33. Derrière le brouillard.

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Le moment de calme était bel et bien passé, et la discussion sur le monde magique était bel et bien revenue. Je devais admettre que c'était un peu de ma faute puisque j'avais caché à Evan ces petits mots que je recevais régulièrement. J'avais un peu l'impression d'avoir tout gâché. Maintenant, l'angoisse que je ressentais depuis quelques temps n'était que décuplée, car mon ex-binôme n'était pas du tout rassurant quant aux menaces proférées sur ces mots que je recevais quasiment quotidiennement. Sa sœur en avait, elle aussi reçues, donc il savait un peu de quoi il parlait.

- Tu penses qu'ils pourraient s'en prendre à Ryan ou à toi, dans le but de m'atteindre ? Dans la liste de mes proches, surtout ceux liés à la magie, il ne me restait plus grand monde.

- Ou Gaby. Cela m'arracha un frisson et il me serra un peu plus dans ses bras.

- Mais elle n'est même pas au courant...

- Ils s'en fichent, tant que ça fait pression sur toi. Cela dit, je ne pense pas qu'ils oseraient s'en prendre à ton oncle ou ta tante. Ils sont trop en vue, et ont bien trop d'expérience pour se défendre contrairement à nous.

J'étais dégoûtée. Melanie avait provoqué tant de choses il y a si longtemps ! Et ces choses gâchaient ma vie aujourd'hui !! Jamais elle n'aurait dû faire ce qu'elle a fait. Jamais elle n'aurait dû espionner, trahir les autres, avoir un enfant et partir comme une lâche pour revenir des années plus tard et recommencer. Aujourd'hui, celle qui en payait les conséquences, c'était moi, et je commençais à me dire que la mort de mon père était aussi en partie à cause de Melanie. Cette pensée s'insinuait en moi depuis quelques temps déjà, et à chaque coup de colère, je le sentais de plus en plus, et je ne pouvais pas empêcher cette idée de grandir en moi.

- Bon, écoute. Il va falloir qu'on passe à la vitesse supérieure. Emmitouflée dans ma couverture, je regardais Evan qui remettait son t-shirt sans comprendre de quoi il parlait. Lorsqu'il posa son regard sur moi, il dut lire sur mon visage mon incompréhension. Il va falloir t'apprendre à provoquer tes visions. On ne sait jamais, tu pourrais en avoir une de ceux qui te surveillent et on pourra enfin agir.

- M'apprendre à provoquer des visions... mais bien sûr. À mon tour, je me redressai pour me rhabiller tout en me cachant sous la couverture. J'en ai eu une sans faire exprès et voilà que tu veux que je devienne une usine à visions.

- Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais ça fait un moment que tu essayes de les refouler tes visions. Tôt ou tard, tu vas devoir apprendre à les contrôler, les laisser venir sans pour autant qu'elles ne te submergent. Alors autant commencer maintenant. Je le regardai alors qu'il se dirigeait vers mon bureau. Il prit ma veste qui était posée sur le dossier de la chaise et me la tendit. Aller, on y va.

- On va où ?

- Quelque part où tu seras dans le bon état d'esprit.

Il n'ajouta rien de plus pendant un petit moment. Ni en quittant la maison des Sawyer, ni sur le trajet. Nous marchions donc en silence, mais l'envie de lui demander comment il comptait s'y prendre se faisait de plus en plus pressante au fur et à mesure de notre avancée. Je comprenais où il voulait m'emmener (je connaissais ce chemin par cœur), mais je ne comprenais pas pourquoi il m'emmenait là-bas. Puis, après une dizaine de minutes, il me prit la main. *Cœur qui bat la chamade.* C'était tout ce qu'il me fallait pour avoir le courage de lui demander ce qu'il avait en tête. Il ne tarda pas à m'expliquer.

- Tu te souviens de la légende ?

- Celle des quatre personnes dans la grotte ? Je ne le regardais que du coin de l'œil. Le jour commençait à décliner, et je ne voulais pas m'encoubler bêtement en marchant.

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant