune avait sans cesse fait reculer les travaux.
Aujourd'hui, elle était neuve, vingt ans après sa vente.
Un château existait aussi, mais dans un tel état délabré qu'il en faisait pitié. La marquise qui y vivait ne possédait plus de fortune pour le remettre en état. La Terreur et l'Émigration étaient passées par là.
Négligeant ses détails historiques, le policier examinait les lieux et les gens.
L'inspecteur de police se fit reconnaître des officiers en poste dans la ville.
Il expliqua ses démarches et rappela l'affaire de la fausse-monnaie.
On lui fit comprendre qu'il dérangeait le monde avec ses histoires.
Et on le laissa à lui-même.
Javert parcourut les quelques rues ; sans pavage, ce n'était que des torrents de boue.
Gymont renâclait à avancer. Le cheval avait faim et froid.
Son maître lui chercha un abri pour la nuit.
Il y avait quelques auberges...
L'inspecteur prit la première qu'il trouva.
Une auberge dédiée à un sergent de Waterloo...
Et il y entra.
La misère était terrible dans l'auberge. Le dénuement et la saleté marquaient tout l'édifice.
Tout prouvait qu'on essayait de faire face mais que la bataille était déjà perdue.
Le policier, habillé de son uniforme, se fit reconnaître de l'aubergiste.
L'homme, assez râblé et fumant la pipe, s'approcha de Javert et l'accueillit avec empressement.
" Et pour monsieur l'inspecteur, qu'est-ce que ce sera ?
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Montreuil
FanfictionEt si nous revenions à Montreuil-sur-Mer ? Souvenez-vous ! Il y a la mairie et juste en face le commissariat. Il y a M. Madeleine, alias Jean Valjean, et l'inspecteur Javert. Il y a un terrible jeu du chat et de la souris... Ecrit en collaboration a...