Chapitre 9

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Je reste là, assise dans la salle du restaurant pendant de longues minutes. Andréa est parti et je me sens tout d'un coup si seule. Pendant ces trois jours, je savais que je retrouverais quelqu'un au bar, et que même si je ne lui parlais pas vraiment, il était là. Sa présence était en réalité rassurante. Et je comprends mieux ce sentiment qui émane de lui, en le voyant aujourd'hui dans son treillis. J'aurais tout imaginé sauf qu'il était militaire.

Il m'a aidé ces derniers jours. Je me morfondais tellement que je ne voyais même pas la beauté des paysages qui m'entourent. Il m'a aidé à sortir de ma tristesse. Et je ne l'ai pas remercié. Et son baiser d'hier soir... Il m'a surpris autant qu'il m'a désarmé. Je ne le reverrais plus jamais, mais grâce à lui je me sens mieux, étonnement. Et je suis prête à rentrer à la maison. Ça a été la révélation hier soir, sous les aurores boréales avec cet homme, qui me regardait et qui me voyait, tout simplement. La réalité m'a frappé et comme il me l'a dit : Personne ne mérite mes larmes. Surtout pas cet abruti.

Je dois reprendre ma vie !

Je réserve mon vol retour pour le plus rapidement possible, c'est-à-dire dans trois jours. J'observe ma bague et je suis prête : je la retire et la fourre dans ma poche. J'ai le reste de la journée pour moi alors j'en profite pour faire quelque chose que mon cerveau avait occulté : finir mon roman. Mon éditeur va me tuer.

***

Après un très long vol, me voici de nouveau sur le sol américain. Amy m'a proposé de dormir chez elle le temps de trouver un petit logement. Elle habite Brooklyn et ça me rallonge pour aller travailler, mais je ne peux pas faire la compliquée. Une fois sorti de JFK, je rejoins Brooklyn en taxi. Et près de deux heures après, me voilà à sonner chez ma meilleure amie. Elle m'ouvre la porte et m'attire directement à l'intérieur.

— Jamie ! Il était temps que tu reviennes.

— Ça va, je suis partie à peine plus d'une semaine. De base, je ne me voyais pas rentrer avant au moins deux semaines.

— Oui et bien je suis contente de te revoir.

Je retire mon manteau et m'installe sur son canapé.

— Merci de m'héberger.

— De rien ma chérie, c'est normal. Bon, je veux tous les détails, je vais nous servir du vin.

— Je peux prendre une douche avant ?

Je suis épuisée, mais je suis heureuse de la retrouver. Elle m'emmène à sa chambre d'amis et je déballe mes affaires avant d'aller me rafraîchir.

Avec un bon verre de vin à la main et des chips à grignoter, je lui explique ce que je lui ai déjà évoqué, plus en détails, ainsi que toutes les petites choses qui maintenant me font comprendre qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. J'en viens ensuite à ma décision de partir et je lui raconte l'Islande.

— Et cet Andréa, il est comment ?

— Il était très gentil.

— Je ne parle pas de ça ! Il était beau ?

— Oh, un militaire rien de plus.

— Sérieusement ?? C'est sexy les militaires !

Je ris en secouant la tête et elle m'oblige à le décrire.

— Il a l'air tout à fait charmant ! Dommage que tu sortes d'une rupture.

J'oublie volontairement l'étape du baiser, que j'ai moi-même tenté d'occulter de ma mémoire. Et la réalité c'était que je ne me souviens même pas avoir été embrassé de la sorte. La passion avec laquelle il a imprimé son corps contre le mien, sa langue contre la mienne... Et c'était comme un électrochoc. Il m'a ouvert les yeux.

À l'ombre de ton cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant