CHAPITRE 16 - Hadrian

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J'ouvre la porte le plus lentement possible, et son crissement infernal me fait tout à coup basculer dans les recoins les plus sombres de mon esprit. Cette chambre, dans laquelle je fais irruption, c'est celle que j'appelle la Dark Room. Une pièce dans laquelle je me laisse aller à toutes mes envies les plus malsaines. C'est aussi celle dans laquelle j'ai le plus de souvenirs inoubliables.

Celle qui représente ce que je suis.

À peine la porte entrebâillée de quelques centimètres que j'aperçois déjà les jambes nues de la jeune femme, allongée sur le lit. Devant elle, se trouve Victor, le pistolet braqué sur elle. Si elle a le malheur de tenter quoi que ce soit, il lui tirera une balle en pleine face.

Je fais un pas en avant pour entrer et tire une dernière fois sur mon mégot, puis le lance dans la poubelle prévue à cet effet, juste à l'entrée de la pièce.

— Monsieur, me salue mon fidèle serviteur.

Sans lui répondre, je pivote pour refermer la lourde porte en métal et referme le verrou.

Clic clac.

J'adore ce son strident qui signifie que je serai bientôt emporté par mes plus basses envies. Je m'approche toujours plus, et lorsque j'arrive au niveau de Victor, lui donne une petite tape sur l'épaule et me penche à son oreille. Il a beau être grand, le jeune homme est bien loin de me surplomber.

— Bon boulot.

Je me tourne en direction du lit, les mains dans les poches de mon pantalon de costume. Je suis stoïque. J'admire ce corps dénudé qui se trouve devant moi. La jeune femme couvre sa poitrine menue à l'aide de son avant-bras, et son sexe de l'autre. Rien ne doit être plus humiliant que de se retrouver dévêtu devant deux inconnus.

— Je l'ai préparée, Monsieur.

— Merci, Víctor, réponds-je naturellement.

Je croise les bras sur la poitrine, et m'avance toujours plus près du lit. Lorsque mes mollets touchent le cadre, je m'arrête.

— Bonjour, Beverly.

Les yeux clos, elle fronce les sourcils au maximum, comme pour échapper à la situation. D'ici, je peux presque sentir les battements de son cœur s'intensifier et la peur parcourir ses veines.

La peur ne te sauvera pas, ma belle.

Sans hésiter, Víctor se rapproche d'elle par la droite, et braque le pistolet sur sa joue. Il l'enfonce presque dans sa peau, écrasant son visage contre l'oreiller en soie.

— EH, OH !

Je ne bouge pas le petit doigt. Je toise cette beauté en ne négligeant aucune partie de son anatomie.

— RÉPONDS À MONSIEUR CAMPBELL, SALE TRAINÉE ! Crache alors Victor, avant de lui flanquer une immense baffe qui provoque ses larmes.

Lorsqu'il se tourne enfin dans ma direction, je lui fais un signe de tête. Celui-ci s'éloigne automatiquement du lit et revient à sa place comme un bon canidé. Je laisse s'écouler quelques secondes avant de m'adresser à lui assez fort pour que la jeune femme m'entende :

— Du calme, voyons... Victor... Ce n'est pas une manière d'accueillir notre invitée ! Répliqué-je d'une voix calme et posée.

Je m'approche de la jeune femme, qui ne daigne toujours pas ouvrir les yeux et penche la tête sur la gauche, le plus possible, afin de ne pas me faire face. Je me penche, et hume légèrement son parfum floral. Elle est toute propre. Cela me ravit. Puis, je m'approche d'elle et attrape sa mâchoire. Je la force à se tourner dans ma direction et lorsqu'elle ouvre les yeux, ses billes ressemblent à des boules de bowling. J'utilise alors un ton beaucoup plus grave, pour lui fais comprendre que je ne tolérerai plus un tel manque de respect.

BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le BourreauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant