CHAPITRE 55 - Isabella

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Son hémoglobine gicle sur mon visage et ma poitrine. Je ferme la bouche et clos les paupières du mieux possible pour éviter d'être aspergée par tout ce sang qui jaillit de sa carotide. Mon corps bat à cent à l'heure, je ne sais plus qui je suis. Je prie pour que ce ne soit qu'un cauchemar. Rien qu'un mauvais rêve qui disparaîtra dans le brouillard de la réalité.

Je vais me réveiller...

Je vais me réveiller...

Oui, je vais me réveiller...

Rien de tout cela n'est vrai...

Pourtant, les gémissements intempestifs et gutturaux d'Hadrian, ainsi que les échos de la suffocation d'Alexandra qui cherche l'air, m'accrochent à la réalité. La douleur physique n'est plus là. Je ne sens même plus les coups de butoir d'Hadrian qui continue de me baiser comme un acharné, en prenant encore plus son pied depuis que le godemichet en silicone continue de sodomiser le cadavre de ma camarade.

Je ne pensais pas qu'il était si monstrueux. Sa chair qui se refroidit ondule sur mon corps nu et meurtri. Mon cœur menace de s'arrêter pour enfin me laisser partir et me libérer de son emprise.

Je le savais.

Je le savais.

Mais j'ai continué d'espérer...

Je reçois des giclées de sang sur tout le haut du corps, tandis que la poitrine d'Alexandra se colle davantage à la mienne. La fraîcheur insupportable des pinces à tétons me tord le ventre. La jeune femme suffoque. Elle ondule étrangement sous les coups de reins d'Hadrian et en même temps, c'est comme si elle ne les subissait plus, par moments.

Bientôt, Alexandra cesse de respirer, et je pousse un hurlement d'effroi lorsque son corps s'étale sur le mien et ne bouge plus. L'odeur du sexe mélangé à celle de la mort me tord à nouveau l'estomac. Je cherche l'air, prête à suffoquer à mon tour, quand Hadrian accélère encore la cadence dans mon corps, alors même que cela me paraissait humainement impossible. Mon crâne frappe à maintes reprises contre la tête de lit en métal, mais je n'en ai cure.

Quel être humain serait capable d'un tel carnage ?

Ce n'est pas un homme.

C'est un démon.

Sans même m'en rendre compte, j'ai dévalé à toute vitesse les escaliers qui mènent dans les bas-fonds de la cruauté humaine. Dans la noirceur des enfers, là où mon âme est torturée à chaque instant par mon geôlier. Et j'étais comme une grenouille dans l'eau bouillante. Je ne m'en suis pas rendue compte. J'ai pensé le manipuler, en fait, c'était lui qui le faisait. Je me suis laissée prendre à son jeu pervers, et sans crier gare, Hadrian a pu réveiller les démons qui sommeillaient en moi et que je tentais à tout prix de canaliser et de garder enchaînés au fond de mon âme déjà abîmée par un passé tumultueux.

Quelques instants plus tard, alors que mon esprit vagabondait loin d'ici, Hadrian me ramène à la vie. Je sens le sperme du bourreau envahir mon tunnel comme des flots déchaînés. Sa chaleur se répand en moi comme une traînée de lave en fusion et je serre les dents pour ne pas pleurer encore et lui offrir ma souffrance sur un plateau d'argent.

Mes pensées bifurquent alors vers le corps inerte de celle qui fut mon amie dans la torture. De celle qui fut témoin de ma déchéance. Je n'ouvre pas les yeux, profitant encore du peu de souffle de vie qu'il lui reste. Je sens son corps ralentir peu à peu contre ma poitrine et sens le mien entrer dans une panique sans nom.

— Regarde-là... Gémit l'homme.

N'ayant d'autre choix que de m'exécuter, je rouvre lentement une paupière, puis l'autre. Je crois m'évanouir quand je tombe sur le regard vitreux d'Alexandra juste sous mon visage. Elle fixe le vide, ses prunelles n'étant plus que le reflet de la femme qui continue de faire violer sur le lit et qui prie pour la rejoindre. Il stoppe ses coups de butoir et s'immobilise au-dessus de moi.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le BourreauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant