Chapitre 23

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Maxine

Mercredi 20 octobre 2021

Si j'avais trouvé la coloc horrible en arrivant, c'était mille fois pire ici. Une vieille chambre de bonne au 6ème et dernier étage d'un immeuble sans ascenseur, les chiottes sur le palier et à peine de quoi faire le tour de moi-même sans me taper la tête contre la mansarde. J'avais trouvé cette sous-location en dernière minute, ultra cher, hors de mes moyens mais je n'avais malheureusement pas eu le choix. Je ne pouvais plus les voir, je ne pouvais plus supporter le regard plein de déception de mon frère, le regard de dégout de Mathieu envers moi, les questions des deux autres.

J'avais pleuré tellement fort en posant mon sac ici que le voisin avait tapé sur la cloison pour que j'arrête de faire du bruit. J'avais posé mes quelques affaires sur l'unique étagère et branché ma veilleuse pour essayer d'avoir l'impression d'être chez moi. Ma chambre me manquait terriblement, les cris des garçons qui jouaient à Fifa, les tasses de cafés et les cendriers pleins éparpillés partout dans l'appartement, le frigo toujours plein grâce à Yvick, mon frère toujours présent qui me permettait de retrouver le sourire petit à petit.

Pourquoi est-ce que j'avais parlé à Mathieu ? J'aurais dû le laisser en dehors de ma vie, ne pas répondre à ses questions, ne pas m'approcher de lui, ne pas pleurer dans ses bras. Quand il m'avait demandé de lui payer le loyer alors que mes larmes glissaient encore dans son cou jusqu'à tacher son pull, je m'étais sentie humiliée, rejetée, comme s'il ne comprenait finalement pas ma peine. Il m'avait parlé de Léna, qu'il ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose comme moi et j'avais pris ça comme une faille dans sa carapace de connard et j'avais l'impression de pouvoir lui faire confiance.

J'avais tort, mais je ne regrettais pas de l'avoir mis face à Léna avec ses putains de conquêtes. De toute façon, même en ayant vu cette facette de sa personnalité, elle était toujours aussi fan de son frère, elle l'idéalisait toujours. Lui dire que j'avais quitté l'appartement à cause de cette scène, elle avait voulu intervenir pour le faire changer d'avis mais j'avais refusé. C'était son choix et je devais le respecter, je savais que le début allait être difficile, seule ici, mais au final, c'était un mal pour un bien.

Je regardais par la minuscule fenêtre de ma cabane, une petite vue sur les toits de Paris, la nuit qui commençait à tomber et les lumières dans les appartements qui s'allumaient lentement, les unes après les autres. Finalement à part la fenêtre j'avais l'impression d'être de retour dans cette putain de cave. Dès que je m'attachais à des gens il fallait que la vie me foute une droite et que je me retrouve à nouveau seule, rejetée, éloignée, blessée... Je l'avais peut-être méritée cette vie méprisable, j'aurais peut-être dû y rester au fin fond de cette cave, la tête dans la bassine...

J'allumais mon ordinateur et repris mes cours, la dernière chose qui me rattachait à un peu de vie sociale et qui me retirait les idées noires qui me traversaient encore et toujours la tête.

***

Jeudi 21 octobre 2021

- Tu viens ce soir ? Me demanda Léna pendant la pause déjeunée.

- Qu'est-ce qu'il y a ce soir ?

- Math va à la radio, il y a un artiste qui laisse régulièrement le micro à des jeunes dans le public, il y va avec Marcel et il m'a demandé de venir.

- Je pense pas être invitée tu sais... Répondis-je tristement.

Je n'avais déjà pas beaucoup envie de bouger ce n'était pas pour me faire à nouveau rejeter par Mathieu. S'il demandait à Marcel de choisir, je suis certaine que mon jumeau préférerait le décoloré à moi.

CIGARETTE - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant