Les larmes des Saphirs

27. Un moment pour craquer.

- Le vrai problème, c'est qu'on ne sait pas contre qui on se bat. Evan m'empêchait de le lâcher du regard. Il ne voulait pas que je fuie cette conversation malgré l'angoisse qui me tenaillait. Il commençait à bien me connaître. Les clans sont très secrets sur leurs membres, encore plus depuis...

- Depuis ce que Mel a fait. Je terminai la phrase à sa place.

- Exactement. Je ne vais pas te mentir, n'importe qui pourrait être derrière tout ça. N'importe qui pourrait appartenir à un clan qui veut ta mort, frissons, ou qui veut t'interroger. Nouveaux frissons. Ils ont sûrement envoyé du monde pour te surveiller, sinon, comment auraient-ils su que tu étais à cette fête ? Ou au manoir ? J'ai pu éliminer certaines personnes, mais la liste est encore longue. Soudainement, une idée me traversa l'esprit.

- Vraiment n'importe qui pourrait me surveiller ? Evan fronça les sourcils, puis hocha la tête. Même quelqu'un au lycée ?

- Depuis ce qu'il s'est passé au manoir, je pense que ce serait surtout au lycée. Cette idée m'arracha une nouvelle salve de frissons. Comment expliquer qu'ils sachent que nous avions séché les cours ? Mais... si tu me poses la question, c'est que tu penses à quelqu'un en particulier ?

- Pas vraiment... entre penser quelque chose et le dire à haute voix, il y avait une grosse différence. C'était un peu comme accuser quelqu'un d'un crime sans avoir aucune preuve. Ce que j'avais déjà fait avec... Evan.

- Amelia, si tu as quelqu'un en tête, dis-le-moi. J'hésitais. Il faut que je sache. J'hésitais toujours. Amelia... pour te protéger, je dois savoir qui pourrait te surveiller.

- Qu'est-ce que tu lui feras ? Il accusa la réponse avec un sourire.

- Je ne vais pas m'en prendre à quelqu'un sans aucune preuve, si c'est ça qui t'inquiète. Il dut lire sur mon visage qu'effectivement, je pensais à ça. Mais je pourrais être attentif à certains signes. Je veux juste que le connard qui a tué ma sœur en paie les conséquences de façon juste et légale. Il me prit la main. Dis-moi à qui tu penses. Je te promets que je ne ferai rien de mal.

- Fais attention à ce que tu promets Evan. Il planta son regard turquoise dans le mien.

- Maintenant que je n'ai plus rien à te cacher, tu peux me croire. Mes promesses, je les tiens toujours. Alors je te promets, il détachait chaque mot, que je ne ferai rien de mal. Tu peux me dire à qui tu penses, cette personne ne risque rien tant que je n'ai aucune preuve. Et même si j'en ai, je viendrai t'en parler. Ça aussi je peux te le promettre. Il avait l'air tellement sincère. Aller, dis-moi à qui tu penses ? Qui pourrait être en train de te surveiller selon toi ? Je soupirai longuement en baissant la tête avant de répondre sous forme interrogative.

- Anthony ? Un silence s'installa entre nous. Evan lâcha ma main et recula d'un pas. Je relevai légèrement la tête et il reprit la parole.

- Ce mec est tellement débile que je n'y avais même pas pensé. L'idée semblait faire son bonhomme de chemin dans sa tête. Et qu'est-ce qui te fait penser à lui ? Je me laissai glisser le long du meuble pour m'asseoir au sol.

- Et bien... il savait pour la fête. En moins d'une seconde, Evan était agenouillé face à moi. Il n'était pas venu parce qu'il ne s'entendait pas super bien avec Ryan, donc il aurait très bien pu m'attendre au bord de la route, ce qui ne colle pas vraiment avec sa jalousie maladive. Et puis pour le manoir, il a bien dû comprendre qu'on était partis ensemble après la dispute dans les couloirs. Peut-être même qu'il a fait exprès pour me faire partir du lycée et avoir un alibi. Repenser à cette dispute m'arracha des frissons. J'étais terriblement blessée et honteuse. Il a été jusqu'à parler à Gaby et à la conseillère... il voulait qu'elles me convainquent de me remettre avec lui, sûrement pour me surveiller un peu plus.