18. Souvenirs étouffants

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Le soleil commençait lentement à se lever, tachant le ciel de couleurs pastelles. Ileana resserra sa cape autour d'elle, le froid du matin engourdissant ses membres. Elle leva la tête pour observer les oiseaux voler au-dessus de sa tête et elle sourit face à cette vue paisible. Seul le bruit de la nature faisait écho dans le camp qui n'avait pas encore pris vie.

À cet instant, la vie semblait calme et sans danger. La réalité était toute autre et cette vérité rattrapa bien vite la jeune femme. Elle sentit un coup puissant contre son épaule, elle grogna et croisa le regard haineux d'un homme qu'elle avait apparemment bousculé.

— Excusez-moi, dit-elle honteusement.

Pihriope, cracha l'homme avant de partir.

La blonde fronça les sourcils, se demandant ce qu'il avait bien pu dire. Elle n'avait jamais entendu ce mot, il semblait venir d'une autre langue. Elle avait entendu parler d'une langue parlée il y a des centaines d'années par les enchanteurs. Si c'était de là que vient ce mot, cela n'avait pas l'air d'être aimable.

Ileana secoua la tête, ses doigts se resserrèrent sur le manche de sa dague, rassurée par sa présence elle se remit en marche consciente que les autres devaient l'attendre. Lorsqu'elle releva la tête vers le ciel, elle découvrit que les oiseaux étaient déjà partis et elle se dirigea vers les trois Daeraki qui se trouvaient accompagnés d'un homme et d'Amaria.

Ils étaient tous les cinq regroupés devant les chevaux et Ileana s'approcha silencieusement d'eux. Malheureusement pour elle, Lance la remarqua presque immédiatement mais elle détourna rapidement le regard. Ce fut à Davina de la voir et celle-ci se décala légèrement, lui faisant de la place dans le cercle qu'ils avaient créé. Ileana la remercia et sourit à Rune qui était à ses côtés. 

— Bien, acquiesça l'homme. Et surtout, ne faîtes rien qui pourrait les énerver plus qu'ils ne le sont déjà.

— Oui, je ne vous ai pas ramené pour que vous mouriez à cause de son père, ajouta Amaria en désignant Ileana de la tête avec dédain.

Ileana haussa les sourcils, mais préféra ne pas relever son impertinence. Bien qu'il était vrai qu'elle n'avait pas tord : le roi pouvait les tuer s'il le souhaitait, mais la guerre exploserait même parmi les siens. Le royaume avait des principes et même s'il en avait déjà testé les limites, tuer sa propre fille lors d'une discussion diplomatique ne serait pas la meilleure décision.

— Bien, allons-y, commenta Davina. Si nous voulons arriver avant la nuit, nous devrions nous mettre en route.

Tous acquiescèrent et les Daeraki se rapprochèrent de leurs montures. Ileana laissa échapper un soupire tremblant en prenant les rênes de sa jument et se mit sur ses gardes tout en se positionnant sur la selle de façon à ce qu'elle puisse avoir tous ses compagnons dans son champ de vision : Davina caressait son cheval, Rune et Lance échangèrent quelques mots avant que Rune, en tête de leur groupe, se fit accoster de nouveau par l'homme qui lui expliqua le chemin à prendre. Bien qu'il l'eut déjà fait une dizaine de fois la veille, le brun l'écouta tout aussi attentivement que la première fois et lorsque l'homme se retira, Amaria s'approcha du cheval de Lance, un sourire faussement timide sur les lèvres.

— Fais attention à toi, Lance, le supplia la brune. Reviens-moi en vie.

Ileana leva les yeux au ciel devant cette scène absurde et ignora le regard appuyé que lui lançait le brun. Elle préférait se concentrer sur un renard, se tenant dans une position de prédateur un peu plus loin dans la forêt, son pelage roux se fondant dans le décor, son regard fixé sur un point qu'Ileana ne voyait pas.

— Ne t'en fais pas, répondit la voix grave de Lance. Je suis sûr que mes beaux parents n'oseraient pas me tuer.

Ileana écarquilla les yeux, se tournant précipitamment vers Lance qui affichait un sourire sournois, tandis qu'Amaria grimaça avant de murmurer un « au revoir » avant de repartir dans les entrailles du camp. Lance n'avait pas lâché Ileana des yeux et arqua un sourcil, comme s'il attendait qu'elle lui réponde, mais Rune la coupa avant qu'elle ne puisse commencer.

DaerakiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant