04. Le début d'une nouvelle vie.

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- Viens ! Entre donc Amelia. Ma tante faisait tout son possible pour que je sois à l'aise. J'avais de la peine pour elle car j'avais cette furieuse impression que je ne serai jamais à l'aise dans cette maison. Tu es chez toi désormais.

Je n'avais pas décroché un seul mot depuis notre départ de l'hôpital. À vrai dire, je n'avais pas décroché un mot depuis ce soir-là. Mon père était mort, mais ce n'était pas l'accident de voiture qui l'avait tué. Non. C'était autre chose, et j'étais sûre que ça avait un rapport avec cet homme que j'avais vu sur le bord de la route. Et j'étais sûre aussi que l'autre abruti (qui avait refusé de me dire son nom à la fête en savait beaucoup plus que ce qu'il m'avait avoué cette nuit-là. Il m'avait promis de me raconter ce qu'il savait, mais cela faisait un mois que je restais toujours sans nouvelles de sa part. 

Perchée sur mes béquilles, j'entrai dans la maison des Sawyer, une maison dans laquelle je suis déjà venue, il y a tout juste un mois. C'était pour une fête. LA fête. J'avais bel et bien raison. Ryan Sawyer faisait partie de la famille de Melanie, ma génitrice. C'était son neveu... ou mon cousin. En fait, le père de Ryan était le frère de ma mère. Le monde est petit dit-on. Je trouve qu'il est vraiment minuscule.

Je suis restée un mois à l'hôpital. J'avais une hémorragie interne due au choc de l'impact. J'avais une jambe dans un très sale état pour lequel j'avais subi deux opérations, et un bras lacéré par les bris de verre. La fenêtre de mon côté avait explosé. Mais la raison pour laquelle ils m'avaient gardée si longtemps était que je ne pouvais pas rentrer chez moi seule. À seize ans, blessée comme je l'étais, ils ne voulaient pas me laisser m'occuper de moi-même. Ils ont tenté de retrouver ma mère, mais au lieu de ça, la semaine précédente, c'était mon oncle qu'ils avaient contacté. Un oncle dont je ne savais rien. Un oncle qui était parti en voyage d'affaires et qui avait laissé le soin à sa femme, cette tante que je ne connaissais pas non plus, de m'accueillir dans leur maison. Je croyais avoir touché le fond avec le décès de mon père, mais apparemment, ça pouvait être pire. J'avais maintenant un mois pour m'acclimater à ce nouvel environnement, et après ça, je retournerais en cours... mais pas dans mon ancien lycée, non. J'allais aussi devoir changer d'école. De vie.

Dans ce marasme de noirceur, il y avait quand même un point positif : j'irais dans le même lycée que Gabrielle, ma meilleure amie et Anthony, mon petit ami. C'étaient mes seuls et uniques points de repère. Gaby avait d'ailleurs promis de passer me rendre visite chez les Sawyer dès mon arrivée, tandis que Anthony voulait systématiquement que je le rejoigne quelque part en ville. Il ne voulait pas venir chez les Sawyer. Lui et son sale caractère... ma tante semblait pourtant être une gentille femme. En tout cas, elle se montrait très gentille avec moi.

- Voilà, c'est ta chambre. Elle était plantée là, devant la porte tandis que j'y entrais péniblement avec mes béquilles. Je sais que ce n'est pas très décoré, mais nous avons pensé que tu pourrais le faire toi-même, à ton image. En gros, elle et son mari ne savaient pas ce que j'aime, et ils ne voulaient pas me mettre des posters de Justin Bieber alors que je suis en réalité fane de Paramore. C'était gentil à eux de penser à ça. Mets-toi à l'aise, commence tranquillement à t'installer. Ryan va arriver avec une première valise et demain, nous irons chercher d'autres affaires chez toi si tu le veux. Elle avait ce ton doux de la mère poule qui tente de réconforter un enfant. Mais je sentais aussi la nervosité. Après tout, ce n'est pas une chose aisée que de se retrouver du jour au lendemain à devoir s'occuper d'une adolescente orpheline dont on ignorait l'existence.

Elle quitta l'encadrement de la porte discrètement tandis que je m'asseyais sur le lit. Être debout était toujours difficile. Je regardai autour de moi ce qui me donna envie de pleurer. *Je ne dois pas craquer, je ne dois pas craquer.* Je devais réfréner mes larmes car il était hors de question de me mettre à pleurer. *Sois forte Amelia !* 

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant