Chapitre 19

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Jamie est blottie dans mes bras, nue. Sa tête repose sur mon épaule, sa jambe passe sur les miennes et son bras entoure ma taille. Ce n'est pas une situation dont j'ai l'habitude. Je ne reste jamais avec mes conquêtes. Je ne leur donne jamais l'occasion de s'attacher à moi et de toute manière, elles savent bien qu'en tant que militaire, je ne reste jamais longtemps au même endroit. Un rythme de vie qui me convient parfaitement... Jusqu'à ce moment. Sentir la chaleur de son corps contre le mien après nos ébats me réconforte. Je devrais sortir d'ici, je ne dors jamais avec quelqu'un, mais son emprise est trop forte. Je me sens parfaitement à ma place dans ce lit. Et elle s'est déjà endormie... Je tire la couette sur nous et resserre mon étreinte autour d'elle en soupirant. Je passe mon nez dans ses cheveux en fermant les yeux. Demain elle ne sera plus là...

Un bruit de bombe. Puis un deuxième. Je suis projeté contre le mur. Mes os craquent, ma peau me brûle, ma tête heurte le sol.

Je me réveille en sursaut. Je cherche le corps de Jamie pour me réconforter, mais je ne rencontre que sa place vide. Je me redresse pour regarder autour de moi et frotte mes yeux avant de remarquer que ses affaires ne sont plus là. Une enveloppe sur la table de chevet attire mon attention. Je l'ouvre et elle est de Jamie.

Andréa,

Merci pour ces magnifiques moments en ta compagnie. Merci de m'avoir fait ressentir des choses nouvelles. J'aurais tant aimé que nos deux pays ne soient pas si loin l'un de l'autre... J'aurais tant aimé être à la hauteur de ton statut, à ta hauteur. Désolée d'être partie sans te réveiller, il m'aurait été si difficile de te laisser sinon. Je te souhaite de très belles fêtes de fin d'année... Et si tu passes par New-York, tu sais où me trouver.

x, Jamie.

Elle est partie... Je me laisse retomber en arrière en soupirant. Ça me touche plus que je ne l'aurais imaginé. Je me lève et enfile mon pantalon en prenant ma chemise à la main. Je sors de la chambre et croise Serena dans le couloir, qui est surprise de me voir, notamment torse nu. Je remarque sa gêne.

— Mademoiselle Walters est partie. Vous pouvez vous occuper de la chambre. Merci beaucoup.

— Oui monsieur.

Elle rougit en s'éclipsant. Je vais me doucher rapidement avant d'aller prendre mon petit déjeuner. Je retrouve Derek dans la salle à manger.

— Bonjour monsieur.

— Bonjour Derek. Jamie est partie, dis-je en buvant mon café.

— Oui je l'ai amené à l'aéroport de bonne heure.

— Ah.

— Vous semblez déçu qu'elle soit partie.

— Vu comment mon père l'a traité hier soir, je ne peux que la comprendre...

— Qu'allez vous faire maintenant ?

— Rien du tout... Que voulez-vous que je fasse ? Je ne lui imposerais jamais ma vie.

— Qui vous dit que vous lui imposer ?

— Ça ne fait rêver personne, et le comportement de mon père, n'en parlons pas.

— Vous pouvez la rejoindre. Vous n'êtes jamais là à Noël de toute façon.

Je termine mon assiette en pensant à ce qu'il m'a dit. Il a peut-être raison... Mon père va me tuer si je ne suis pas là à Noël. Mais je ne peux pas partir maintenant. J'ai une visite médicale demain et nous avons une visite à l'hôpital pour distribuer les cadeaux aux enfants malades.  La chose que je préfère faire à cette période et un luxe que nous offre notre statut.

Après mon petit déjeuner, je vais dans le grand salon pour observer les extérieurs. Je m'affale sur le sofa avec un livre. J'entends toquer à la porte et me retourne vers l'entrée. La duchesse Katerina. Merde. Jamais tranquille. Je remarque le regard de Derek en arrière-plan qui semble s'excuser.

— Katerina. Que me vaut votre visite ?

Elle s'avance vers moi, en en faisant des caisses avant de m'embrasser la joue.

— Je viens vous voir Duncan. Hier soir, le repas s'est terminé un peu trop vite. Nous devons annoncer nos fiançailles dans trois jours.

— Je n'ai aucune intention de vous épouser, Katerina.

— Vous savez autant que moi que les mariages arrangés sont choses courantes dans notre milieu. Vous m'aimerez un jour.

— Je le sais, mais ce n'est pas pour ça que je suis obligé de suivre cette tradition ridicule. Qui d'ailleurs ne devrait plus être d'actualité en 2023.

— Duncan. Ne soyez pas ridicule. Votre père a déjà tout prévu. Passons du temps ensemble.

— Je suis très occupé.

Elle me regarde et voit très bien que je ne faisais rien de particulier.

— Derek, vous pouvez raccompagner Katerina, on a fini. Merci.

Je la congédie en me tournant vers la baie vitrée et je ressens son mécontentement. Je dois parler à mon père maintenant.

***

J'attends à table, devant mon assiette vide. Mon père et sa femme passent la porte. Je les salue et regarde le sapin qui me fait face.

— Duncan. J'ai eu vent de la venue de Katerina aujourd'hui.

— Tout à fait. Et d'ailleurs je voulais vous en parler.

— Tu oublieras rapidement cette américaine.

— Non père. Je ne l'oublierais pas, et même si, je ne veux pas épouser Katerina.

— Tu dois te marier Duncan, tu as déjà 34 ans.

— Vous ne cessez de me le répéter. Je le sais. Mais je ne veux pas me marier et encore moins avec quelqu'un que je n'aime pas, c'est tout.

Il lâche un soupir et nous attaquons nos plats. Je n'ai pas envie de continuer sur le sujet.

Une fois terminé, je monte dans ma chambre. Je préfère m'isoler que de supporter sa compagnie et son inquisition. D'autant plus que la kinésithérapeute arrive dans trente minutes. Je regarde l'heure. Je ne sais même pas à quelle heure doit atterrir Jamie. Je lui envoie tout de même un message qu'elle verra à son arrivée.

« J'aurais adoré te voir avant de partir... Je n'oublierais pas de passer par NY sans faute. Je t'embrasse »

Je ne savais pas quoi dire de plus. J'aurais adoré qu'elle reste avec moi surtout. J'ai envie de passer du temps avec elle, comme en Islande. Elle a partagé ses souvenirs avec moi, pour tenter de me les rappeler et j'espère que ça va me revenir. J'aimerais avoir des souvenirs de cette soirée sous les aurores boréales, de savoir ce que j'ai ressenti. Je ne reconnais même plus mes pensées. Mais cette femme...

On toque à la porte et cela coupe mes pensées. C'est l'heure d'aller faire du sport.

🩷

À l'ombre de ton cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant