Chapitre 3

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Maxine

Jeudi 2 septembre 2021

Je fermais la porte de l'appartement et dévala les trois étages rapidement, mon sac sur l'épaule, mon téléphone dans la main, il fallait maintenant que je me repère dans le dédale du labyrinthe qu'était le métro parisien.

Je ne pensais pas me retrouver face à Mathieu dès le réveil, je n'avais pas beaucoup dormi cette nuit et j'avais pu constater que la lumière de sa chambre était restée longtemps allumée lorsque j'étais allée aux toilettes vers une heure de matin.

Il n'avait pas l'air désagréable, mais j'avais compris que ce n'était pas un gros causeur. Il ne s'était même pas présenté à moi lorsque mon frère lui a indiqué ma présence hier, c'est à peine s'il avait quitté l'écran de la télévision pour me regarder. Il n'avait aucune expression, ses traits lisses, ses yeux marrons et sa barbe de trois jours, qui n'était pas vraiment entretenue, toujours une casquette vissée sur la tête. J'avais déjà vu des photos de lui, Marcel m'avait déjà montré des photos de ses potes. Le grand blond décoloré était le chef de meute.

C'était le meneur et ça se voyait, personne ne faisait rien sans son aval, même l'appartement c'était lui qui gérait tout. En pensant à l'appartement, je devais absolument lui faire son foutu virement aujourd'hui, ma banque demandait un délai de 24 heures pour ajouter un bénéficiaire. Je demanderais à Marcel de m'avancer si le virement n'arrivait pas à temps. Je n'avais pas envie d'être foutue à la porte au bout de deux jours, j'avais tout de même besoin d'un toit sur ma tête.

Le métro à Paris était proche de l'image que j'avais de l'enfer, bondé, étroit, odeur nauséabonde. Les gens ne prenaient pas de douche ou c'était en option ? Coincée entre deux personnes d'au moins 1 mètre 80, je peinais à regarder les stations défiler sur l'écran pour savoir à laquelle je devais sortir. A tous les coups j'allais me tromper et j'allais galérer à arriver sur le campus.

J'avais repéré deux filles avec un ordinateur qui dépassait de leur sac, j'avais bon espoir qu'elles aillent au même endroit que moi et que je puisse les suivre. A l'arrêt suivant, elles poussèrent les gens pour sortir, j'en profitais pour déguerpir également de la rame. Pour une fois, mon karma m'avait à la bonne, j'avais trouvé la bonne sortie et j'étais arrivée sur le campus.

Je trouvais rapidement la fac de droit, un énorme bâtiment carré en brique, couleur rouille, des statues sculptées tout en haut et une immense porte en métal noir arrondis pour accueillir les étudiants avec une banderole « bienvenue » au-dessus. Le stress montait en moi rapidement, c'était beaucoup plus grand que ce que j'imaginais. L'intérieur du bâtiment grouillait déjà de jeunes, la tête en l'air pour inspecter les lieux ou sur leur téléphone à pianoter des messages à envoyer à leurs amis... la chance...

Le sol était carrelé avec de grandes dalles claires qui faisaient par endroit des motifs carrés de la même couleur rouille que la façade. Les escaliers centraux étaient pourvus d'une rambarde en fer forgée noire magnifique qui faisait des arabesques sur toute la longueur.

Je trouvais l'amphithéâtre qui allait être ma nouvelle maison pendant quelques temps, les bancs en bois étaient durs et le lieu déjà bien complet. Je m'installai dans une des rares allées vides et j'ouvris mon ordinateur sur une page Word vierge et j'attendis patiemment l'arrivée du professeur.

- Je peux m'installer ?

Je relevais la tête vers une jeune fille aux longs cheveux châtains et aux yeux marrons, elle portait un pull gris et avait sous son bras un IPad et un cahier.

- Oui bien sûr. Bafouillais-je en déplaçant mes affaires.

- Je m'appelle Léna. Tu viens d'où ? Me demanda-t-elle.

CIGARETTE - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant