49. Dilemme

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Je brossai mes cheveux devant ma coiffeuse avec ma vieille brosse ornée d'une gravure en forme de fleur. J'étais tellement perdue dans mes pensées que je passai sur la même mèche depuis quelques minutes. Ma gouvernante n'était pas là pour me coiffer. La pauvre était alitée après qu'elle soit tombée dans les escaliers "accidentellement" et mes parents ne s'étaient pas donnés la peine de la remplacer. 

Ce qui fait que, depuis plusieurs jours, je suis moquée dans la maison car je n'arrive pas à mettre seule mes robes et je ne ressemble à rien. Une servante qui a eu pitié de moi à commencer à venir m'aider même si ce n'était pas son travail. 

Mes parents ne sont pas doux non plus avec les employés de maison. Mais évidemment, aucun d'eux ne partent car la plupart ont besoin de ce travail pour vivre. Ils supportent donc les crises et la violence de ma mère. Et sont pour la plupart, très gentils avec moi car ils savent que je subis bien pire. 

Je pose délicatement la brosse en entendant une calèche être arrêtée devant la maison. Cela devait être mon père qui rentrait avec mon frère, Gilbert. Au bout d'un moment, j'entendis du remue ménage dans les couloirs de la maison. Mon sang se glaça et je me plantai derrière ma porte pour empêcher quelqu'un de rentrer. 

Les cris s'intensifiaient et des pas s'approchaient de ma chambre. Mon souffle devint court. Mes mains tremblaient sans que je puisse les contrôler. Cela faisait tellement longtemps qu'ils ne m'avaient pas descendu. 

J'essayai de me calmer une fois que les pas se contentèrent de passer devant ma porte pour s'éloigner. Mais j'entendais toujours une dispute dans le hall. Quand j'entrouvris très légèrement la porte de ma chambre. Je vis Réginald au bout du couloir, dos à moi. Il se retourna et me regarda, accroupie au sol en train de surveiller les alentours. Il ne dit rien et soupira légèrement avant de s'éloigner. 

- Mais qu'est-ce que je vais faire de vous, s'époumone ma mère?!

J'entendis comme un vase se fracasser contre un mur. Mon cœur rate un battement. 

- Calmez vous donc mon amie, fit mon père. 

- Ne voyez vous donc pas qu'ils en font exprès! Il ruine ma vie! Moi, leur mère!

J'avance à pas de loup dans le couloir pour jeter un oeil à l'entrée de la maison. Du haut de la balustrade, je pouvais voir mon père avec le majordome qui se libérait de son manteau. Gilbert était à côté de lui, raide et blanc comme un linge. Ma mère tournaillait dans la pièce, ses talons laissaient un écho angoissant envahir la grande pièce. Elle jeta les débris du vase sur mon frère aîné en l'insultant de tous les noms. Comme à son habitude, mon père ne réagit pas devant les folies de ma mère. Je ne savais pas si c'était par peur ou par désintérêt. 

Après tout, tout ce qui se passe entre ses murs est gardé précieusement caché. Personne ne sait ce que les enfant Fiducia subissent. 

Ma mère passa derrière Gilbert qui restait figé au milieu de la pièce. 

- Plus de 10 ans à vous éduquer, pour que vous ne soyez même pas capable de trouver une femme! Vous n'êtes que des ingrats! Vous faites honte à la famille Fiducia. 

- Mère...

Il le gifla fermement avant qu'il ne puisse continuer. Je frémis. 

- Il suffit! Je ne veux aucune excuse de votre part. Vous rejetez la faute sur moi: je n'aurai donné naissance qu'à des incapables, c'est ça?! 

Gilbert releva le regard vers moi qui était en haut de la balustrade. Je m'éloignais pour que je ne sois plus dans son champs de vision. 

- Qu'ai-je fait? Oh, qu'ai-je fait pour mériter tant de malheurs, sanglota faussement ma mère?! Seigneur... Aucun mariage, aucun héritier... Votre frère tient une place importante au conseil. Et votre sœur, cette petite ingrate, est beaucoup trop laide et ignorante! Personne ne voudra sa main... Elle sera une bouche à nourrir jusqu'à la fin.

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant