CHAPITRE 56 - Marjory

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Je ne comprends pas.

Cela fait au moins une journée entière que je n'ai pas revu ces deux femmes avec qui je suis forcée de cohabiter. J'ai remarqué qu'un homme du nom de Victor, continuait de m'apporter mes repas : tôt ce matin, si j'en juge par son regard fatigué, il m'a apporté différents jus, des œufs brouillés, du bacon, des fruits... Tout ce qui pourrait me ravir si je n'étais pas enfermée ici contre mon gré. Puis quelques heures plus tard, il m'a apporté le repas, puis, il y a quelques minutes, le dîner.

Et malgré tous ces plats qui m'appellent, je ne parviens pas à retrouver l'appétit. Je me demande ce que je vais devenir. Ce que sont devenues mes camarades, sans même que je n'aie le temps de les connaître.

Je ne sais absolument pas quelle heure il est. J'ai eu beau chercher dans tous les recoins de cet endroit, je n'ai trouvé aucune horloge, ni aucune fenêtre. C'est comme si le temps passait et reprenait son cours sans moi.

— Shawn... Putain, j'espère pour toi que tu me recherches, bordel ! Songé-je à voix haute.

Je croise les bras devant la poitrine, comme si je pouvais lui envoyer toutes mes mauvaises ondes. Finalement, si Shawn ne m'avait pas rejetée, jamais je ne serais allée dans ce bar. Jamais je n'aurais rencontré ce malade qui m'a kidnappée. Je ne sais même pas pourquoi j'ai été choisie. Je suis loin d'être la plus belle de cette ville. Preuve en est, je suis toujours le dernier choix.

Je suis la maîtresse, l'amante, l'amie fidèle... Jamais la femme que l'on adore et qu'on place sur un piédestal. Pourtant, j'ai attiré un bon nombre d'hommes lors de mes sorties nocturnes. C'est à ne rien y comprendre.

— J'suis peut-être pas si mal, après tout... Songé-je à nouveau, en esquissant un petit sourire satisfait.

CLIC CLAC

Confortablement emmitouflée dans mes couvertures, j'entends le verrou de la porte. Puis, c'est au tour du crissement du bois dans ses gonds d'envahir mon espace.

Par réflexe, je me recroqueville dans mon lit, en priant pour que ce ne soit pas cet homme qui vienne me chercher. Je ne veux pas mourir. Je suis beaucoup trop jeune pour ça, et n'y ai même jamais pensé. Hors de question que je me laisse faire.

— DÉGAGEZ !!! Tonné-je à travers le mur, avant de replonger sous les couvertures en guise de protection.

Tout à coup, après avoir entendu quelques pas à moitié sourds, on frappe à la porte à trois reprises. Je ne daigne pas répondre.

— Bonsoir, Marjory, me lance-t-il d'une voix étrangement calme.

— Vous me c... Connaissez ?

— Question bête. Bien sûr que je vous connais, rétorque-t-il.

— Non, je veux dire... Mon... Nom... Bredouillé-je.

— Oh, je connais tout de vous, Marjory ! Qui plus est, j'étais votre chauffeur, lorsque Monsieur Campbell vous a ramenée ici.

— Campbell... Répété-je en me remémorant le discours machiavélique de cette jeune femme, Alexandra.

— Monsieur Hadrian Campbell. Vous êtes ici par sa volonté... Continue-t-il en tendant une main vers mon genou pour le caresser du bout des doigts.

— NE ME TOUCHEZ PAS !

Je le repousse d'un geste de la main et le jeune homme pouffe. Je continue de le toiser ardemment : il a l'air très jeune, peut-être plus que moi. Pourtant, il a l'air sûr de lui, prêt à répondre aux moindres envies de son supérieur. Le jeune homme émet un rire puis s'adresse à nouveau à moi :

BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le BourreauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant