Voilà un nombre incalculable de jours que je n'ai pas revu Hadrian.
Des jours interminables que je suis enfermée entre quatre murs, comme avant.
Retour à la case départ.
L'homme avec qui nous partageons cette demeure semble hors du temps, déconnecté de notre réalité, tout comme cette étrange maison tout droit sortie d'une mauvaise série de science-fiction.
Oui, je suis seule ici. Vautrée dans le désespoir de ne pas voir le visage de notre geôlier et de ne voir que le reflet de mon visage dans les miroirs.
Et je suis bien la seule.
Contrairement à moi, Alexandra rejoint Hadrian tous les soirs dans la Dark Room. Si ce n'est plus. Parfois, Victor l'emmène deux ou trois fois par jour. Hadrian est vraiment inépuisable. Quant à moi, esseulée, je ne cesse de me répéter à quel point elle a de la chance d'être à ses côtés. Cet homme invite impunément la luxure en son sein lorsqu'on croque ses iris à pleines dents. Et je crois même me rendre compte que ses désirs dépravés ont eu raison de moi.
Mais qu'est-ce que je raconte...
Je crois que je n'aurais pas pu tomber plus bas dans les symptômes de la folie. Je crois que je suis masochiste. Et je ne pense pas cela à la légère.
J'avais déjà entendu parler de ce terme qui décrit des êtres humains trouvant leur plaisir dans la douleur, mais je ne pensais pas pouvoir en faire l'expérience un jour.
Je suis fiévreuse rien qu'à l'idée de le revoir la prochaine fois, et qu'il fasse encore pire. Qu'il joue avec mon corps comme avec un objet dévoué à son propre plaisir. Qu'il me transforme en une marionnette exécutant ses moindres ordres. Qu'il me transforme en sextoy humain. Je veux sentir ses reins enragés se déchainer en moi, et sa semence se répandre en moi.
Dans mon ventre, les papillons tournoient à mesure que les heures s'écoulent, et plantent leurs ailes d'acier dans les parois de mon estomac pour n'en laisser que des bouts de chair en charpie.
Même lorsqu'il me procure une douleur inimaginable, je ne cesse de mouiller pour lui, pour sa chair. Et ce sont des éclairs d'incompréhension qui me titillent les neurones, dès à présent.
Visiblement, ça ne lui plaît pas.
La fois dernière, au moment où enfin, je sentais son gland pénétrer mon vagin de la plus sauvage des manières, après l'avoir espéré pendant des heures entières, il s'est arrêté net et s'est retiré à la hâte en poussant des hurlements de rage. Son beau faciès s'est presque tordu de panique en me voyant faire pleurer mon antre pour lui. J'en ai eu presque honte mais, trop exténuée par notre séance, je n'ai pas bougé d'un poil.
Il est définitivement inatteignable.
Et même si depuis que je suis ici, je l'ai maintes fois insulté de « psychopathe » et de « taré », je n'en suis pas moins une. Je crois même que, dans le fond, nous pourrions nous trouver ensemble dans nos folies respectives, pour ne faire plus qu'un.
Putain...
Mais à quoi je m'attends, bon sang ?!
Même si je me plais à nous imaginer tous deux, déchaînés dans les draps de soie, à faire valser notre sang dans une douce étreinte morbide, je ne peux m'empêcher de revenir à la réalité : Hadrian est incapable d'aimer. Qui plus est, jamais il ne me laissera me délecter de son corps tant que je ne lui serai pas entièrement soumise. Il ne veut pas de mon consentement. Or, je le lui offre sur un plateau à chaque fois. Ça ne pourra jamais fonctionner.
Oh, Hadrian...
Si tu savais à quel point je suis ton esclave...
Je suis à la fois esclave de ses mots et de ses gestes. Esclave de son corps et de son cœur. Esclave de ce monstre à la cruauté sans pareille qui ne reculera devant rien. Pas même devant la mort.
À cet instant, Hadrian, je mouille rien que pour voir tes prunelles m'effleurer, et ta bouche me goûter.
Depuis mon arrivée ici, je pensais réellement que j'allais mourir. Que le soleil n'allait plus jamais se lever et emplir mes yeux de leur étincelle brillant d'un ardent éclat.
Or, je me rends compte que je n'ai plus besoin de soleil pour briller de mille feux. J'ai uniquement besoin de l'astre mystérieux qu'est cet homme. Cet astre de la nuit qui m'aspire dans un vortex de sensations inouïes et inconnues jusqu'ici, et qui pourtant, me font pleinement savourer la femme que je suis à l'intérieur.
Grâce à lui, je deviens vraiment moi.
Je suis lasse de me mentir à moi-même depuis tout ce temps passé ici. Lasse de me faire passer pour quelqu'un que je ne suis pas. Je suis en train de perdre cette guerre. L'antilope a succombé au charme du lion.
En environ un mois de captivité, j'en suis arrivée là, à redouter ses absences. J'en suis là, à être incapable de supporter qu'il soit loin de moi et qu'il en baise une autre. C'est un serpent, dont le venin gangrène ma raison à une vitesse fulgurante.
— Oui, Hadrian... Je t'aime et je te désire, annoncé-je solennellement, seule devant le miroir de la salle de bain.
Je me pince les lèvres rien qu'à voir son visage derrière mon reflet, à effleurer la peau fine de mon cou avec ses lèvres. Je remontre ma main sur ma nuque et imagine que c'est la sienne et continue mon discours comme une malade qui s'adresse à un ami imaginaire :
— Encore plus depuis que tu as dévoilé tes pulsions... Encore plus depuis que tu m'as montré qui tu étais...
Je m'assieds doucement sur la cuvette des toilettes, en prenant soin de ne pas réveiller la douleur provoquée par mes blessures encore à vif. Je baisse les yeux et admire mon corps nu, et me tourne pour constater que les marques qu'il a laissées sur ma peau seront à jamais indélébiles. Comme un tatouage à l'encre vermeille qui marque son territoire.
— Si tu savais, Hadrian...
Je sais que je vais mourir.
Ce sera inévitable.
Simplement parce que je suis incapable de lui donner ce qu'il souhaite : mon refus. Et après tout, que puis-je bien faire contre cela ? Rien. Je suis incapable de contrôler les envies de mon corps.
La chair est faible.
Mais mon cœur l'est aussi. Alors, je me replace de face, et baisse mon regard vers mon entrejambe qui, pendant tout ce temps, déversait ses flots sur l'intérieur de mes cuisses. Lorsque j'écarte plus largement les jambes, je réalise à quel point les images qui me traversent l'esprit provoquent mon désir. Ma cyprine colle à ma peau, obligeant mes lèvres à s'écarter en même temps que mes jambes.
Éprise d'une douce frénésie, j'attrape la brosse à cheveux sur le rebord du lavabo, puis dirige son énorme manche en direction de mon antre. Mes malheureux doigts ne suffisent plus à simuler cet acte que je désire tant. Hadrian a un pénis si énorme que, même avec trois doigts, il m'est impossible de l'imiter. Alors, en prenant une grande inspiration, j'enfonce l'objet en moi et pousse un grognement terrible, qui en ferait presque trembler les murs.
— Oh, putain... Oui...
Je fais des va-et-vient en m'accrochant à la cuvette à l'aide de mon autre main et ferme les yeux, m'imaginant dans la Dark Room, attachée par des dizaines de cordes rugueuses, et surtout, imaginant mon bourreau me baiser comme une bête et pourfendre ma chair.
— Oh, Hadrian... Oui... OUI !
Mes fesses brûlent, et le sang tâche certainement la cuvette. Je rouvre me plaies, mais je m'en fiche.
Je jouis rapidement, et un orgasme trempé salit mes doigts de sa douce euphorie.
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BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le Bourreau
HorreurColorado. Le jour où Isabella se fait kidnapper et se retrouve dans une étrange demeure luxueuse avec d'autres femmes, sa vie bascule. Qui les a capturées ? Qui les retient prisonnières ? Et surtout, pourquoi ? Violent, psychotique et s'adonnant à...