CHAPITRE 30 - Hadrian

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Je crois qu'il n'y a rien de plus satisfaisant pour moi que de voir son visage se décomposer à cette vitesse-là. Isabella est réellement choquée parce qu'elle voit devant elle.

J'admets que je m'y attendais : j'ai tout fait pour qu'elle ne sache pas qui j'étais jusqu'à maintenant. Je savais qu'elle tenterait quelque chose, un jour ou l'autre. Je l'ai perçu dans son regard, ce caractère indestructible, cette personnalité débordante d'énergie, dès ce premier soir au bar. Et aujourd'hui, c'était le clou du spectacle. Je l'ai brisée, sans même dire un nom, sans faire un seul geste. Je l'ai brisée, seulement en la charmant, puis en camouflant mon visage lors de nos entrevues et ensuite, en lui révélant qui je suis.

L'être humain est fascinant.

— Non... Bafouille la jeune femme d'une voix faiblarde.

— Oh, si... Confirmé-je.

— P... Pou... Po...

— Ah, la fameuse question... Conclus-je en faisant les cent pas tout autour de son corps statué. Pourquoi faites-vous ça ? Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? D'où venez-vous ? Où allez-vous ? Toutes ces questions n'ont pas la moindre once d'importance, Isabella.

— Dimitri...

Sa voix sonne maintenant comme un ronronnement plaintif, et j'aspire son désespoir comme une sangsue suce le sang de ses victimes, comme un vampire. Jusqu'à la dernière goutte.

— Mmh mmh... Oui, j'imagine que ça doit être difficile à encaisser. Après tout, je suis un homme plein de surprises, n'en est-elle pas une de taille ?

— S...

— Et je ne parle pas de mon pénis de compétition ! La coupé-je, un immense sourire aux lèvres.

La jeune femme ne répond rien. Visiblement, mon humour ne lui plaît pas. Elle est pétrifiée face à moi, ce qui me ravit encore plus, car je sais qu'à l'instant présent, elle n'a plus du tout la force de se battre. J'admire, pendant de longues minutes, son visage qui m'indique que son âme est au bord de la rupture. Et finalement, je reprends.

— Tu sais... Tu es une femme très intelligente, avoué-je.

Je tourne toujours autour d'elle comme un vautour, et elle m'offre un regard en biais. Je crois sentir, peu à peu, la rage imprégner ses artères. La colère irrigué tous les membres de son corps, comme une couleur vermeille qui remonte de ses chevilles au sommet de son crâne.

— Je t'assure, une femme très intelligente. J'admets que tu aurais pu me terrasser avec cette arme, pouffé-je en indiquant les ciseaux à terre du doigt. Mais vois-tu, tu as oublié un léger détail...

Isabella relève la tête vers moi et, pour la première fois depuis de longues minutes, me regarde droit dans les yeux. La haine qui se dégage de ses orbes est impressionnante. C'en est même alléchant.

— Oui, tu as pensé à tout : au moment où Victor viendrait te chercher, à la manière dont allait se dérouler notre entrevue, à ta petite cachette dans le bonnet de son soutien-gorge... Ouais, à tout. Sauf aux caméras.

Isabella arrondit les yeux, tandis que je place une main sur sa joue et me rapproche de son oreille pour y chuchoter ces mots :

— Tu savais très bien qu'il y avait des caméras dans les pièces où vous êtes retenues captives, princesse... Mais ton besoin de vengeance t'a empêché de rester ludique, hein... Pauvre fille...

Premier coup d'œil haineux.

— D'ailleurs, tu le savais, et pourtant, ça ne t'a pas empêché de t'adonner à tes plus viles occupations, n'est-ce pas ?

BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le BourreauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant