31. La légende.

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Après ce soir-là, nous nous étions mis d'accord avec Evan : tant qu'on ne saurait pas qui a donné l'ordre de m'interroger et/ou de m'éliminer, notre histoire resterait un secret. Cela faisait plusieurs semaines, près de deux mois à vrai dire, que nous trouvions toutes les combines pour nous voir, que ça soit au lycée ou ailleurs. Je n'avais rien dit de façon formelle à Ryan, et il ne me posait pas de questions même lorsqu'Evan venait le soir me retrouver dans le jardin avant que tante Claire ou oncle John ne rentrent. Moins mon cousin en savait, moins d'informations il aurait à donner à son clan, je pense que c'était à nouveau une façon qu'il avait de me protéger.

J'étais plus apaisée, plus sereine grâce à cette petite bulle de légèreté au milieu du marasme de ma vie. Je me méfiais toujours de chaque personne qui me regardait avec un peu trop d'insistance. La paranoïa et l'angoisse étaient toujours là mais je dormais quand même mieux parce que je ne me sentais plus seule face à tout cela. Ryan était très présent lorsque je faisais des crises d'angoisse pendant la nuit, et Evan trouvait toujours une façon de me calmer quand je montais en pression.

Cependant, je gardais toujours un petit secret pour moi : avant même de commencer quoi que ce soit avec Evan, j'avais commencé à recevoir des petits mots anonymes, déposés dans mon casier : « tu ne seras jamais en sécurité » ou encore « tu ne pourras pas nous échapper » et mes préférés étaient du genre « nous savons où tu vis, qui tu côtoies. Nous ne t'accorderons la paix que lorsque tu seras des nôtres. ». J'en recevais parfois plusieurs par jour depuis un petit moment déjà, et je les conservais tous dans une petite boîte sous mon lit. Peut-être que je pourrais en reconnaître l'écriture ou découvrir qui déposait ces "mots doux" dans mon casier en ouvrant un peu plus l'œil ? Au départ, je n'en avais parlé à personne car ça a commencé à l'époque où je me méfiais d'Evan et de Ryan. Et après, j'avais gardé le secret parce que je me voyais mal débarquer avec plusieurs semaines de petits mots. C'était bête, j'en étais totalement consciente, mais un mensonge en entraîne toujours un autre et je m'étais enfermée seule dans celui-là. 

En parallèle, les deux garçons m'aidaient à mieux comprendre le monde magique, ses règles et ses côtés plus positifs aussi. Ryan me parlait beaucoup de la vie dans un clan, des réunions, des discussions, du renforcement de dons. À mes yeux, il y avait beaucoup trop de contraintes à adhérer à un clan, et mon cousin était très honnête en me disant qu'il aurait préféré pouvoir être seul dans son coin lui aussi, mais qu'il n'avait pas le choix, qu'un sorcier ne peut survivre seul, un peu comme un loup solitaire sans sa meute.

Et Evan me parlait de sa vie en tant qu'exilé, une vie bien plus compliquée car plus personne dans son ancien clan (à part sa mère) ne lui faisait confiance et ne voulait lui parler. Mais il se sentait libre de ses choix, ce qui était le plus important pour lui. Il n'y avait plus personne pour lui dicter sa conduite et la ligne directrice à suivre. Le seul hic était qu'il était censé ne pas utiliser ses dons, et qu'il l'avait déjà fait à plusieurs reprises.

Puis nous réfléchissions tous les trois sur le problème que je représentais : étant la fille de Melanie Sawyer, tous les clans impliqués dans cette histoire d'espionnage voulaient mettre la main sur moi. Ils pensaient tous que j'étais une impure (même si ce terme ne me plaisait pas du tout) alors ils s'intéressaient uniquement à ce que je pourrais leur apprendre sur ma génitrice.

- Mais s'ils apprennent que tu as un don, ils vont vouloir te faire rejoindre leurs rangs... coûte que coûte. Cette remarque de Ryan me glaçait le sang. Vu les petits mots que je recevais dans mon casier, quelqu'un était au courant et ce quelqu'un voulait que je le rejoigne. Les émeraudes, son clan, nous ont dit à ma mère et moi de garder un œil sur toi et de guetter l'apparition d'un don.

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant