CIGARETTE - PLK

Chapitre 9

Maxine

Dimanche 12 septembre 2021

Je n'avais revu personne jusqu'au lendemain soir, Marcel s'était refermé comme une huitre, dégouté de ne pas avoir fait partie du clan pour la balade en voiture. Personne n'avait voulu me dire ce qu'il se passait, de ce que je comprenais Mathieu avait un rendez-vous important et il avait besoin de ses potes. Son rendez-vous le stressait tellement qu'il s'était énervé tout seul là au milieu.

Mon frangin avait fini sur le canapé à hurler contre Fifa en accumulant les cigarettes tout en observant l'écran de son téléphone. J'avais travaillé dans ma chambre et j'avais entendu les colocataires rentrer vers 3 heures, puis tout le monde aller dormir. Vers 4 heures je m'étais levée pour aller aux toilettes et j'avais pu constater que la lumière était encore allumée dans la chambre de Mathieu. Après une brève envie de le déranger, je retournais dans ma chambre et fermais la porte, je n'avais pas envie de me prendre une nouvelle pique avec son humeur insupportable.

Le dimanche était arrivé rapidement et à 8 heures je n'avais déjà plus envie de dormir, j'avais fini dans la cuisine à préparer des pancakes avant d'aller à la salle de sport. J'avais grand espoir de motiver Marcel à m'accompagner mais je savais qu'il allait travailler de nuit ce soir donc il allait avoir envie de comater sur le canapé toute la journée avec ses potes.

J'avais terminé ma préparation avec deux yaourts natures et de la levure pour qu'ils montent bien, j'étais assez surprise d'ailleurs de trouver des sachets de levure dans cet appartement masculin. J'attaquais la cuisson sur une poêle bien chaude, l'odeur me faisait déjà saliver. Je faisais souvent des pancakes à ma colocataire lyonnaise. Penser à Lyon me faisait un pincement au cœur, ça restait toujours compliqué de repenser à cette vie que j'avais avant d'arriver ici. Même si je savais que j'étais en sécurité ici, j'étais toujours nostalgique. Mon départ précipité n'avait malheureusement pas aidé.

Je soupirais en repensant à cette époque, je revoyais mes anciennes amies, devenues bourreaux... Rien que le mot me faisait frissonner.

- Ça sent bon ton truc.

Je sursautais en me retournant, Yvick était en face de moi, son immense sourire illuminait son visage dès le matin. Je n'avais pas l'occasion de beaucoup le voir avec son travail de nuit, on était sorti avec lui vendredi soir pour laisser l'appartement de libre à Mathieu, on était allé boire un verre dans un bar sportif, mais au final on avait regardé le match de foot sans vraiment discuter.

- Si tu cuisines tous les dimanches, on va jamais vouloir que tu t'arrêtes tu sais. Continua-t-il en s'approchant de l'assiette où reposait les pancakes cuits. 

- Je connais pas énormément de recettes, tu vas vite te lasser. 

- Te dénigre pas, t'es qu'avec des mecs ici, savoir cuire des œufs c'est déjà un truc de fou. Ria-t-il en s'emparant d'un petit pancake. 

- C'est gentil.

J'étais gênée et je ne savais même pas quoi répondre à ça.

- Je vais voir ma daronne, je t'en pique deux de plus pour le voyage. La bise la frangine.

- La frangine ? Demandais-je en me tournant vers lui, la spatule encore entre les mains.

- Lesram t'appelle comme ça, obligée de faire pareil.

Il quitta l'appartement, la bouche pleine de la pâtisserie que j'avais préparée. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, la remarque d'Yvick m'avait touchée, il était gentil avec moi. Cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas fait un compliment.