29. Noirceur

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Grimaçant, il serra les dents pour ne rien montrer de sa souffrance. L'homme se recula enfin, observant son travail.

— Bien, vos blessures guérissent, monsieur.

— Merci, répondit-il sur un ton glacial. Vous pouvez partir.

L'homme acquiesça et sortit de la chambre. Erix souffla, s'avançant vers son lit, où des vêtements étaient déposés. Chaque pas, chaque geste, chaque respiration le faisait autant souffrir que ce jour-là. Il sentait encore les flammes sur sa peau et lorsque le tissu de son haut glissa sur son échine, sa mâchoire se crispa.

Allait-il ressentir cela jusqu'à la fin ? C'était insoutenable. La mort était le choix le plus agréable, finalement.

Un nouveau gémissement sortit de sa bouche lorsqu'il ouvrit les rideaux. La chaleur du soleil le fit grimacer de nouveau. Les médecins lui préscrivaient de rester dans le noir et de se reposer, mais il ne pouvait s'y résoudre.

Le royaume avait besoin de lui. Il devait le protéger de ces monstres qui avaient réussi à manipuler la princesse. Ils l'avaient changée, elle était devenue comme eux, un monstre.

Elle qui était si belle. Si gentille. Si... parfaite. Une magnifique fleur qui était devenue une mauvaise herbe.

Il pensait pouvoir la sauver mais il ne l'avait que pousser dans leur bras malveillants. Elle était tout ce qu'il avait toujours voulu et à présent, il était forcé de commander sa mort.

Elle venait le voir dans ses rêves. Des fois elle s'excusait, le suppliait de la ramener à la maison, d'autres fois elle revenait pour finir son travail.

Il l'aimait. Encore. Depuis toujours, jusqu'à la fin. Qu'importe l'obscurité qui se propageait en elle, il l'aimait.

Lui aussi était empli d'obscurité. La haine coulait dans ses veines depuis enfant. Depuis qu'il était né le deuxième. La vie n'avait cessé de se moquer de lui.

Son regard se posa sur un miroir, son reflet le faisant frissonner. Il ne se reconnaissait plus, les brûlures recouvrant sa peau du ventre jusqu'au cou, passant par les bras. Elle ne l'avait peut être pas tué mais il était tout de même mort. Jamais plus il ne serait le même.

Quelqu'un frappa à la porte et le blond plaqua ses cheveux avant d'ouvrir.

— Le roi demande à vous voir, annonça un homme.

Erix acquiesça sans répondre et l'homme repartit sans un mot de plus. Le blond se mit en route vers la salle du trône, se demandant ce que le roi avait à lui dire. Celui-ci l'avait laissé se reposer depuis son retour mais il était apparemment d'accord pour qu'il se remette à travailler.

Toutes les personnes qu'il croisait n'osaient pas le regarder. Certains baissèrent la tête en signe de respect tandis que d'autres accéléraient le pas par crainte.

Il arriva devant les grandes portes et celles-ci s'ouvrirent.

— Seigneur Erix Merikh, l'annonça-t-on.

Le roi releva la tête alors qu'Erix marchait rapidement, réduisant l'espace entre eux. Le blond s'arrêta devant les marches qui menaient au trône et s'agenouilla devant le roi.

— Relève-toi, lui ordonna-t-il.

Il s'exécuta et remarqua la présence de plusieurs conseillers. Il déglutit, réfléchissant à ce qu'il se passait.

— Le médecin m'a rapporté que tu guérissais, il est donc temps que l'on discute.

— Bien, votre majesté.

— Tu dois savoir ce qu'il s'est passé ?

— Oui, votre majesté, répondit-il, tendu.

Les prouesses de ce nordien. Il avait réussi à libérer leur prisonnier le plus important. Erix ne comprenait pas encore comme il s'y était pris, il avait pourtant créé tout un plan pour le protéger. Comment ?

— Je viens d'avoir une toute autre nouvelle, cracha le roi. Non seulement ils ont libéré le Daeraki, mais aussi, dans la nuit, notre... Notre petite prison s'est vidée.

— Pardon ?

— Nous n'avons rien pu faire, rit-il amèrement. Ils sont arrivés, ont libéré nos prisonniers puis ils sont repartis. Ils n'ont laissé aucune trace. Aucune. Comment ont-ils fait ?

Erix en perdit l'usage de la parole. Comment avaient-ils fait ? Tous les prisonniers ?

— Comment ont-ils appris même son existence ? Demanda Aeros avec colère.

— Je ne sais pas, majesté.

— Crois-tu que cela puisse être ton frère ?

— Je ne sais pas.

Son frère. Arhen. Il avait tout gâché, mort pour rien. Ça l'énervait. Il avait était qu'un incapable, jusqu'au bout.

— Qu'en est-il de... nos deux hommes ? Demanda Erix, tendu.

— Ils sont ici. Personne ne viendra les chercher. Nous continuerons à créer cet élixir.

Le blond souffla, rassuré.

— Nous devons agir, reprit le roi. Qu'en est-il de votre homme ?

— Je n'ai pas beaucoup de nouvelles mais ne vous en faites pas. J'ai une confiance absolue en Rhys.

— Bien, je te fais confiance. C'est en fait de cela que je voulais te parler. Que dirais-tu de...


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DaerakiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant