Elle doit être en route à l'heure qu'il est.
J'avoue que les seules femmes qui ont eu l'occasion de pénétrer dans mon véritable lieu de vie, ne se comptent que sur les doigts de la main. Mais là, c'est différent. Je ne veux pas l'inviter à dîner dans le but d'en abuser dans ma salle à manger, non. Je veux simplement percer le secret de celle-ci. Je veux comprendre comment elle pense.
J'ai peut-être trouvé encore plus fou que moi, qui sait ?
J'ai toujours ressenti les émotions de mes victimes. Ou du moins, je les ai perçues. Or là, la seule chose que je perçois en elle, c'est un désir intense qui émane de son corps fiévreux, malgré tout ce qui a pu se dérouler sous ses yeux.
Cela fait presque dix jours que je vis avec ça, et je me torture jour et nuit à essayer de comprendre, et surtout à essayer de retirer cette image de ma tête, ce moment où elle a arc-bouté le dos pour m'offrir sa chatte de son plein gré. Ce moment où j'ai senti son liquide parcourir ma queue. Cette sensation désagréable qui m'a brûlé l'épiderme comme si on m'avait versé de l'acide sur le membre.
Ce soir, je vais avoir mes réponses.
Je le jure devant Satan.
J'entends, tout à coup, la porte s'ouvrir, alors je fais volte-face pour accueillir mon invitée. C'est Victor qui entre le premier, suivi de sa silhouette délicate que je ne perçois qu'à moitié.
— Bonsoir, Monsieur Campbell. Je vous amène Isabella, comme prévu.
— Merci mon cher. Fais-la rentrer et sors d'ici.
Exécutant mes ordres à la lettre, le jeune homme pivote à quatre-vingt-dix degrés pour laisser passer la jeune femme, qui apparaît dans un accoutrement merveilleux. Je n'en attendais pas moins venant d'elle. Évidemment, toutes les autres femmes auraient préféré un jogging et des baskets, histoire de ne pas réveiller mon désir.
Mais elle, non.
Elle me surprend encore.
La robe rouge qu'elle a choisie est le symbole de la passion. Je sens que je vais en chier. La dentelle qui recouvre ses bras, ainsi que le décolleté qu'elle arbore, ne laissent rien présager de bon. C'est étrange, mais je devrais être heureux de voir son corps moulé dans une pareille tenue aguicheuse. Or, c'est tout le contraire. Je me méfie d'elle.
Si tu essayes de jouer, tu vas perdre.
Alors prépare-toi, princesse...
Que le jeu commence !
Alors, ni une ni deux, je fais quelques pas en avant pour m'approcher d'elle, puis la salue chaleureusement :
— Bonsoir, princesse.
Elle me dévisage et, chose que je ne comprends pas, elle suit le chemin de toutes les plus infimes parties de mon corps. Elle me toise sous toutes mes coutures, et j'ai presque l'impression qu'elle est capable de m'imaginer à poil, sans mon costume et ma cravate. Et j'ai horreur de ça.
Un rictus mauvais se dessine certainement sur mon visage à cet instant précis. Néanmoins, je lui fais signe d'entrer, avant de m'adresser de nouveau à Victor :
— Tu peux prendre congé. Je t'appellerai, si j'en ai besoin.
— Bien, Monsieur. Passez une agréable soirée.
À ses mots, le jeune homme attrape la poignée de la porte, puis la tire vers lui, nous laissant seuls entre quatre yeux. Je place mes mains dans mes poches avant, et commence à tourner autour de la jeune femme comme un vautour. Comme la première fois dans la Dark Room.
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BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le Bourreau
HorrorColorado. Le jour où Isabella se fait kidnapper et se retrouve dans une étrange demeure luxueuse avec d'autres femmes, sa vie bascule. Qui les a capturées ? Qui les retient prisonnières ? Et surtout, pourquoi ? Violent, psychotique et s'adonnant à...