J'ai eu deux jours de repos complet et j'ai enfin bouclé mon roman et envoyé à mon éditeur. Avec un peu de retard malheureusement, j'espère qu'il ne m'en tiendra pas rigueur. Je suis contente d'avoir enfin terminé, j'ai un peu de répit avant d'avoir son retour. Ma mère m'appelle.
— Bonjour maman.
— Ça va ma chérie ?
— Bien et toi ?
— Oui. Comment tu vas vraiment ?
— Ça va, vraiment maman. Mon chagrin s'efface petit à petit.
— D'accord. Nous sommes là avec ton père. Tu te plais dans ton nouvel appartement ?
— Oui il est cosy. Ça fait bizarre de se trouver dans un plus petit mais bon. Je suis bien.
— Super ma chérie. Tu viens nous voir quand ?
— J'ai trois jours consécutifs pour Thanksgiving.
— Parfait ! On a hâte de te voir.
Nous discutons encore un peu avant de raccrocher. Je travaille deux nuits et après j'irais fêter avec ma famille.
Une fois les transmissions prises, j'organise mes soins et je commence par une patiente qui n'est pas très bien, mais Lina vient rapidement me chercher.
— Jamie. Monsieur Myers ne se sent pas bien du tout, il n'arrête pas de vomir.
— Merde.
Je regarde ma patiente, qu'il ne me reste plus qu'à réinstaller. Je la confie à Lina et accours dans la chambre d'Andréa. Je le trouve au-dessus de la bassine à littéralement se vider. Je m'empresse de le rejoindre et à peine à ses côtés il m'agrippe la main. Je croise son regard un quart de seconde et il est terrorisé. Je passe instinctivement ma main sur sa nuque.
— Tout va bien. Ne forcez pas.
Sa main serre la mienne très fort et ses vomissements semblent se calmer. Lorsqu'il s'appuie de nouveau en arrière, ses yeux sont humides. Je pose la bassine non loin avant d'aller humidifier un gant pour lui essuyer le visage.
— Ça va aller...
Je remonte le gant dans ses cheveux pour le rafraichir. Je l'aide pour rincer sa bouche et il calme progressivement sa respiration.
— Merci...
— Je préviens le médecin et je vous fait un médicament pour les nausées.
— C'est la morphine... On m'en a donné il y a une heure.
— On va l'arrêter c'est mieux.
Il ferme les yeux en soupirant et j'en profite pour aller laver la bassine et je lui remets à côté, au cas où. Je pose ma main sur son avant-bras.
— Je reviens pour prendre les constantes.
Je sors récupérer le matériel pour lui prendre la tension après avoir prévenu le médecin du service. Sa tension est un peu basse, mais c'est normal.
— Comment vous vous sentez là ?
— Ça va...
— Je vous laisse la bassine juste à côté, au cas où. Et vous sonnez directement.
— Je suis désolé...
— Mais de quoi voyons ? C'est mon travail.
— Quand même... Je ne suis pas le seul.
— J'ai du temps pour vous.
J'ai tellement de mal à le reconnaître. Et en soi, je ne le connaissais pas vraiment plus que ça donc peut-être que sa personnalité est celle que je vois là. Mais difficile avec ce qui lui est arrivé. J'ai envie de lui dire que je le connais, qu'il n'est pas tout seul... Mais ne serait-ce pas un autre Andréa ?
— Essayez de dormir un peu, je laisse la porte ouverte pour vous entendre au cas où.
— Merci.
Je lui souris avant de sortir et de continuer le tour de mes patients. On a un soin palliatif en plus, la nuit va être très longue.
À trois heures du matin, comme à mon habitude, je passe vérifier que tout le monde dort. Des bruits m'attire dans la chambre d'Andréa. Il pousse des gémissements de douleur, mêlés à des petits cris. Un cauchemar. Il se rappelle probablement des choses de sa vie. Je ne dois pas le réveiller pour ne pas couper son rêve dans son élan et lui donner la possibilité de s'en rappeler. Mais malheureusement quand ses cris s'intensifient, je suis obligée de le réveiller. Je pose mes mains sur ses épaules et tente de le réveiller doucement. Il ouvre ses yeux et j'y lis de la peur.
— C'est Jamie, Andréa. C'est moi.
— Jamie...
Il soupire mon prénom avant de froncer les sourcils.
— Vous êtes à la clinique. Vous avez fait un cauchemar...
— Oui... Je crois.
Je m'assois au bord de son lit et le regarde se passer la main sur son visage.
— Vous voulez me raconter ?
— C'était une mission à l'armée... Je crois que c'était celle où j'ai eu l'accident. C'était douloureux.
— C'est ce que j'ai cru comprendre...
— J'aurais aimé me souvenir d'autre chose avant ce qui m'a mis dans cet état.
— Il faut bien commencer par quelque part... Vous vous souvenez de vos parents ? Dis-je en tentant de changer de sujet.
— Oui, je crois bien. Je crois que mon père a un poste très important.
— C'est très bien. Des frères ou sœurs ?
— Je ne sais pas...
— C'est déjà très bien Andréa.
Il acquiesce. Et s'il se souvient de moi ? M'en voudra-t-il de ne pas lui avoir dit ? Je ne sais pas quoi faire. Je vais attendre qu'il se souvienne d'un peu plus de choses...
— Je reviens dans un peu moins d'une semaine. J'espère que vous irez mieux.
— Bon repos à vous... Et encore merci.
Je souris en passant ma main sur son épaule avant de sortir.
***
Je n'en peux plus, j'ai trop mangé ! Ma mère a fait un repas gargantuesque de Thanksgiving.
— Tu t'es surpassée cette année maman, c'était délicieux !
— Merci ma chérie. Ça fait plaisir de t'avoir cette année.
— C'est tellement rare que je ne travaille pas. Par contre, je travaille pour le Nouvel An.
— On ne peut pas tout avoir, malheureusement.
C'est comme ça dans notre métier. C'est toujours compliqué les fêtes de fin d'année. Et ça passe tellement vite que nous serons bientôt en 2024. Je n'espérais tellement pas terminer l'année de cette façon... Nous avions tant de projets pour l'année prochaine...
— Ça va ma chérie ? Me demande mon père.
— Ça va... je soupire en m'appuyant en arrière. Je faisais le point de cette année...
— C'est une bonne chose finalement, me dit ma mère. Tu l'aurais découvert après le mariage, ça aurait été différent.
— C'est vrai... Mais je commence l'année avec de sublimes fiançailles et je la termine seule avec le cœur brisé...
— Je comprends ma puce... Tu arriveras à remonter la pente. 2024 ne sera que meilleur pour toi.
J'acquiesce en regardant par la fenêtre. J'aimerais me sentir comme en Islande : seule et face à moi-même. Et avec la présence réconfortante d'Andréa... Je me répète encore à quel point j'ai pu manquer d'affection avec Matthew, sans m'en rendre compte...
On verra ce que me réserve l'année prochaine.
🩷
VOUS LISEZ
À l'ombre de ton cœur
RomanceJamie, jeune infirmière part s'isoler dans la nature islandaise suite à une rupture amoureuse douloureuse. Seule face à son chagrin, elle réalise à quel point sa vie s'est écroulé dans les derniers jours. C'était sans compter sur un militaire qui lu...