52. Fraternité

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Trost, cette ville où j'habitais autrefois dans le quartier général du bataillon. Je me rendais compte qu'à part rester dans la bâtisse ou virevolter entre les maisons, je ne connaissais pas vraiment ce district. En fait, je n'étais pas vraiment intéressée par ce qui m'entourait à l'époque. Il n'y avait que les titans et l'extérieur des murs qui comptaient. Et me voilà, devenant une habitante comme une autre, sans que personne ne sache mon passé et mes victoires. Je suis juste quelqu'un de tout à fait banal et que personne ne me connait. 

Je sais que le quartier général est quasiment vide. Cela faisait un an que je ne l'avais pas vu et je n'ai plus de raisons d'y retourner. Je passe devant après avoir jeté un simple coup d'œil à la fenêtre qui était l'ancienne chambre de Livai où je me rendais quelques soirs par mois. Cela me paraît être une autre époque désormais.

J'avais juste à marcher encore quelques rues pour arriver devant le cimetière des soldats qui ont donné leur vie lors des expéditions. C'était des centaines de tombes quasiment identiques qui étaient alignées et serrées les unes aux autres. Je marche lentement dans l'allée en lisant rapidement chaque nom. 

Puis je m'arrêtais devant l'une d'entre elle qui avait été fleuri récemment. Benedict... Son père devait venir régulièrement la voir. Après tout, elle était sa seule enfant. J'avais réussi à faire enterrer Kiama juste à côté d'elle pour qu'elles soient ensemble pour l'éternité. Elles étaient toujours collées l'une à l'autre à se raconter des ragots. Je sortis deux pensées de mon panier pour les déposer délicatement au sol. 

De toute ma promotion et de mon escouade, il ne restait plus que moi et Iris. Nifa, Romain, Keiji, Abel, Marie, Hannah, Moblit et tant d'autres... J'ai déposé une fleur devant chacune de leur tombe, certaine n'avait même pas vraiment de corps à l'intérieur. 

Je me sentais si seule. J'ai grandi avec tous ces gens. Ce sont eux qui m'ont fait sourire pour la première fois. Je suis devenue plus forte grâce à eux. Je ressentais comme un vide dans ma poitrine. Je dépose un baiser sur le front de mon fils qui dormait paisiblement contre moi. 

Je rebroussais chemin avant de m'arrêter près de l'entrée du cimetière. Je reconnus une silhouette familière au bout de l'allée qui s'approchait de moi. Mon cœur rata un battement dès que je reconnus mon frère ainé, Gilbert. Il m'avait remarqué également et arriva à ma hauteur d'un air calme. Il avait perdu son expression hautaine et froide pour quelque chose de plus mélancolique. Il avait l'air fatigué. Son visage était creusé. C'était étrange, il ne dégageait plus la même chose. 

Pourtant, notre dernière rencontre, qui datait désormais d'il y a deux ans, avait été assez houleuse. Livai l'avait envoyé baladé, lui et mon frère, qui étaient venus me chercher pour me ramener à la maison. Mais bon, je pense qu'à ce stade, ils ont juste tassé l'affaire et fait comme si j'étais morte. 

Il posa son regard sur Eduard enroulé dans un foulard contre ma poitrine mais son visage ne réagit pas pourtant, nullement surpris. 

- Chère sœur, souffla-t-il pour me saluer. 

- Gilbert... Que faites vous si loin de Stohess? 

- Une affaire... Je dois bien m'occuper un peu. Et vous? 

J'esquisse un faux sourire. Peut-être que la prise du pouvoir par la reine Historia, en grande partie grâce au bataillon donc moi, a nui à la vie de luxe de ma famille. Surtout dû aux énormes taxes que nous nous sommes permis de leur faire subir. Et mes deux frères ne doivent plus travailler en politique désormais, puisqu'ils étaient pour le roi Fritz. 

- Venue pour honorer la mémoire de mes camarades d'armes. Il faut bien qu'au moins quelqu'un se souvienne d'eux. 

- J'avais cru ouï dire que votre petit bataillon d'exploration avait quitté l'île il y a de ça plusieurs mois. Je vous pensais partie avec eux. 

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant