Chapitre 7

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Maxine

Dimanche 5 septembre 2021

Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit, après avoir crié sur Mathieu j'avais accouru dans ma chambre, j'avais fermé la porte à clef et je m'étais laissée tomber contre le mur. Sentir sa force sur mon poignet m'avait replongé plusieurs mois en arrière et je ne voulais pas de ça. Mon corps tremblait et j'avais du mal à ne pas maintenir mes yeux secs. Marcel n'était jamais là quand j'avais besoin de lui.

Il était plus de trois heures du matin lorsque j'arrivais enfin à me redresser pour me glisser sous la couette. Un bruit attira mon attention, je me tournais pour voir une feuille être glissée sous ma porte. Je séchais mes yeux et me dirigea vers le mot qui dépassait de l'ouverture. C'était une simple feuille de papier, pliée en deux. Je me baissais pour la récupérer et l'ouvrit « déso ».

Je soupirais. Une personne normale ne lui aurait jamais crié dessus pour un truc aussi débile que de m'avoir attrapé le bras. Ce n'était même pas méchant, il n'avait même pas mis de force dans son geste. Mais cela m'avait ramené là où je ne voulais plus aller. Les souvenirs remplissaient à nouveau mon esprit, la pièce devenait à présente trop petite, l'air me manquait, je finissais à genoux sur le parquet. Je ne pouvais pas à nouveau faire une crise d'angoisse, pas maintenant, pas sans Marcel.

Je parvenais difficilement à ma table de nuit et alluma ma veilleuse. Sa douce lumière bleue envahissait l'espace, je pouvais voir les murs, le placard, mon lit, mon bureau. Doucement, mon rythme cardiaque revenait à peu près à la normale, je me frottais les oreilles pour faire disparaitre le bourdonnement, et j'expirais doucement l'air contenu dans mes poumons pour me calmer.

Je repris entre mes mains le mot de Mathieu « déso », était-il désolé de m'avoir pris le bras ou était-il désolé parce qu'il savait ? J'avais demandé à Marcel de ne rien dire de ma venue à Paris et de ce qu'il s'était passé à Lyon. Mais ces trois gars étaient ses meilleurs amis, il aurait pu facilement leur raconter la vérité lors d'une soirée un peu arrosée. Je n'avais pas envie d'être la fille seule, dépressive, à problème, celle un peu bizarre qu'on met de côté. Même le décoloré avait fini par se rendre compte que je ne souriais que très rarement et qu'il y avait quelque chose de pas normal chez moi. On ne quitte jamais la ville dans laquelle on est depuis ses 18 ans sans raison, surtout pour la capitale.

Je savais que le sommeil ne viendrait pas cette nuit, il n'y avait pas un bruit dans l'appartement, Yvick et Lisko avaient dû passer la soirée dehors, ils ne reviendront que demain matin. J'étais donc seule. Seule avec Mathieu dans la chambre juste à côté. Je soupirais, pourquoi n'avait-il pas de nana à aller sauter ce soir ?

J'avais envie de manger quelque chose, quitte à être debout toute la nuit autant grignoter quelque chose devant une série pour me changer les idées. Je déverrouillai ma porte pour me rendre dans la cuisine, un regard à gauche, la lumière de la chambre de Mathieu était éteinte, tant mieux.

Plongée dans le noir, je m'orientais avec la torche de mon téléphone dans le couloir. Cependant je me rendis rapidement compte qu'il y avait une faible lumière qui émanait du salon, arrivée dans la pièce à vivre, je découvris Mathieu, casque posé sur les oreilles, une petite lampe allumée à côté de lui, cigarette à la main, stylo dans l'autre, il bougeait la tête en rythme en écrivant sur un carnet. Il ne dormait pas non plus, il était tellement concentré qu'il ne m'avait pas vu arriver. Je secouai ma lumière et il leva le visage vers moi. Les cernes marqués sous ses yeux montraient il n'avait pas réussi à dormir non plus. Il enleva son casque qu'il laissa pendre autour de son cou.

- Excuse-moi pour tout à l'heure, je n'aurais pas dû crier. Murmurais-je.

- Pas de mal.

CIGARETTE - PLKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant