Chapitre XIX

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Cet état de fait dura quelques jours et tout à coup les choses évoluèrent drastiquement.

L'inspecteur Javert, fatigué de sa journée et agacé par les demandes ridicules de monsieur le maire rentrait chez lui sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait.

Comme si l'affaire des faux-monnayeurs n'avait pas eu lieu !

Comme si la Cavée Saint-Firmin n'était pas en pleine restauration !

Javert se retrouvait à gérer à nouveau d'ineptes problèmes de voisinage et de soucis de bornage. Javert en était épuisé.

Et il n'avait même plus envie de lutter...

Il était encore sous le choc de la mort de Gilles, quelque part si Javert insistait tellement pour être nommé à Paris, c'était aussi pour retrouver son ami.

Cet espoir était vain aujourd'hui.

A quoi bon retourner à Paris ?

Javert était plongé dans ses méditations.

Cela expliquait sans peine le manque de concentration dont il faisait preuve, une patrouille qui n'était pas vraiment une patrouille, juste une promenade pour calmer ses nerfs et apaiser sa colère.

Maudit Monsieur Madeleine !

Javert tourna dans une petite rue, menant aux remparts et assez vide de passants. Juste un raccourci pour terminer sa tâche.

Et ce fut à cet instant que l'attaque eut lieu.

On avait dû le suivre et il n'avait rien remarqué.

Il était trop tard pour se fustiger, tandis qu'un bras serrait sa gorge et qu'un autre saisissait ses bras.

Merde !

La canne de l'inspecteur tomba à terre dans un bruit sourd tandis qu'il se sentait s'évanouir par manque d'air.

" Tout doux, fit une voix qui lui était inconnue. Il ne faut pas le tuer, j'ai des questions pour lui."

Un ricanement retentit alors qu'il s'effondrait, assommé par un violent coup sur le crâne.

Sa vision devint rouge puis lentement, tout s'assombrit.

Il ne devait pas s'être passé des heures. Javert n'avait pas soif, seule une douleur sourde dans la tête lui rappela ce qu'il venait de se passer. Il était assis sur une chaise, il était menotté et incapable de bouger, il possédait encore son uniforme, ce qui était plutôt rassurant.

On ne peut pas torturer efficacement un homme s'il n'est pas nu. Le fouet ripe sur les habits et la lame du couteau s'enfonce mal dans les chairs habillées.

Javert avait appris cela à Toulon, par les témoignages des anciennes victimes de la Terreur. Et par sa propre expérience.

Une main vint saisir ses cheveux et tirer dessus violemment pour lui faire lever la tête. Il ne voyait personne, ses agresseurs se tenaient dans son dos.

Il était dans un hangar. Manifestement, une écurie. Peut-être chez Scaufflaire ? On ne l'avait pas transporté longtemps.

" Alors le cogne ? T'es réveillé ?, " demanda la voix inconnue.

Une gifle le réveilla complètement en effet.

" Va te faire foutre," articula Javert, avant de se prendre encore une gifle.

Mais cela manquait de conviction, gifler par derrière ? C'était une gageure !

Javert eut envie de rire mais se dit que ce n'était pas une bonne idée de le faire.

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