03. le début d'un cauchemar.

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La voiture fit plusieurs tonneaux avant d'aller s'encastrer contre un arbre. Par chance, seule la partie arrière du véhicule a été écrasée. Heureusement que Gabrielle était repartie de son côté, car elle n'aurait sûrement pas survécu à un tel choc. Lorsque tout s'arrêta, j'étais toujours consciente. Pourtant, les images ne cessaient de revenir dans ma tête. J'aurais juré avoir vu quelqu'un sur le bord de la route attendre que notre voiture arrive à un certain point avant de traverser. Seulement tout est allé si vite que je me dis que c'était mon imagination qui me jouait des tours. Il fallait que je me concentre, que j'analyse la situation. 

Je regardai péniblement autour de moi, et constatai que le pare-brise avait sauté. J'étais toujours attachée sur mon siège, mais ma jambe était coincée par le passage de roue qui s'était enfoncé. Pourtant, je ne sentais absolument rien, même pas un tiraillement. Un vague souvenir d'un épisode d'une série télévisée me vint alors en mémoire : dans certains cas, l'adrénaline fait son effet et anesthésie la douleur pendant un certain laps de temps, ce qui permet à la personne accidentée de se sortir de ce mauvais pas. Oui, j'aimerais bien le faire, mais même en tirant très fort sur ma jambe, je restais coincée, et je ne voyais pas comment je pourrais me sortir de là toute seule. Je devais me calmer. Je devais réfléchir à la situation. Lorsque je regardais au-dehors, je voyais que nous étions perpendiculaires à la route : j'étais au-dessus de mon père.

- Papa... Je n'osais pas le regarder, scrutant les bois à travers le trou béant laissé par le pare-brise. J'avais peur, très peur. Et s'il était... ? Non. Je devais rester calme. Oh hé ! Venez nous aider ! Ma voix était basse, comme si je venais de me réveiller alors que je n'avais jamais été aussi éveillée de ma vie. Papa... Il ne répondait pas. Je n'osais pas le regarder, mais je devais pourtant le faire. Je baissai les yeux dans sa direction. Ses yeux étaient fermés, et sa tête était penchée sur le côté, inerte. Papa ! Cette fois, ma voix se faisait plus forte. Il y a quelqu'un ? Nous avons besoin d'aide ! Mon cœur battait si fort que j'avais peur qu'il sorte de ma poitrine. Papa ! Je tendis un bras et constatai qu'il était couvert de sang. Tant pis. Papa ! Réveille-toi ! Je posai ma main sur son épaule, tout doucement pour ne pas le blesser encore plus. Aidez-nous ! S'il vous plaît ! Appelez les secours ! Je secouais légèrement mon père en m'adressant à la nuit... ou à la personne que je croyais avoir vue sur le bord de la route. Je suis coincée, je ne peux pas bouger ! Aidez-nous s'il vous plaît... Mon père ouvrit les yeux d'un coup en reprenant sa respiration. Oui ! Papa ! Comment tu vas ? Tu peux bouger ?

- Je... qu'est-ce qui... Il regarda brièvement autour de lui et constata que nous avions bel et bien eu un accident. À qui parlais-tu ?

- Papa ! Regarde-moi ! Il tourna la tête et planta ses yeux hagards dans les miens. Calme-toi. Il faut qu'on sorte d'ici. J'ai besoin de ton aide, je suis coincée. Je pensais le ramener à la réalité en disant ça.

- Amelia, à qui parlais-tu ? Pourquoi devenait-il soudainement presque agressif ? Je le regardais sans comprendre, en me disant que c'était sûrement le choc. 

- J'ai cru voir quelqu'un sur le bord de la route, mais avec... je... j'ai dû me faire des idées. Je dis ceci d'une voix posée ce qui contrastait avec la pointe d'angoisse que je pouvais lire dans ses yeux. Est-ce que tu peux bouger ? Tu as mal ? D'une main, il retira sa ceinture de sécurité. Puis il se glissa difficilement hors de la voiture en évitant soigneusement les morceaux de verre éparpillés au sol. Il se redressa sur ses deux jambes : il tenait debout. Doucement ! Fais attention papa ! Tu as peut-être des blessures graves qui... il recula lentement pour voir l'étendue des dégâts. Visiblement, il allait bien, et j'étais soulagée.

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant