La nuit est déjà noire.
Les rayons de la lune se reflètent dans les quelques flaques d'eau que la pluie de la journée a laissées derrière elle. Les lumières blanchâtres des réverbères illuminent le fond des rues, me donnant l'illusion d'être encore plus seule dans cette rue que je ne le suis réellement. Je sors une paire de gants de mon sac à main, puis couvre mes doigts du froid glacial de cette saison.
— Brrrrrr... Rugis-je, la voix étouffée par les vents de la pénombre qui s'engouffrent dans la rue.
Je continue de marcher en titubant sur les pavés. Mes talons, trop fins et inadaptés à la marche, se coincent parfois dans les stries de béton qui recouvrent le sol. Bientôt, je bifurque à droite et rejoins Elm Street, m'éloignant toujours plus de mon domicile, tout cela uniquement dans le but de ne pas être surprise, au cas où Shawn aurait eu l'idée de me surveiller de la fenêtre du salon.
La neige me semble encore plus belle sur les arbres, affaissant leurs branches comme un lourd fardeau. Les flocons s'empilent à une vitesse d'envergure cette année, contrairement aux années précédentes qui ne nous avaient apporté qu'une ou deux chutes de neige.
Ce soir, je dois redoubler de vigilance afin de ne pas chuter sur le verglas qui tapisse ma route. Pourtant, je suis attentive à toute la beauté qui m'entoure.
Tout est blanc autour de moi. Le bleu du ciel est parti, laissant une buée opaque et morose recouvrir l'atmosphère. Je ne perçois que le silence, hormis quelques gouttes s'échappent des stalactites sous les toits. Parfois même, j'entends les plaintes mornes de quelques chiens errants, ou de pauvres gusses enfermés entre les quatre murs de leur niche, au fond des jardins couverts de tapis blanc. Les lueurs spectrales des véhicules qui circulent de temps à autre m'aveuglent, et je m'éloigne toujours plus.
Je parcours certainement un bon kilomètre, hautement perchée sur mes talons de quinze centimètres. Mes jambes sont gelées sous ma paire de collants fins, je ne rêve que de retrouver la chaleur d'un foyer. Mais hors de question que je fasse demi-tour. Quelques minutes plus tard, je crois que je suis assez loin.
Je décide, une fois abritée du vent par un arrêt de bus, de sortir mon portable de ma poche et déjà, le froid hivernal me glace le sang. Mes doigts prennent une teinte bleutée.
— Quelle idée de sortir le soir à cette période de l'année... Songé-je à voix haute sous forme de reproche.
Je ressors la conversation que j'ai avec Dimitri, puis après avoir hésité quelques secondes, plus par plaisir à relire ses précédents messages que par scrupule pour Shawn, je lui envoie un premier message :
Moi (texto) :
Bonsoir, Dimitri.
Je suis sortie.
Pourriez-vous me communiquer l'adresse ?
Diana (texto) :
Bonsoir princesse.
Notre lieu de rendez-vous se trouve au 23 Independence Street.
Moi (texto) :
Je vous remercie.
Diana (texto) :
J'ai hâte de voir votre visage d'ange.
Faites attention à vous.
Je n'ose répondre. Mes joues palissent certainement. Je garde mon portable en main pour appeler un Uber. Le chauffeur m'indique qu'il sera là dans à peine cinq minutes. Je ne pouvais pas être mieux servie.
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BOURREAU DES COEURS - TOME 1 - Le Bourreau
HorrorColorado. Le jour où Isabella se fait kidnapper et se retrouve dans une étrange demeure luxueuse avec d'autres femmes, sa vie bascule. Qui les a capturées ? Qui les retient prisonnières ? Et surtout, pourquoi ? Violent, psychotique et s'adonnant à...