20. Tâches de sang

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Elle tournait de gauche à droite, sur le ventre puis sur le dos. Elle ferma les yeux, mais se sentit faire un bond dans le temps. Elle revoyait cet homme au-dessus d'elle, ses doigts de métal sur son visage. Elle tenta de repousser désespérément ce souvenir, repensant aux éclats de rires qui emplissait la pièce il y a peu. Ce moment simple lui manquait déjà, elle n'avait jamais vécu de fin de soirée comme celle-ci.

Cela devait faire un peu moins d'une heure que ses compagnons étaient partis pour dormir mais elle ne pouvait le faire. L'odeur d'orange ne l'aidait pas à s'éloigner de son passé. Elle ne s'était jamais sentie aussi faible, vaincue par un fantôme du passé.

Dans un souffle épuisé, elle ouvrit de nouveau les yeux. Elle scrutait les ombres et lumières tangentes sur le plafond, reflétant la bougie, essayant de calmer sa respiration saccadée. Elle n'y arrivait pas. Elle se noyait. Elle était en train de plonger dans cet océan de cauchemars. Il fallait qu'elle remonte à la surface. Il fallait qu'elle parte d'ici.

Elle se releva en urgence, chancelante, attrapa le chandelier et marcha jusqu'à la porte. Elle ouvrit celle-ci avec précipitation et dû retenir un cri de surprise en voyant Lance. Le bras en l'air, les yeux écarquillés, il semblait tout aussi surpris qu'elle.

— Que... Que fais-tu ici ? Demanda-t-elle déconcertée.

— Eh bien, je... Je repensais à la façon dont tu avais peur plus tôt dans la journée et je... je n'ai pas réussi à m'endormir. Je devais voir si tu allais bien.

Les lèvres de la blonde s'entrouvrirent sous l'étonnement, son cœur battait à la chamade alors qu'elle atteignait enfin la surface.

— Et toi ? Où allais-tu ? Tu sais que ce n'est pas-

— J'allais te voir, le coupa-t-elle.

— Pourquoi ?

— Parce que je n'allais pas bien.

La façon dont les mots sortaient si facilement étonna la blonde. Elle, qui avait passé sa vie à cacher ses sentiments, elle ne cessait de tout lui révéler.

Lance acquiesça, un air grave ancré sur son visage.

— Raconte-moi ce qui te fait si peur, murmura-t-il d'une voix grave.

Elle hésita. Elle était mitigée entre vouloir s'enfuir et pouvoir enfin se confier sur les évènements qui la hantaient. Elle n'en pouvait plus de garder cela en elle.

Personne n'avait jamais été au courant de l'attaque. Son père ne voulait pas se montrer faible en racontant au monde entier qu'on l'avait attaqué dans sa propre maison. Alors Ileana n'a jamais pu raconter ses souvenirs qui la hantaient.

— Tu as peur qu'Erix-

— Je n'ai pas peur d'Erix, le coupa-t-elle avec dégoût.

Elle tourna la tête vers l'armoire au fond de la pièce et la tête de Lance se pencha sur le côté. Il attrapa le menton de la blonde et la força à le regarder. Elle rencontra ses yeux verts qui s'écarquillèrent en voyant autant de peur dans les siens.

— Parle-moi, je t'en prie, mon ange.

Pour toute réponse, elle ouvrit un peu plus la porte et il comprit le message. Lance entra dans la chambre et elle referma derrière lui, prenant une dernière bouffée d'air inodore.

— Tu as peur... d'être ici ? Demanda le brun avec douceur.

Ileana acquiesça et s'approcha du tapis devant son lit. Elle posa ses genoux sur le sol et sa main trouva le tissu. Lance l'observa avant de venir s'asseoir à ses côtés.

DaerakiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant