05. S'adapter.

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La rentrée scolaire fut une horreur. Enfin... non, j'exagère. Il est vrai que les jeunes de la grande ville n'étaient pas très accueillants avec la petite nouvelle que j'étais, mais j'ai eu la chance d'avoir ma meilleure amie et mon cousin pour me guider. Anthony était encore furieux des insinuations d'Evan, donc il ne m'avait pas parlé de tout le week-end. Et moi, j'avais espéré retrouver l'autre abruti afin d'obtenir mes réponses, mais il s'était volatilisé. 

En dehors des autres élèves qui se fichaient totalement de m'aider à m'intégrer, et des professeurs qui ne cessaient d'écorcher mon prénom *Amelia, ce n'est pourtant pas si compliqué* j'avais toujours ces fichues béquilles qui m'empoisonnaient la vie. Heureusement pour moi, j'avais eu un rendez-vous avec mon médecin le lendemain de la rentrée afin de vérifier si mon genou cicatrisait bien, et j'avais enfin pu abandonner les cannes (mais pas l'atèle géante). Bien sûr, j'allais devoir attendre encore un moment avant de reprendre la danse, mais au moins, les choses commençaient à se mettre en place.

Et petit à petit, au fil de la première semaine, j'ai commencé à prendre mes marques : je ne me perdais plus dans les couloirs du lycée, j'avais réussi à retenir les noms de la plupart de mes professeurs, et je pouvais manger à la cafétéria avec Gabrielle, Ryan et leurs amis. Parfois, Anthony nous rejoignait mais il n'était pas vraiment du genre bavard, ce qui me convenait malgré tout. Je préférais son silence à son agressivité dès qu'un garçon m'adressait la parole.

- Dis, Amelia, tu as quelque chose de prévu comme activité extrascolaire ? Je savais déjà où Gabrielle voulait en venir, mais je voulais la taquiner un peu avant.

- Je me disais que le club d'échecs serait sûrement une bonne idée. Elle me regarda d'un air si choqué que je ne pus m'empêcher d'éclater de rire.

- Je vois, tu te fous de moi ! Elle se mit à rire doucement à son tour. Mais ma question était sérieuse. La moue boudeuse qu'elle m'adressa fit rire tout le monde.

- Je le sais bien. Je me tournai légèrement pour lui faire face. Dès que mon médecin donnera son feu vert, je passerai les auditions pour la troupe de danse du lycée. Cette déclaration me valut les applaudissements de Gaby.

- Est-ce qu'il serait possible de te convaincre aussi de tenter ta chance pour intégrer l'équipe de pompon girls ?

- Bonne idée ! Mon cousin se réjouissait aussi.

- Essaye toujours, on verra si je t'écoute. Je lui adressai un clin d'œil. Puis, d'un coup, je sentis la main de Anthony serrer fortement ma cuisse. Je tournai la tête vers lui en lui faisant un signe pour lui faire comprendre qu'il me faisait mal. Arrête ça ! Je chuchotais pour que personne d'autre ne puisse m'entendre dans le brouhaha de la cafétéria. Malgré ma discrétion, Ryan avait remarqué quelque chose et ne savait pas s'il devait intervenir. Gaby lui a fait un signe de tête pour lui faire comprendre qu'il valait mieux ne rien faire, d'attendre que la tempête passe. Elle avait assisté à tellement de disputes qu'elle savait que rien ne pourrait arrêter Anthony.

- Chérie, t'es sérieuse ? Lui aussi chuchotait. Les pompon girls ? Je connaissais déjà son avis sur la question. Il détestait les pompon girls. Pour lui, elles n'étaient là que pour agiter leurs derrières et se taper les mecs des équipes sportives.

- Anthony, il savait que lorsque je l'appelais par son prénom, c'était que j'étais très sérieuse, on en discutera plus tard. Sauf que cette fois, il avait décidé de ne pas m'écouter.

- Les pompon girls Amelia ? Vraiment ? Il avait un air dégoûté sur le visage. Tu vas aller agiter ton cul devant une bande de machos qui ne vivent que pour marquer des points ?

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant