Chapitre 10

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Mathieu

Jeudi 16 septembre 2021

L'avantage du jeudi c'était que je terminais tôt, ça me permettait de rentrer pour retrouver mes gars et bosser les sons. J'avais reçu ma démo que j'avais enregistré samedi mais avec le taff j'avais pas eu le temps d'écouter ce que ça donnait. Le boss était sur mon dos depuis la scène de Solenne la semaine dernière. Ce connard m'appelait Don Juan, comme si j'en avais quelque chose à foutre de son don Juan, je me tapais surement plus de nanas que lui dans toute sa vie de vieux de 60 piges.

Il était enfin temps pour moi de rentrer, j'étais claqué et j'avais envie d'écouter des nouvelles prod' que j'avais repéré. Il y avait une battle ce week-end dans un parking en banlieue, plusieurs têtes avaient été repérées, dont la mienne. Ils pouvaient y avoir des gens venus pour recruter de la chair fraiche et bordel j'avais besoin d'être repéré pour quitter ce job de merde.

Je venais de retirer mon uniforme de travail et j'essayais avec une vieille serviette sale de retirer le noir que j'avais sur les doigts et sous les ongles. C'était vraiment de la merde je supportais pas avoir l'air crade. Je vissais ma casquette sur ma tête et quittais les lieux.

- He attend !

Je me retournais pour voir un de mes collègues apparaitre par la sortie de secours. Je soufflais déjà intérieurement, j'avais fait mes heures je voulais plus parler huile de moteur et pneus lisses surtout avec des connards avec qui je travaillais.

- Tu m'avais dit que tu voulais te faire un peu de blé rapidement, t'es dispo dimanche pour un petit job qui paye bien ? Me demanda Adrien.

- Dimanche ? Explique. Répondis-je en faisant marche arrière vers lui.

Il sortit du bâtiment en taule et claqua la porte, l'arrière du bâtiment puait de cambouis et la rouille, j'avais hâte de me casser, mais ce petit con avait attisé ma curiosité.

- Faudrait juste transporter un sac d'un endroit à un autre, t'es payé à la livraison. C'est super simple et bien payé.

- Gros, commençait en souriant, tu me demandes de faire la mule ?

- Je te demande de transporter un sac contre un peu d'oseille, tu dois bien récupérer de la thune pour percer dans la musique non ?

Ce connard savait que j'avais besoin d'argent... C'est vrai qu'avec quelques billets en plus je pourrais me payer quelques heures dans un studio, envoyer des maquettes à des maisons de disque, aider Léna pour trouver un appartement. C'était pas avec le salaire de misère que me donnait l'autre que j'allais pouvoir sortir du garage.

- C'est safe ton truc ?

- Je te le jure, tiens c'est un prépayé avec mon num déjà enregistré, je t'envoie un message dimanche matin avec l'adresse.

Il me tendit un vieux bigo à clapet, je savais même pas que ça existait encore. Je regardais le mec en face de moi, ses cheveux gras et ses chtars sur la gueule, il m'inspirait pas confiance. Après je pouvais le faire une fois et refuser ensuite, j'avais rien signé.

- Je te redis demain. Lui annonçais-je en m'emparant du téléphone.

Il souriait et retournait dans le garage, je planquais l'appareil dans ma poche, sortis une cigarette de mon paquet et l'alluma en marchant en direction de l'appartement. Cette idée d'aller faire la mule pour de l'oseille ne m'enchantait pas vraiment, si j'en parlais aux gars ils allaient me dire que c'était une mauvaise idée, en attendant quelques billets ne feraient pas de mal.

CIGARETTE - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant