Chapitre 39

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Une semaine est passée depuis l'accident de voiture et mes hématomes ont pris une couleur indescriptible, mais ne me font plus aussi mal. Duncan a été aux petits soins toute la semaine. J'ai gardé le lit au maximum, oscillant entre le lit et le sofa. J'ai tellement peur de faire une fausse-couche que je respecte scrupuleusement les indications du médecin. Moi qui aime tant bouger, ça a été assez contraignant. Je pose ma main sur mon ventre. Je n'en reviens pas vraiment. Je n'ai toujours aucun symptôme, j'ai encore du mal à le réaliser. J'ai hâte du rendez-vous de la semaine prochaine, savoir si tout va bien.

Mon magnifique fiancé passe la porte de notre chambre et je pose le livre que je lis. Il vient se pencher sur moi et embrasse mes lèvres. Je passe mes mains sur son visage, caressant sa barbe.

— Ça va mon chéri ?

— Et toi ?

Il sourit en s'asseyant au bord du lit. J'acquiesce en arrangeant le col de sa chemise.

— Tu as l'air fatigué.

Il sourit sans rien dire, mais je le vois bien à ses traits tiraillés. Il est mort d'inquiétude constamment depuis l'accident, ses crises d'angoisse ont refait surface et ses cauchemars également, alors il voit désormais un professionnel pour l'aider. Il a été mal pris en charge, et même s'il avait refusé à l'époque, leur devoir aurait été de le suivre et de lui proposer plus tard. Son stress post-traumatique se manifeste maintenant, mais au moins il est pris en charge. Son Colonel l'a également rappelé pour intervenir dans son bataillon lors d'une conférence. Il a réfléchi longuement avant d'accepter. Et en plus, c'est lui qui gère l'association à l'hôpital, car il n'a même pas voulu que je le fasse à distance. Et tout ça l'épuise.

— Viens te coucher avec moi.

— Il est 18 heures. Si je m'allonge maintenant, je pars pour la nuit.

— Ce n'est pas grave. Tu as besoin de sommeil. Et je veux un câlin.

Je l'amadoue en souriant et il se défait de ses chaussures pour grimper sur le lit et vient immédiatement se blottir contre moi. Je peux enfin le prendre dans mes bras sans avoir mal. Son corps entier me manque. Mais le médecin a dit aucun effort avant d'être sûr. Je papouille sa nuque et ses cheveux.

— Jamie... Je vais m'endormir.

— Dors.

Il pose sa main sur mon ventre et me caresse doucement. Je le sens s'assoupir progressivement. Il s'endort tous les soirs avec sa main de cette façon. J'aime penser que cela le rassure et l'apaise... Jusqu'à ce qu'un cauchemar le réveille en sursaut.

Ce bébé est un véritable cadeau. Nous y serions venus tôt ou tard à la question sur les enfants, probablement après le mariage. Mais le destin en a décidé autrement. Et notre histoire est remplie de signes du destin... J'espère que ce cadeau est bien accroché et qu'il le restera... Nous ne l'avons dit à personne. Et pour le moment, je ne souhaite pas le dire. Noël est dans deux mois, donc ce sera l'occasion idéale pour l'annoncer. J'imagine mes parents aux anges, mais alors le père de Duncan... Je vois déjà son visage fermé, sans une once d'amour pour son fils. Il va nous sermonner qu'avoir un enfant hors mariage est inadmissible, etc. J'entends déjà son discours moralisateur.

Le mariage... J'observe ma bague de fiançailles. J'ai à peine eu le temps de me remettre de sa demande. Je ne sais pas quand la cérémonie aura lieu, mais ce sera en petit comité et c'est parfait. J'attrape le téléphone sur ma table de chevet pour pouvoir appeler Serena et nous faire monter le dîner dans la chambre. Je ne veux pas le réveiller.

***

Je retiens ma respiration, serrant la main de Duncan dans la mienne. Et dans ce lourd silence, des battements de cœur résonnent. J'expulse tout l'air contenu dans mes poumons. Je sens Duncan se détendre également. La sage-femme continue son examen.

— Tout va bien, mademoiselle Walters. Il est bien accroché. Je l'estime à environ dix semaines. Vous pouvez reprendre votre vie normalement. Bon ne faites pas du saut en parachute ou des choses du genre, bien sûr.

Nous rions et je m'essuie le ventre à la fin de l'examen avant de retourner à son bureau. Elle me donne tout un tas de prescriptions et d'informations. Je prends le bras de Duncan en sortant du cabinet. Une fois à la voiture, il m'attire dans ses bras et m'embrasse avec passion.. Je souris lorsqu'il s'écarte et passe mes mains sur ses joues.

— Je suis content que tout aille bien.

— Je suis soulagée aussi...

Il m'ouvre la portière et j'y monte en posant le dossier sur mes cuisses. Tout va bien, on rentre à la maison.

***

Après un bon bain en solitaire, car Duncan avait des coups de fils à passer, j'enfile une lingerie blanche sexy avec une de ses chemises. Je me regarde dans le miroir, de profil. J'ai plutôt l'air d'être un peu ballonnée qu'enceinte pour le moment. Je pose ma main dessus. J'ai encore du mal à le croire, malgré l'échographie d'aujourd'hui où l'on distingue parfaitement notre bébé.

— Ça va chérie ?

Je sursaute et me retourne vers Duncan.

— Mince ! Je devais te rejoindre dans ton bureau.

Son regard me détaille de la tête au pied, et son sourire en coin m'indique qu'il apprécie ce qu'il voit.

— Ah mais j'y retourne dans ce cas.

Je ris en le voyant reculer et je m'empresse de le prendre dans mes bras. J'enlace son cou en l'embrassant tandis que ses mains se glissent sous ma chemise et remontent le long de mon dos. Je caresse sa barbe en me fondant dans son regard océan, que j'aime tant. Ses mains se baladent sur mes côtés puis mes hanches.

— Tu es magnifique chérie...

Je souris en embrassant le coin de ses lèvres avant de l'attirer avec moi jusqu'au lit. Je fais passer son tee-shirt par-dessus sa tête et passe mes mains sur son torse, effleurant du bout des doigts quelques-unes de ses cicatrices. De ses doigts, il relève mon visage vers lui et m'embrasse avec passion avant de m'allonger, avec délicatesse sur le lit et de s'allonger sur moi. Je souris contre sa bouche en voyant à quel point il est doux aujourd'hui, comparé à toutes les autres fois où me faire tomber sur ce lit ne le dérangeait pas le moins du monde. Sa bouche dévie sur ma carotide, le creux de ma clavicule puis sur mon sein. Sa barbe me picote agréablement à travers la dentelle et me fait frissonner. Je le regarde me dévorer de baisers en passant mes doigts dans ses cheveux. Cela fait bien trop longtemps que nos corps n'ont pas dansé à l'unisson. Et ce soir, je retrouve enfin mon amoureux.

***

Enlacés l'un à l'autre, au milieu des draps, je savoure ses lèvres sans m'en lasser. Je pourrais l'embrasser pendant des heures. Ses doigts s'insinuent dans mes cheveux et il s'écarte légèrement pour me regarder.

— Noël est dans moins d'un mois, me dit-il.

— Oh oui j'ai hâte !

— Marions-nous à Noël.

Je le regarde, surprise par ses mots, mais son regard est tout à fait sérieux. À peine trois semaines pour organiser un événement du genre ? Impossible n'est pas Duncan en réalité.

— Tes parents viennent déjà pour les fêtes. Nous avons juste à faire venir tes amies.

— Et ton père...

— Nous irons lui annoncer nos fiançailles demain.

— D'accord...

Je redoute un peu ce moment à vrai dire. On ne sait jamais vraiment comment il va réagir.

— Tu veux te marier aussi vite à cause du bébé ?

— Quoi ? Non bien sûr que non, dit-il en se redressant sur son coude. Je t'aime Jamie. Et je ne veux pas attendre une éternité avant que tu puisses porter mon nom. Il y a deux semaines, j'ai eu horriblement peur pour toi et ça remet les idées en place. Pourquoi attendre ?

— Tu as raison...

Je souris en me blottissant contre lui. Il a toujours le mot pour me rassurer. Avec lui à mes côtés, tout ira bien, j'en suis persuadée. Peu importe ce par quoi on passe.

🩷

À l'ombre de ton cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant