70. Sacrifice

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La forêt aux grands arbres protégeait la vingtaine de soldats qui subsistait et attendait un signal de la capitale. Cela faisait un mois qui avait élu domicile dans les bois afin de cacher leur prisonnier. A la tête, le caporal-chef Livai qui se retenait chaque jour de faire la misère au blond barbu binoclard afin de tenir sa promesse. 

Le temps était long. Un mois débarqué sur cette île après leur grand retour et il sentait que la situation devait s'embourber du côté de ses camarades. 

Livai soupira fermement, assis avec nonchalance en écoutant le charabia que lui comptait l'aîné de Grisha Jaeger. Il inspectait ses réactions impassibles et la froideur de l'homme l'énerva encore plus. Ils étaient séparés par un feu de bois, au milieu de leur camp. Des soldats armés étaient éparpillés un peu partout pour assurer leur protection. 

Sieg finissait d'expliquer comment il avait transformé un village entier en titan, se servant de son liquide cérébro-spinale et de son pouvoir pour leur donner des ordres. Les titans étaient désormais liés à lui et lui obéissaient, sous sa volonté. 

Le caporal releva son visage sévère, les sourcils excessivement plissés et le ton glacial. Sa tête lui semblait lourde car il avait l'impression qu'il était le seul homme, dans cette conversation, à ressentir une once d'humanité. 

- Ce "patelin", pour ta gouverne, il s'appelait Ragako, siffla-t-il. Tâche de t'en souvenir, barbu. T'as massacré tous ces habitants, je te signale! 

- Oui... C'était un sacrifice nécessaire. Je n'avais pas le choix. Si les Mahrs s'étaient doutés que j'œuvrais pour le renouveau d'Eldia, jamais je n'aurai pu mettre en œuvre tout ce que je prévoyais pour apporter l'espoir à cette île. Mais... tout ça, je te l'ai déjà expliqué après qu'on ait débarqué. Pourquoi tu me fais répéter? 

- Parce que je ne perçois pas la moindre once de remords en toi, pesta Livai. Je ne sais pas si t'as vraiment l'intension de tirer Eldia de la mouise. Mais en tout cas, tu te fous clairement de nos vies. 

- Tu ne dois pas avoir de succès auprès de la gente féminine, toi. Un conseil: cesse de présumer les sentiments d'autrui.

Le regard de Livai roula sur le côté mais ne laissa pas au blond le temps de déchiffrer ses arrières pensées, ses mains se joignants devant lui. 

- Tch... Parle pas de choses dont tu ne sais rien, enfoiré!

- Ah oui? J'avais failli oublier...

Un bond de confiance envahit le barbu et un sourire éclaira son visage. Il retira ses lunettes pour les essuyer. Il continua sans hésitation: 

- Je me demande bien ce qu'elle a pu te trouver...

Inconsciemment, Livai recula ses mains liées vers lui en dissimulant sa main gauche. Le blond laissait la discussion en suspens et le noiraud allait renchérir, agacé, mais il fut interrompu, le plongeant dans un profond malaise: 

- La capitaine Violet Jeder. 

Un long frisson glacial traversa sa colonne pour se figer dans son cœur. Il puisa dans ses forces pour ne rien laisser transparaître après avoir entendu le nom de sa femme prononcé par la bouche de son pire ennemi. 

- Enfin bref, continua Sieg nullement impressionné par les yeux menaçant en face de lui. Quand est-ce que je pourrais enfin rencontrer Eren pour qu'on procède enfin à cet essai? 

Aucune réponse, le caporal restait silencieux. Son expression était indescriptible. Sieg n'arrivait pas à savoir si c'était de la haine ou de l'inquiétude dans son regard. 

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant