09. Un tournant surprenant.

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Une sorte de routine s'était installée depuis mon emménagement chez les Sawyer au milieu de l'été : mon oncle était souvent en déplacement pour son travail, mais cela ne me dérangeait pas car nous n'avions absolument rien en commun lui et moi, bien qu'il soit le frère de ma mère. Ma première rencontre avec lui avait été plutôt compliquée : John Sawyer était un homme difficile à cerner, froid et plutôt égocentrique. Il était venu à l'hôpital, avait eu l'air vaguement ennuyé par ce qu'il m'arrivait. Évidemment, après avoir discuté avec l'assistante sociale, il était venu me rassurer sur le fait que, si on ne retrouvait pas sa sœur, il prendrait volontiers le relai et s'occuperait de moi.

Par contre, il n'avait pas vraiment fourni beaucoup d'efforts pour me mettre à l'aise : il m'avait posé beaucoup de questions sur ma mère, un peu comme si je savais où elle se trouvait et qu'il cherchait à la retrouver au plus vite (sûrement pour se débarrasser de moi). Quand il a compris que je ne mentais pas, que je n'avais pas eu de nouvelles de ma génitrice depuis ma naissance, il s'était complètement désintéressé de moi et ne semblait plus touché par le sort de sa nièce. Il ne me parlait jamais de sa sœur, ma mère, et se contentait du strict minimum : comment ça va, l'école, les projets d'avenir. Et puis... j'avais l'impression qu'il cachait des choses, des choses importantes que je devrais savoir. Ryan me disait souvent qu'il était très différent avant qu'il n'atteigne ses 16 ans, et qu'il avait toujours des moments plus légers, mais pour le moment, je ne voyais que cette façade froide et distante.

Ma tante Claire, par contre, était une femme vraiment très sympathique. Au premier abord, elle avait été plutôt nerveuse de devoir accueillir cette orpheline dont elle ne savait rien, mais au fur et à mesure, nous avions commencé à créer un lien elle et moi, si bien que je savais qu'en cas de soucis, je pourrais aller la retrouver. Il y avait aussi cette part plus mystérieuse en elle, mais je devais sûrement me montrer patiente. Après tout, il est normal qu'elle stoppe certaines de ses conversations avec oncle John quand je débarque dans une pièce. 

Et que dire de Ryan ? Le cousin parfait ! En quelques mois, nous avions déjà créé cette relation très forte : c'était comme si nous nous étions connus toute notre vie. J'avais réellement l'impression qu'il me comprenait sans que je n'aie à parler, comme si nous avions grandi ensemble. Il disait souvent que c'était parce que le même sang coulait dans nos veines, mais je croyais surtout que c'était parce qu'il était la gentillesse incarnée.

Cette nouvelle routine depuis mon arrivée à Beacon City était devenue encore plus forte depuis cette fameuse discussion avec Anthony. Mon petit-ami était devenu le boyfriend idéal : il me rejoignait tous les matins devant le lycée, à midi à la cafétéria, me proposait de me ramener tous les soirs, mais comme je refusais de monter en voiture avec lui, il ne se fâchait pas. Il ne piquait plus de crises de jalousie, y compris lorsque je lui annonçais que je devais travailler avec Evan sur notre projet. Bon, il faut aussi dire que j'avais prévenu mon partenaire qu'en dehors de notre projet, nous n'avions pas à nous adresser la parole. Je ne voulais pas que la situation s'envenime à nouveau. Mais en dehors de ce petit sacrifice (qui n'en était pas réellement un), je n'avais plus aucune raison de me plaindre d'Anthony, si bien que parfois, nos vieilles disputes me manquaient et j'avais cette envie de créer une tension juste pour pouvoir lui crier dessus. Bien sûr, je ne le faisais jamais par peur des conséquences, mais l'idée me traversait l'esprit parfois.

Les cours se passaient plutôt bien. J'avais de bonnes notes, même si j'étais en retard dans certains cours. Vraiment. Ma vie avait pris un tournant plus tranquille, ce qui n'était pas pour me déplaire après le décès de mon père. Je prenais enfin mes marques dans cette ville, dans ce lycée. Le seul truc qui me posait problème, c'étaient ces maux de tête que j'avais régulièrement. Ils étaient de plus en plus forts, et de plus en plus fréquents. Au début, je pensais que cela venait du traumatisme crânien que j'avais subi au cours de l'accident. Mais après quelques semaines, j'étais trop inquiète, alors j'ai décidé d'aller consulter mon médecin. Il m'a examinée, mais n'a rien trouvé, l'IRM montrait un "cerveau parfait". Il émettait l'hypothèse que je souffrais peut-être de migraines. Pour ma part, je n'y croyais pas, parce que les symptômes des migraines ne sont pas les mêmes que ce que je subissais.

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant