08. Une discussion s'impose.

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Le Lieu des Saveurs était un petit bar à café situé à quelques centaines de mètres du lycée. Sur la devanture était dessiné en gros le nom du café, puis, juste en-dessous, une version abrégée accolée à un hashtag « #LLdS ». Les propriétaires nous incitaient à poster sur les réseaux sociaux en utilisant ce code #LLdS afin de promouvoir leur établissement. J'aimais beaucoup venir ici, car c'était convivial, jovial et que nous étions toujours bien servis. Les tables étaient en bois, et les propriétaires avaient collé des morceaux de mappes-monde sur chacune d'elles : près de la porte, une carte de l'Afrique, indiquant où se trouvent les meilleurs crus de cafés ; contre la fenêtre se succédaient l'Europe et une partie de l'Asie. On pouvait ainsi savoir d'où provenait chaque arabica proposé dans l'établissement. Les chaises étaient elles aussi en bois foncé.

À l'intérieur, le comptoir également en bois verni avait une teinte un peu plus claire que les tables et les chaises. On pouvait voir la vieille machine à café, chromée comme celles que l'on trouvait dans les diners dans les années 70. Elle était énorme, mais magnifique je dois dire. Dès qu'on pénétrait dans l'établissement, une légère odeur de café nous arrivait : c'était doux et fort à la fois, mais pas une odeur trop prenante qui donne le tournis. Bien sûr, au fil du temps, Le Lieu des Saveurs avait étendu son offre et proposait désormais du thé, des sodas en bouteilles mais aussi de quoi grignoter : cookies, brownies, sandwichs ou viennoiseries.

J'étais assise à une table près du comptoir, scrutant le continent Africain que je ne connaissais que très mal. Apparemment, les meilleurs cafés viennent d'Ethiopie. Pour l'avoir goûté, je peux dire qu'effectivement, celui que j'avais en face de moi l'un de mes préférés. Je l'accompagnais d'un verre d'eau afin de ne pas tâcher mes dents. J'attendais patiemment qu'Anthony fasse son apparition afin que nous puissions discuter. Cela faisait trois jours que je refusais de lui adresser la parole, mais j'avais accepté de le retrouver ici après les cours afin de discuter de "l'incident" comme il aimait appeler ça.

- Je ne pensais pas te trouver ici. Ce n'était pas la voix de mon petit ami.

- S'il te plaît Evan, laisse-moi. *Pas maintenant. Fiche-moi la paix, ou tu vas encore tout gâcher.* Je ne savais pas si le jeune homme allait me laisser tranquille ou s'il allait attiser un peu plus la colère d'Anthony. J'attends quelqu'un.

- Et ce quelqu'un serait-il un gros connard impulsif et incapable de faire confiance ? Pour toute réponse, je lui adressai un regard noir et un soupir. En même temps, le connaissant, je comprends pourquoi il est aussi jaloux : aucune fille saine d'esprit ne voudra de lui. Il sait que s'il gâche cette relation avec toi, il est foutu.

- Et maintenant tu insinues que je suis folle de rester avec lui... et bien merci ! Et bonne soirée. Sa pique m'avait atteinte. Même si une part de moi savait que je ne devrais pas être aussi gentille avec Anthony, le fait qu'on me le jette en pleine figure me faisait mal.

- Non, non ! Ce n'est pas ça que je voulais dire, ce n'est pas toi qui... Alors qu'Evan essayait de s'excuser, je lui fis un petit signe pour lui faire comprendre que mon petit ami était sur le point d'arriver. Ok, je dégage, mais on n'en restera pas là, toi et moi.

C'était sympa de la part d'Evan de ne pas se faire prier, de ne pas chercher à provoquer Anthony. Je pense qu'il avait eu un peu peur la dernière fois et que ça l'avait calmé dans ses envie de faire chier au monde. Il me fit un petit signe de la main et alla s'asseoir à une table de l'autre côté de l'établissement. Mon petit ami poussa la porte et me trouva du regard sans avoir à chercher. Il vint s'asseoir sans passer par le comptoir pour passer commande.

Les larmes des SaphirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant